Comme un vélo a besoin de deux roues pour avancer, une entreprise peut avoir besoin de deux villes. La start-up nanto-lilloise Vebo a conçu un boîtier qui permet de transformer un vélo musculaire en modèle électrique. L’idée de ce produit a émergé dans le Nord, à la sortie de la crise du Covid-19. Elle a trouvé un soutien via Pulse On, une agence d’innovation nantaise spécialisée dans l’accompagnement de projets, et désormais associée au sein de Vebo. "L’accès à une mobilité douce doit être possible pour ceux qui ne peuvent investir des sommes importantes dans un vélo électrique neuf. Notre ambition est de rendre l’usager capable d’installer et d’enlever notre boîtier très facilement", résume Vincent Habart, l’un des quatre associés de Vebo, dont le premier modèle est vendu à 470 euros.
"Les phases de design et d’étude de distribution ont été réalisées. Nous allons dorénavant entrer dans une première phase d’industrialisation", détaille Grégory Delemazure, cofondateur de Pulse On et associé de Vebo. Pour ce faire, la société vient de lever 360 000 euros, via le réseau Initiative Hauts-de-France (Hodéfi), avec les banques la Nef, Nord Actif, ainsi que des investisseurs privés du Club Cigale. Une campagne de prévente va également être lancée dans les semaines à venir. "Notre premier boîtier peut équiper 85 % des vélos, soit presque tous en dehors de très grosses sculptures de pneus, et de modèles pour enfants", résume Grégory Delemazure. Vebo prévoit de fabriquer une première série de 600 pièces cette année.
La simplicité au cœur du modèle
S’inscrivant dans la tendance actuelle d’une fabrication low-tech, le boîtier Vebo possède peu de composants : une carte électronique, une batterie, et un moteur. "Ils sont tous accessibles. L’usager pourra gérer lui-même la réparation", ajoute Vincent Habart. La marque ambitionne de récupérer des moteurs auprès de fabricants de trottinettes en libre-service. Les batteries seront issues de l’usine de reconditionnement de VoltR, inaugurée en octobre dernier près d’Angers. Et pour les cartes électroniques, Vebo engage une production avec des bureaux d'études spécialisés en France. "Au départ, nous n’allons pas trop nous disperser. Mais à terme, le Vebo pourra être différent d’une région à l’autre, en fonction de nos fournisseurs et partenaires locaux", résume Vincent Habart.
Deux manufactures prévues à Lille et à Nantes
En limitant les composants, Vebo se veut moins cher, et moins à risque de panne que la concurrence. Sa simplicité rend aussi l’assemblage initial possible pour des non-experts. "Nous nous appuierons pour le montage sur des ateliers de réinsertion, des ESAT, et sur le réseau français des 500 ateliers de vélos participatifs et solidaires", prévoit Vincent Habart. Mais au-delà de ces fabrications solidaires, Vebo prévoit de s’industrialiser grâce à une manufacture partagée, ouverte à d’autres acteurs des mobilités alternatives, et en cours de création dans la métropole lilloise. Le Nantais Humbird a déjà montré son intérêt afin d’y fabriquer ses vélos-bus en bois à destination du nord de la France. Basée à près de Lille, Otwo Bike est également intéressé.
D’ici fin 2025, Vebo entrevoit une nouvelle levée de fonds, et la création d’une seconde manufacture, cette fois-ci à Nantes. "Nous visons un effectif de 12 personnes en 2025, notamment pour accroître notre développement territorial", projette Grégory Delemazure.
