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Manoir Industries racheté par l’anglais Paralloy group
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Manoir Industries racheté par l’anglais Paralloy group

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Le tribunal de commerce de Paris a validé, jeudi 29 juin, la reprise du métallurgiste Manoir Industries par le britannique Paralloy group. L’État, la Région Normandie et EDF ont versé près de 13 millions d’euros d’aides pour boucler ce rachat. Avec cette acquisition, Paralloy Group vise une place de troisième acteur mondial dans le domaine des aciers spéciaux.

Manoir Industries est spécialisé dans la confection de pièces complexes dans le secteur du nucléaire, de la pétrochimie et de la défense — Photo : Julie Guesdon

Manoir Industries se relève. À Pîtres, dans l’Eure, le métallurgiste normand est officiellement devenu une société du groupe britannique Paralloy depuis le 21 juin dernier, après validation de l’accord de reprise prononcée par le tribunal de commerce de Paris. Manoir Industries, qui revendique une hausse de 40 % de son chiffre d’affaires en 2023 par rapport à l’année précédente, pour atteindre 86 millions d’euros, dont 84 millions réalisés sur son site historique, avait été mis en difficulté par défaut d’investissements de son actionnaire chinois.

En effet, en juin 2020, Manoir Industries avait été repris par le fonds d’investissement chinois CAM SPC, basé à Hong Kong. "Paralloy Group avait fait une offre, mais le tribunal de commerce avait préféré celle, plus élevée, du fonds hongkongais", détaille Ludovic Lambert, président de Manoir Industries depuis mai 2023.

Mais la réorientation stratégique du fonds d'investissement chinois ne porte pas ses fruits et Manoir Industries est placé redressement judiciaire en février 2021. L'actionnaire CAM SPC propose alors un plan de redressement avec un investissement de près de 50 millions d’euros sur trois ans pour moderniser les lignes de production, améliorer la productivité, diversifier l'activité, et renforcer les capacités commerciales de l'entreprise. "L’offre de reprise était de 48 millions d’euros, l’actionnaire a versé les 28 millions exigés à la reprise, puis plus rien depuis", déplore Ludovic Lambert.

Un fleuron de la métallurgie nucléaire

Le carnet de commandes de Manoir Industries est pourtant plein. Spécialisée dans la confection de pièces complexes dans le secteur du nucléaire, de la pétrochimie et de la défense, l’entreprise de métallurgie produit des aciers spécifiques qu’elle est la seule à proposer. "Nous intervenons sur toutes les branches du circuit primaire des centrales françaises et nous sommes moteurs dans le projet des EPR sur les trente prochaines années", détaille Ludovic Lambert.
"La défense et le nucléaire sont des secteurs porteurs pour l’avenir de Manoir, poursuit-il. Nous produisons des pièces qui vont aller au plus près du réacteur, mais aussi des éléments du canon César, tristement célèbre car c’est celui aujourd’hui déployé en Ukraine."

Le groupe produit également des fours destinés à la pétrochimie et notamment des systèmes conçus pour la séparation des différentes formes de plastiques, comme le vapocraquage qui permet la production d’éthylène ou des fours de reformage pour l’ammoniaque, le méthanol ou l’hydrogène. "Ce sont des systèmes prévus pour résister à différentes températures et pressions", explique Nicolas Ottenwaelder, directeur d’usine et de la supply chain à Pîtres.

Une multiplicité de savoir-faire et de capacités techniques qui attire les talents chez Manoir Industries. "Notre attractivité est très forte et nous permet de capter des profils métiers extrêmement intéressants", complète Frédéric Carpentier, directeur technique de Manoir. L’entreprise dénombre ainsi 200 fiches métiers pour 470 employés et forme principalement en interne, via l’alternance notamment.

Un co-financement privé-public et une baisse de loyers

Le sauvetage des 470 employés du site normand (430 employés permanents et une trentaine d’intérimaires) et des 60 employés du site britannique de Burton vient d’une opération financière conjointe entre investissements privés et aides publiques.

Dans le détail, en plus des 6 millions d’euros investis par Paralloy group, Manoir s’appuie sur un prêt du fonds de développement économique et social à hauteur de 6 millions d’euros, d’un prêt de la région Normandie de 3,5 millions d’euros et d’un prêt inter entreprise d’EDF de 3 millions d’euros. Des banques locales, et notamment le Crédit Agricole de Normandie, viennent financer 4,5 millions d’euros supplémentaires à titre de garantie.

La région Normandie et la communauté d’agglomération Seine-Eure s’étaient également engagées dans un projet de rachat foncier pour réduire "le loyer exorbitant de 1,7 million d’euros", rappelle Bruno Leroy, président de la communauté d’agglomération, que demandait le propriétaire des murs, un investisseur israélien. "La Région a fait une offre à 4 millions d’euros pour le rachat, mais c’est finalement un fonds américain qui a fait une offre à 16 millions d’euros et propose un loyer de 1,2 million".

Une nouvelle dynamique

"Ce rapprochement majeur nous permet d’entamer ensemble une nouvelle dynamique d’investissement, de croissance et de création de valeur, au bénéfice de nos deux organisations et de leurs employés", déclare Robert Mac Gowan, le PDG. de Paralloy group. Le groupe de 5 usines et 530 collaborateurs, qui revendique un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2023, vise ainsi le top 3 mondial de la métallurgie d’aciers spéciaux grâce à l’acquisition des entités Manoir Industries (dont le siège se trouve à Paris), Manoir Pîtres et High-Tech Fabrications (à Burton) au Royaume-Uni.

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