Hasard ou coïncidence ? Il y a un an, Johannes Egger reçoit une proposition de rachat émanant d’un grand groupe pour son entreprise Espace Couvert (CA 2023 : 6,5 millions d’euros), une PME de 22 salariés spécialisée dans la location de chapiteaux et bâtiments temporaires démontables qu’il a fondée en 1998 à Reichstett. Le sujet alimente les repas de famille au point d’inciter Camille et Maxime, ses deux enfants, à se positionner pour reprendre le flambeau à la tête de la PME bas-rhinoise qui opère aussi bien dans l’événementiel qu’auprès des entreprises et des collectivités pour divers besoins de stockage.
Âgée de 28 ans, Camille aspirait justement à revenir en Alsace après avoir travaillé dans un cabinet d’audit financier à La Défense. De son côté, Maxime (33 ans), métallier sur mesure établi à son compte, commençait à sentir les prémices de la baisse d’activité dans le BTP. "C’était comme un alignement de planètes, du coup on y est allés", indique-t-il. Tous deux avaient déjà travaillé dans l’entreprise familiale, certains étés ou pendant la pandémie pour Camille, voire quelques années pour Maxime, en tant que responsable des stocks au sein du dépôt.
Création d'un comité stratégique
Depuis septembre, tous deux ont pris leurs nouvelles fonctions : Camille en tant que responsable administratif et financier et Maxime comme directeur technique. De quoi ravir le papa même s’il précise "avoir toujours voulu qu’ils trouvent leur propre voie. J’ai commencé tout seul il y a 25 ans et là, grosso modo, je ne peux plus faire ce que je veux".
"Si j’avais vendu la boîte, j’aurai eu l’impression d’abandonner mes salariés, poursuit-il, puis j’ai dit aux enfants : si vous venez, on fera ça correctement".
Ensemble, ils ont instauré un comité stratégique composé d’un coach, de leur expert-comptable et de Michel Bedez, fondateur de l’agence événementielle strasbourgeoise Passe Muraille, qu’il a cédé en 2022, et qui est un ami de la famille Egger.
"Le coach nous apprend à gérer notre relation en duo, voire en trio, et à bien communiquer avec les employés afin de trouver notre bon fonctionnement en termes de management", souligne Camille. "On se retrouve une fois par mois, on pose les problèmes qu’on rencontre et ils essayent de les résoudre avec nous. Moi je dois lâcher prise, eux doivent progressivement prendre leurs fonctions", justifie Johannes.
Redorer la marque employeur pour recruter de la main d’œuvre
Si aucune date butoir n’a été fixée quant à la passation de pouvoirs, la transition s’opère progressivement à la tête d’Espace Couvert. Camille et Maxime ont ainsi réalisé les entretiens individuels avec les employés. "On structure nos processus internes, on formalise notre communication et Camille anime les réunions commerciales sans moi. Je donne encore de temps en temps mon avis mais je sais qu’ils vont faire autrement. Et je suis d’accord qu’il faut faire autrement", reconnaît Johannes.
À court terme, une de leur mission consiste à recruter trois monteurs de chapiteaux et à rendre le métier attractif. Comment ? En développant la marque employeur d’Espace Couvert et en optimisant les plannings afin de tendre vers la semaine de quatre jours, ce qui n’entre pas forcément dans les convictions du patriarche habitué "à toujours beaucoup travailler".
"On n’est pas arrivés en se disant qu’on allait faire la révolution, précise Camille. On souhaite quand même assurer une continuité en termes de stratégie et de produit". Ceci dans l’optique de faire rimer transition et transmission.
