Voilà qui ressemble fort à un déploiement à grande échelle. La société girondine Enersoft, créée en 2016 à Eysines, vient de boucler une levée de fonds de 30 millions d’euros pour Greenspot, sa marque dédiée à l’installation et à l’exploitation de bornes de recharge pour véhicules électriques.
Elle a été réalisée auprès de la société d’investissement brestoise Épopée Gestion et de la société de gestion de portefeuille occitane OCCTE (basée à Toulouse).
Disposant aujourd’hui d’un parc installé de 1 000 bornes de recharge dont 40 % en Nouvelle-Aquitaine, la société de 7 salariés (pour un peu moins de 1,5 M€ de CA en 2023) a associé à ce financement le déploiement d’un second modèle d’affaires et l’objectif d’installer 8 500 bornes de recharge d’ici à 2030.
Son modèle historique lui permettait de vendre un package complet, des travaux d’installation à la fourniture des bornes jusqu’à leur exploitation, à l’exception de la fourniture d’électricité qui restait à la charge du client.
"Nous récupérons l’ensemble des recettes liées au trafic. En contrepartie, on signe un bail d’occupation auprès du propriétaire du terrain sur lequel le parking est installé et on reverse une redevance au titre des places réservées aux véhicules électriques."
Ce modèle initial, s’il continue d’être développé "en visant surtout les flottes de véhicules et les parkings d’entreprises" selon Pierre Liu, cofondateur et PDG de Greenspot, a semble-t-il trouvé quelques limites. "La grande distribution demande désormais à ce que nous investissions à leur place car ce n’est pas leur cœur de métier. Le marché n’est pas encore mature et c’est un risque qu’ils ne veulent plus prendre".
Greenspot proposera donc dans "plus d’une quinzaine de stations" dans l’ouest de la France d’ici au dernier trimestre 2024, son nouveau modèle, consistant à passer lui-même des contrats d’achats d’électricité qu’elle revendra au travers de ses bornes de recharge.
"Nous récupérons l’ensemble des recettes liées au trafic. En contrepartie, on signe un bail d’occupation auprès du propriétaire du terrain sur lequel le parking est installé et on reverse une redevance au titre des places réservées aux véhicules électriques", poursuit Pierre Liu.
Un modèle qui cible les villes moyennes
Cette offre "à géométrie variable" a une autre particularité : son business model a été imaginé en visant les villes moyennes, "principalement les zones commerciales urbaines et périurbaines. Nous avons écarté les grandes agglomérations car l’offre de transports publics y est plus développée. Nous nous sommes basés sur une statistique de l’Ifop parue en 2023, qui soulignait dans une grande agglomération comme Paris, que la voiture individuelle représentait 55 % des déplacements contre 86 % dans les territoires".
Par ce ciblage, Greenspot cherche aussi à anticiper la fin programmée des véhicules thermiques en 2035 en Europe. "On sait déjà que l’usage et la fréquentation des bornes seront plus importants dans ces villes moyennes, plus contraintes".
Se positionner sur une offre de "recharge de proximité", moins capitalistique que celle des concurrents comme le nordiste Electra ou les opérateurs historiques tels que TotalEnergies, permet enfin à la jeune entreprise de "s’affranchir de la puissance des bornes. Il y aura de la place pour tout le monde", termine Pierre Liu.
"Il y a 40 millions de véhicules en circulation et les études estiment qu’au moins 10 % de ce parc sera électrifié à horizon 2030. Pour pouvoir les servir, une directive européenne a imposé qu’il y ait dix points de charge par véhicule, soit 400 000. On est à 120 000 points installés aujourd’hui". De quoi affoler les compteurs de Greenspot, qui vise 70 collaborateurs et 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2030.
