Cap sur les Etats-Unis pour Stif : le groupe familial industriel angevin, basé à Saint-Georges sur-Loire, ouvrira en septembre son usine de San Antonio, au Texas. Stif y loue un local de 2 000 mètres carrés et va y employer une vingtaine de personnes. Il y investit environ deux millions d'euros dans l'outil industriel avec pour objectif de produire pour le marché américain des équipements anti-explosion pour les fabricants de "BESS", les systèmes de stockage d'énergie renouvelable par batterie.
Un marché récent et Tesla pour client
En premier lieu, c'est pour son client Tesla que le groupe angevin investit dans cette future usine à San Antonio. En effet, connu du grand public pour ses voitures électriques, le géant américain est aussi leader de la fabrication des BESS : des unités semblables à des containers qui abritent des batteries au lithium permettant de stocker l'énergie. Stif, qui a développé depuis quinze ans des systèmes anti-explosion de poussières pour l'industrie, a adapté sa technologie à la protection des BESS, avec une longueur d'avance. "Le marché des BESS a tout juste dix ans et celui de leur sécurité à peine trois ans, témoigne José Burgos, président de Stif. Il n'y avait pas de solutions dans ce domaine et nous avons une longueur d'avance, avec une offre basé sur un système de sécurité passive, que nous maitrisons pour l'industrie et que nous avons adapté aux BESS."
Une commande de 13 millions d'euros
Ce qui a convaincu Tesla, avec une commande de 13 millions d'euros pour cette année 2024, honorée actuellement dans l'usine angevine qui sera donc bientôt renforcée par une unité industrielle outre-Atlantique. Et Stif anticipe une augmentation des commandes, car son dirigeant angevin est confiant : Tesla, qui avait passé en début d'année une commande initiale de 10 millions d'euros pour 2024 avant de la renforcer de 3 millions d'euros quelques mois plus tard, pourrait bien demander au groupe angevin de lui fournir d'autres volumes de produits. D'autre part, si Tesla est le principal acteur de ce marché des BESS, avec 30 % des parts, il a également d'autres concurrents sur le continent américain que Stif aimerait bien convaincre.
Des investissements aussi dans l'usine chinoise de Stif
La stratégie du groupe est en effet simple. Actuellement, le marché est majoritairement concentré outre-Atlantique et en Asie, avec également quelques acteurs européens. Pour y répondre, Stif installe donc une usine au Texas, qui fabriquera aussi des équipements anti-explosion de poussières pour l'industrie, tout en se renforçant en Chine. "Tesla est pour nous une très belle carte de visite, assure José Burgos, pour vendre notre produit et pour rassurer sur notre capacité de production. Il fabrique ses BESS dans une usine en Californie et en implante une autre en Chine. Notre filiale chinoise a déjà entamé des discussions là-bas pour leur fournir nos solutions."
Stif possède déjà en Chine une usine de 2 000 mètres carrés. Elle fabrique entre autres des panneaux anti-explosion pour l'industrie. Le groupe investit environ un million d'euros pour renforcer son outil et lancer aussi la production de systèmes anti-explosion pour les fabricants de BESS. Il double cet été son parc de machines et va recruter une vingtaine de personnes pour parvenir à un effectif d'environ 50 collaborateurs. L'usine, installée à Suzhou, a déjà enregistré en début d'année une commande de 5 millions d'euros pour la fabrication de panneaux de protection contre les explosions des BESS de la part d'un important acteur local du marché, Sungrow.
Fort marché potentiel à l'échelle mondiale
Actuellement, les produits pour les fabricants de BESS sortent en effet de l'usine de Saint-Georges-sur-Loire. Ils sortiront donc très prochainement aussi du Texas et de Chine, à chaque fois pour un marché local.
La PME angevine a identifié de nombreux acteurs, américains, asiatiques mais aussi européens : ils se nomment entre autres Tesla aux Etats-Unis, Samsung ou LG en Corée du Sud, Sungrow en Chine ou encore Wartsila en Scandinavie.
"Nous discutons actuellement avec plusieurs fabricants de ce domaine en plein essor, indique José Burgos. Rien qu'en Corée du Sud, on estime le marché potentiel d'ici deux à trois ans entre 15 et 20 millions d'euros. D'ailleurs, nous construirons peut-être aussi une usine là-bas."
Un objectif de 80 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2027
Pour Stif, qui est entré en Bourse en décembre 2023, levant plus de 10 millions d'euros afin de se développer sur le marché des BESS, l'objectif affiché est ambitieux. L'an passé, le groupe a atteint 35,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance de 14 %, dont 31 millions d'euros réalisés à partir de son usine de Saint-Georges sur Loire. En 2027, José Burgos vise les 80 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cette année, Stif, devrait dépasser les 50 millions d'euros, dont la moitié réalisée avec les systèmes anti-explosion.
Des activités historiques pour l'agroalimentaire et l'industrie conservées
A Saint-Georges-sur-Loire où il emploie 130 personnes et s'est déjà renforcé de 12 collaborateurs depuis janvier 2024, le groupe a également réalisé des investissements : environ 2,5 millions d'euros pour réaménager le site, ajouter de nouvelles machines et recréer des espaces pour différents services, bureau d'études ou encore administration des ventes. Investissements qui viennent de s'achever et lui permettent de fabriquer des équipements anti-explosion pour les BESS tout en poursuivant la production pour ses marchés historiques : les godets et les sangles qui vont équiper les élévateurs qui transportent les ingrédients dans l'industrie agroalimentaire, et qui ont encore représenté 30% du chiffre d'affaires du groupe en 2023, les raccords de compression pour l'industrie, marché sur lequel il est leader européen et qu'il produit également en Chine, et les panneaux de protection contre les explosions en milieu industriel.
"Ce ne sont que des marchés de niche, indique José Burgos, sur lesquels nous sommes toujours très bien positionnés. Nous allons d'ailleurs sortir en fin d'année une nouvelle solution anti-explosion en milieu industriel, après trois ans de développement, de certification et de tests."
2 000 à 3 000 panneaux par semaine
Avec la production de systèmes pour les fabricants de BESS, le groupe accélère la cadence. Il fabrique actuellement 2 000 à 3 000 panneaux chaque semaine. " Nous avons le savoir-faire, indique José Burgos. En renforçant notre parc de machines, nous pouvons produire plus. Nous avons fait beaucoup de salons à l'étranger avec nos produits contre les explosion des BESS, avec lesquels nous avons pas mal d'avance, et nous voulons être numéro un sur ce type d'équipements de protection."
Parallèlement, le dirigeant dit rester attentif à d'éventuelles opportunités de croissance externe, cette fois dans la fabrication de solutions de sécurité active. Il souhaite également, pour 2025, disposer d'un site de test des produits anti-explosion. Actuellement, ces tests sont en effet réalisés par des sociétés extérieures. Les effectuer en interne permettrait à Stif de gagner du temps pour la certification de ses solutions.
