Manitou et Kiloutou dévoilent leur prototype de chariot télescopique électrique
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Manitou et Kiloutou dévoilent leur prototype de chariot télescopique électrique

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Le géant d’Ancenis et le troisième loueur européen de matériels professionnels travaillent ensemble depuis deux ans afin de mettre au point un chariot télescopique "rétrofit électrique". Ils viennent de dévoiler leur premier prototype, qui sera testé sur le terrain en septembre prochain.

Michel Denis (à droite), directeur général de Manitou, et François Renault, directeur matériel de Kiloutou, ont présenté leur prototype d’engin de chantier converti à l’électrique — Photo : Benjamin Robert

C’est un duo de titan. D’un côté, Kiloutou (7 000 salariés), qui a dépassé pour la première fois en 2022 le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires. De l’autre, Manitou (5 000 salariés), avec ses 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Le mastodonte d’Ancenis en Loire-Atlantique et celui de Villeneuve-d’Ascq (Nord) ont travaillé ensemble pour transformer un chariot télescopique thermique en version électrique. Le tout en gardant les mêmes performances sur un chantier, et en répondant aux mêmes normes de sécurité. Après deux ans de développement, elles viennent de dévoiler leur premier prototype. Manitou s’est chargé de mettre au point ce kit d’électrification répondant au cahier des charges partagé par Kiloutou. De leur côté, les agences Kiloutou intégreront le matériel converti à leur offre Impakt, dédiée aux motorisations plus respectueuses de l’environnement. "Nous obtenons les mêmes performances, notamment en termes de puissance de charges qu’avec l’engin thermique. Ce modèle devrait pouvoir tenir une journée de travail même avec des batteries en fin de vie", pointe Adrien Dufloer, responsable des études techniques au sein de Kiloutou.

En condition réelle dès septembre

Les deux entités sont actuellement à la recherche d’un troisième partenaire pour septembre. "L’idée est de pouvoir soumettre ce nouvel engin à des conditions d’utilisation réelles", souligne François Renault, directeur matériel et développement durable chez Kiloutou. Une fois sur chantier, les données seront alors remontées sur la tenue de la charge, les potentielles pannes, ou encore la facilité d’usage. Au-delà des performances, un point semble déjà acquis : les utilisateurs finaux de ces engins ne pourront qu’apprécier le silence de l’électrique sur plusieurs heures, par rapport aux moteurs thermiques.

Le chariot télescopique électrique présente les mêmes capacités que la version thermique — Photo : Benjamin Robert

Douze scénarios différents

Environ 50 personnes ont déjà travaillé sur ce prototype. Si le budget accordé au projet n’est pas dévoilé, celui-ci est inclus dans l’enveloppe de 57 millions d’euros investie dans la R & D en 2023 par Manitou. D’ailleurs, sur le terrain de la décarbonation, le groupe n’en est pas à son coup d’essai. Fin 2022, l’entreprise avait dévoilé son premier engin de chantier tournant à l’hydrogène.

Cette fois-ci, l’aspect rétrofit de ce nouveau projet induit d’autres avantages. "En plus de la baisse de l’empreinte carbone liée à la conversion électrique, l’engin voit sa durée de vie augmenter", se réjouit Adrien Dufloer. Mais le rétrofit induit aussi des contraintes. "Il serait plus simple de partir d’un véhicule neuf", pointe Michel Denis, directeur général de Manitou. Les deux entreprises ont dû travailler ainsi sur 12 scénarios différents concernant l’implantation du pack batteries, afin de maximiser son emplacement.

Un intérêt pour le thermique de demain

Ce développement et les savoirs qui en découlent ne vont pas servir qu’à la conception de véhicules rétrofit. "Je suis persuadé qu’engins thermiques et électriques cohabiteront plusieurs années, note François Renault. Aujourd’hui, on peut anticiper. Dans la conception de nouveaux engins thermiques, des réglages pourront être intégrés pour les convertir dans un second temps plus facilement". S’il est encore tôt pour se projeter sur les ventes de produits électriques, ils seront pour sûr plus chers que la version thermique. "Le coût d’exploitation pourra être en revanche moins cher, en fonction du prix et de l’origine de l’électricité", pointe Michel Denis. À ce jeu-là, Manitou, qui est présent dans 140 pays, pourra sans nul doute adapter son offre aux contraintes de chacun de ses marchés.

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