Sur les 12 mois écoulés à fin mai, la région Bretagne a enregistré 19 800 logements mis en chantier en moins par rapport à 2023, soit une chute de 19,6 %. Un moindre mal par rapport à la moyenne nationale, d’autant que le nombre d’emplois dans le secteur du bâtiment reste pour l’instant relativement stable, autour de 84 000. À l’occasion de sa venue à Brest le 15 juillet, le président de la fédération française du bâtiment (FFB) Olivier Salleron a martelé l’importance de redonner de l’oxygène à un secteur en perte de vitesse, en particulier sur l’édification de nouveaux logements. "La réalité des chiffres est tenace et ils indiquent que nous sommes au bord du précipice. Si rien n’est fait, nous allons voir disparaître dans les prochains mois 12 000 entreprises et près de 90 000 emplois à l’échelon national," estime le représentant professionnel.
Un prêt à taux zéro universel réclamé
Selon la Fédération française du bâtiment qui regroupe plus de 50 000 entreprises pour un chiffre d’affaires cumulé de 215 milliards d’euros et 1,2 million de salariés, environ 25 000 postes ont déjà été perdus entre les premiers trimestres 2023 et 2024, dont 16 200 salariés. Sur plus de16 000 défaillances d’entreprises enregistrées par le cabinet Altares au 2e trimestre 2024 (+ 23,4 %), bien au-dessus de la moyenne de 13 700 cas observée durant les deux dernières décennies, la maçonnerie a ravi à la restauration le fauteuil de leader. 850 entreprises sont tombées ce trimestre, c’est 38 % de plus qu’au cours du 2e trimestre 2023.
"L’hémorragie risque de s’amplifier rapidement " alerte Olivier Salleron qui, pour sortir de cette impasse, plaide pour engager des mesures d’urgence : établir un prêt à taux zéro universel pour relancer le marché du logement neuf, renouveler un dispositif d’incitation à l’investissement dans des biens locatifs avec notamment la mise en place d’un statut de bailleur privé, et enfin assouplir le dispositif zéro artificialisation nette aux réalités de chaque territoire. Des prescriptions largement admises par les professionnels bretons.
100 000 logements à construire en Bretagne
"Si nous sommes relativement préservés car situés à l’écart des grandes métropoles, les besoins sont criants sur notre territoire où nous manquons encore de 100 000 logements. Il faut agir vite car avec les délais d’instruction et les contraintes réglementaires, un projet qu’il soit public ou privé ne sort de terre qu’au bout de 7 ans en moyenne. Durant cet intervalle, on risque de bloquer l’arrivée de nouveaux résidents en Bretagne et ainsi toute la dynamique d’attractivité du territoire", souligne Stéphane Le Teuff, patron éponyme d’une société d’électricité à Lanester (Morbihan) et président de la section bretonne de la FFB.
Motif de consolation, les perspectives créées par les besoins en rénovation énergétique ouvrent une certaine visibilité au secteur, encore faut-il que les primes aux investissements soient stabilisées dans le temps. Elles offrent par ailleurs des perspectives d’emploi pour les années à venir. "Environ 10 000 postes restent à pourvoir chaque année sur notre territoire", évalue Stéphane Le Teuff. C’est ainsi que la FFB Bretagne projette l’ouverture à la rentrée 2024 d’un nouveau CFA à Loudéac pour y former environ 350 nouveaux apprentis aux métiers de transition dans le bâtiment.
