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Pourquoi Tismail a séduit Decathlon et décroché le marché des chaussettes des JO
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Pourquoi Tismail a séduit Decathlon et décroché le marché des chaussettes des JO

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Fabricant de chaussettes depuis 1961, Tismail a décroché un partenariat avec Décathlon dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Et produira notamment les chaussettes portées par les 60 000 volontaires associés à l’organisation de l’évènement. Pour honorer cette commande, l’entreprise a mis en place de nombreux examens et a modifié son organisation.

Benoit Seguin est le PDG de Tismail, qui emploie 50 salariés dans l’Aube — Photo : David Bergelin - Tismail

Le fabricant de chaussettes français Tismail a été choisi par Decathlon comme partenaire pour les JOP Paris 2024. Depuis sa manufacture de 5 000 m² implantée à Troyes dans l’Aube, le groupe a produit les chaussettes des 60 000 volontaires de l’évènement, ainsi que les paires siglées Décathlon x Paris 2024, vendues pour 10 euros dans l’ensemble des magasins Décathlon français et sur le site e-commerce de la marque.

Fabricant haut de gamme pour sa marque La Chaussette de France, pour des marchés publics, pour la grande distribution et pour des enseignes spécialisées comme Le Slip français, Tismail (50 salariés) réalisait en 2023 en chiffre d’affaires de 6 millions d’euros. "Nous prévoyons une croissance autour de 6 à 7 %. Pour moitié grâce à notre marque et grâce à ce partenariat avec Decathlon", annonce Benoit Seguin, le PDG. Fondée en 1961, Tismail produit 10 000 chaussettes par jour et 3 millions par an.

Des critères de sélection rigoureux

En juillet 2021, Decathlon entame une tournée des fabricants. Parmi eux, Tismail. "Le partenariat a été très vite conclu : début 2022, Decathlon nous a proposé de faire l’ensemble des chaussettes des JO", se souvient le dirigeant. En 2020-2021, Tismail avait déjà investi plus d’un million d’euros pour moderniser son bâtiment et son outil de production, avec un renouvellement de 40 % de son parc machines. "Décathlon est arrivé dans une usine qui était déjà aux normes. Ce qui a fait la différence, c’est notre savoir-faire et notre qualité de production", lance Benoit Seguin.

Tismail a fabriqué les chaussettes des 60 000 volontaires des JOP de Paris 2024, ainsi que les chaussettes siglées Décathlon x Paris 2024 — Photo : Tismail

Dans son usine, Tismail compte notamment des machines à bouclette sélective, une technique de tricot permettant de fabriquer des chaussettes haut-de-gamme, avec de fines bouclettes. "Nous avons aussi été choisis parce que nous sommes les seuls en France à maîtriser cette technique", ajoute le dirigeant.

Une organisation modifiée

Une fois le contrat accepté, la production des chaussettes des JO débute en 2023 et dure une année. Pour le fabricant, plusieurs audits et examens portés sur la sécurité et la traçabilité s’enchaînent. "Nous avons mis en place des contrôles qualité à plusieurs niveaux, quatre à cinq fois par jour. C’était beaucoup d’énergie et d’investissement", poursuit Benoit Seguin.

Pour sécuriser la production, "nous avons dû mettre en place une organisation particulière, pour ne pas empiéter sur le fonctionnement de l’usine", décrit le dirigeant. Sur la base du volontariat, l’entreprise propose à ses salariés de travailler également le samedi matin, jusqu’à 13 heures L’ensemble des équipes a accepté la proposition. "Nous avons fabriqué plusieurs centaines de milliers de paires", évoque Benoit Seguin, qui souhaite rester discret sur le montant investi par Decathlon.

Un accord à plus long terme

"Nous avons conclu un accord avec Decathlon : si nous acceptions ce contrat, nous souhaitions continuer travailler avec eux après", explique Benoit Seguin. Sorti vainqueur de ces négociations, l’Aubois réalisera des chaussettes pour la collection Kiprun, spécialisée dans la course à pied. Tismail produit déjà un modèle pour Kiprun. Un deuxième devrait entrer en production d’ici l’automne 2024. "Jusqu’ici, nous produisions pour Decathlon à hauteur de 90 % pour les JO et 10 % pour Kiprun. Nous espérons tripler la part de Kiprun", anticipe le dirigeant.

Une ouverture de capital envisagée

Ce partenariat pourrait être un tremplin pour le fabricant aubois, qui envisage une potentielle ouverture de capital et l’entrée d’un groupe de textile français, qui pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année. Avec un objectif : "élargir notre offre", espère le dirigeant.

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