Chaque Thaïlandais gâche 254 kilos de nourriture par an. C’est à ce gaspillage que Central Food Group, la plus grande chaîne de supermarchés de Thaïlande, a décidé de s’attaquer. Dans le cadre de son engagement visant à réduire de 30 % les déchets alimentaires dans ses magasins, l’enseigne a noué un partenariat avec Smartway (ex Zéro Gâchis) pour tester dans cinq de ses magasins de la région de Bangkok le "Food Waste Management System" développé par la PME nantaise.
Cette suite de solutions fondées sur une intelligence artificielle permet aux équipes en magasin de détecter les produits en fin de vie, de les orienter vers la meilleure filière de revalorisation (remise, don…) en faisant le choix le plus profitable pour chaque produit et d’améliorer les process de commandes. "Notre plateforme permet réduire de 80 % le gaspillage alimentaire et d’améliorer de 50 % le résultat net des magasins qui en sont équipés", indique Christophe Menez, cofondateur et dirigeant de Smartway, aux côtés de son frère Paul-Adrien.
50 % du chiffre d’affaires à l’export
La PME d’une centaine de salariés a déployé cette plateforme dans plus de 2 000 magasins à travers le monde. Après la France, elle a pris pied dans 11 pays d’Europe. "Aujourd’hui, nous prospectons aux quatre coins du monde, essentiellement via des salons, pour gagner des clients partout où c’est possible", rapporte Christophe Menez. L’entreprise, qui réalise aujourd’hui environ 50 % de son chiffre d’affaires (non dévoilé) à l’export, entend accélérer à l’international, en privilégiant l’Asie. "La lutte contre le gaspillage alimentaire répond à de nombreux enjeux : environnementaux, sociétaux pour redonner du pouvoir d’achat, économiques, car le secteur du retail, après s’être pris de plein fouet l’inflation, recherche de la rentabilité. Or, la casse alimentaire peut effacer la marge des magasins", analyse le dirigeant.
Ce dernier a récemment échangé avec la ministre japonaise en charge de la consommation et de la sécurité alimentaire. "Le Japon, qui jette 5 à 6 millions de tonnes de déchets par an, s’est donné comme objectif de diviser par deux ce chiffre d’ici 2030, pour répondre à des enjeux de souveraineté alimentaire, dans un pays où l’autosuffisance alimentaire n’est que de 40 %. Cela nous ouvre d’autres perspectives", pointe Christophe Menez.
Renforcer l’impact chez le client
Outre le gain de clients, l’autre axe de développement de Smartway dans les années à venir porte sur le renforcement de l’impact chez le client par l’innovation. Dans ce but, l’entreprise s’apprête à lancer une solution permettant d’optimiser la gestion des produits frais, en commençant par les rayons fruits et légumes. "Ces rayons, stratégiques pour attirer les consommateurs, sont les plus complexes à gérer car les fruits et légumes sont vivants, ils ont une durée de vie courte, ils ne comportent pas de code-barres, donc les stocks et les ventes sont difficiles à suivre précisément. Notre outil permettra de mieux calibrer les commandes dans ce contexte", explique Christophe Menez. Smartway pourrait ensuite étendre cette solution aux rayons viande et poissonnerie.
