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"Pour une entreprise, avoir un DAF n’est pas une question de taille"
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Benjamin Barriol président de la DFCG Côte d’Azur "Pour une entreprise, avoir un DAF n’est pas une question de taille"

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Benjamin Barriol est contrôleur de gestion au sein du groupe Aqualung, acteur mondial historique de l’univers de la plongée, basé à Sophia Antipolis. Depuis 2022, il est également président de la DFCG Côte d’Azur qui regroupe 170 adhérents sur le territoire, tous profils confondus. L’association des directeurs financiers et de contrôle de gestion vient d’organiser son 13e Trophée Finance et Gestion. L’occasion de montrer une image plus moderne du métier.

jContrôleur de gestion au sein d’Aqualung, Benjamin Barriol est le président de la DFCG Côte d’Azur depuis septembre 2022 — Photo : Olivia Oreggia

En tant qu’acteurs de la finance d’entreprise, vous êtes aux avant-postes pour voir les effets de la conjoncture sur les entreprises de la Côte d’Azur. Qu’en voyez-vous ?

Aujourd’hui, il y a une forte hausse des défaillances d’entreprises. Avec l’inflation, la hausse des taux, l’économie reste difficile. Néanmoins, nous avons des ressources. Notre travail en tant que dirigeants financiers est d’apporter des solutions aux dirigeants de l’entreprise pour leur permettre de financer leur croissance, de trouver des solutions face à leurs difficultés économiques. Nous ne sommes pas là simplement pour "compter les morts" mais pour accompagner et aider au pilotage, voire être à l’avant-phase dès que l’on sent que les indicateurs commencent à être en tension. En fait, pour devenir un membre clé de l’organisation de l’entreprise qui a la responsabilité de ses finances.

Vous venez de remettre le 13e Trophée Finance et Gestion, avec des candidats aux profils très variés…

C’est en effet une impulsion que nous avons voulu donner à la DFCG Côte d’Azur. Nous n’avons pas voulu simplement récompenser le DAF d’un grand groupe ou d’une entité particulière. Il y avait 4 profils très différents : Céline Tobelaim, qui a remporté le Trophée, a intégré le groupe Ragni en 2022, elle a contribué à l’explosion de ses résultats. Stéphane Vedrenne représentait la Corse avec Sico Groupe. Et nous avions deux start-up, Osol, avec Enrique Garcia Bourne, et Silicon Mobility, avec Emmanuel Legrand, qui ont vécu des situations que beaucoup de DAF vivent et c’est important justement de montrer comment le directeur financier de ces entreprises-là a été capable d’apporter une pierre décisive à l’ensemble et a sûrement permis à l’entreprise d’arriver là où elle est.

Céline Tobelaim, DAF de Ragni, a remporté le 13e Trophée Finance et Gestion de la DFCG Côte d’Azur, devant Emmanuel Legrand (Silicon Mobility), Enrique Garcia Bourne (Osol) et Stéphane Vedrenne (Sico Groupe) — Photo : Lionel Bouffier - EyeCom

Avoir un DAF pour une entreprise n’est donc pas une question de taille, ce n’est pas réservé aux grands groupes ?

Surtout pas ! Il n’y a pas que les grandes entreprises qui ont le droit de cité. Parfois, le DAF d’une petite structure a un spectre de compétences extrêmement large, il n’a pas le choix, il doit savoir tout faire. Je ne minimise évidemment pas non plus son rôle dans un grand groupe qui fait face à d’autres problématiques. Mais je souhaite surtout montrer la diversité économique de la région qui est incroyable, allant du groupe coté à la start-up qui démarre. Nous avons tous ces profils parmi nos 170 adhérents et je veux les mettre en avant.

C’est quoi finalement un bon DAF ou un bon contrôleur de gestion ?

Quelqu’un qui n’est pas dans son bureau, qui comprend la stratégie, apporte un éclairage financier. Pour moi, le bon manager de finance est celui qui va vraiment devenir le copilote de l‘activité. Selon certains, il faudrait d’ailleurs trouver un nouveau nom que DAF car il y a besoin de rappeler que celui-ci n’est pas là que pour faire des déclarations fiscales et s’assurer que la comptabilité sorte à l’heure.

Trois des 4 candidats du Trophée Finance et Gestion ont les RH dans leurs prérogatives. Les chiffres et l’humain, ça va ensemble ?

Oui, l’humain mais aussi la responsabilité sociétale de l’entreprise, la RSE prend aussi une place prépondérante dans nos métiers. Un bon DAF ne peut pas être que la personne orientée sur Excel et sur les chiffres, il doit aussi comprendre l’humain car une entreprise est un organisme vivant, composé de gens qui ont des ambitions, des envies, des choix à faire. Il est polymorphe, il se doit de s’adapter à tous. Dans une entreprise de taille intermédiaire, il supervise tous les services administratifs.

Cela inclut donc la transition énergétique et écologique de l’entreprise ?

Oui, néanmoins, s’il n’y a pas de volonté de la direction générale de l’entreprise, on n’arrive à rien. Pour attirer de nouveaux talents et pour continuer à bénéficier de financements, les entreprises n’auront pas d’autres choix que d’aller dans cette direction-là. Réglementairement parlant, il y a une évolution, un "mur" d’innovations réglementaires qui fait que nous allons devoir fournir, au même titre que des états financiers, des états extra-financiers. Et nous devrons les rendre auditables. Et au-delà même de l’aspect communication, le marché risque de pénaliser les entreprises qui ne se seront pas mises dans cet esprit-là. Et quand vos clients se détournent de vous, l’entreprise perd littéralement sa raison de vivre.

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