Seule usine au monde à fonctionner sur de tels volumes (80 tonnes en 2023), Orano Melox (900 salariés) produit du MOX (mélange d’oxydes), un assemblage de combustibles recyclés qui fournit 10 % de l’électricité nucléaire en France. En lien avec les annonces d’Emmanuel Macron, qui a promis 6 nouveaux réacteurs pour relancer la filière française, le groupe Orano déploie à Melox le dispositif d’école des métiers qu’il construit dans chacune de ses usines. Et lève le voile sur ce nouveau campus, inauguré après 36 mois de travaux et de mise en place progressive.
Monter en compétences
Positionnée dans les installations de Melox, sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), l’école prend pied dans un complexe de 1 000 m2, bientôt complété par un deuxième bâtiment de 500 m2 livrable en 2025. Elle est conçue pour former jusqu’à 250 personnes par an aux métiers du MOX, parmi ses propres salariés ou ceux des sous-traitants, qui souhaitent se perfectionner ou acquérir de nouvelles qualifications.
"Notre ambition est de gagner en performance sur l’ensemble de nos métiers. Cette école nous permettra de renforcer la maîtrise technique de nos développements, mais aussi de bâtir l’aval de la filière nucléaire. Après les annonces de Bruno Le Maire (ministre de l’Économie, NDLR) cet hiver, la stratégie française du recyclage nucléaire est confirmée au-delà de 2040, jusqu’à la fin du siècle", resitue Nicolas Maes, directeur général d’Orano.
Réduire les temps de formation
L’école d’Orano Melox a nécessité 18,7 millions d’euros d’investissement, dont 4,6 millions cofinancés par le plan France Relance. Elle formera majoritairement aux métiers d’exploitation et de maintenance de l’usine. Le chantier, représentant 70 000 heures de travail, s’est réparti en quatre lots. Après la phase de génie civil, une deuxième tranche a vu la fabrication de 15 maquettes (sur un total prévu de 40), dont la plus grande dépasse 10 m : elles permettront aux salariés de s’exercer sur des équipements électromécaniques confinés dans des enceintes appelées "boîtes à gants".
"Une année complète de formation était jusqu’ici nécessaire pour préparer nos techniciens en boîtes à gants. Nous avons pu ramener ce temps de formation à 4 mois, moins d’un an après la mise en service progressive de l’école", se félicite Arnaud Capdepon, directeur d’Orano Melox, qui annonce un objectif de 10 000 heures de formation par an.
Renforcer la marque employeur
En plus des outils physiques, un troisième volet du chantier a permis de mettre en place des outils de réalité virtuelle et de réalité augmentée (40 maquettes numériques sont déjà livrées sur les 59 prévues). Enfin, le projet se traduit aussi par la création d’une équipe de 20 formateurs, qui ont obtenu une certification dans le cadre d’un parcours interne à Orano. Le groupe prévoit en effet de recruter environ 2 000 personnes en 2024, avec une perspective de 10 000 créations de postes à 10 ans selon Nicolas Maes.
"Un fort enjeu pèse sur notre marque employeur, c’est pourquoi nous enchaînons les campagnes sur les réseaux sociaux, la création de sites carrières, et les partenariats avec les écoles cibles dans la région", précise Hélène Derrien, DRH d’Orano. Le nombre de ces actions pédagogiques se monte à 200 à ce jour, en attendant les prochaines, que finalise le groupe.
