On l’appelle "éclairage biomimétique" ou "circadien", il reproduit la lumière du soleil, ses changements d’intensité et de couleur. "Plus orangé le matin et le soir, plus blanc à la mi-journée", détaille Manon Loustaou, cofondatrice de Libu. Avec Tinou Seguin, ils ont travaillé la question en parallèle de leurs études à Bordeaux avant de fonder leur start-up en 2019. "Nous sommes à l’interface entre éclairagiste et neurosciences", explique la jeune femme.
Salle de réunion, horaires décalés
Depuis 2022 ils commercialisent des plafonniers ou des lampadaires, fabriqués par des sous-traitants à Pessac (Gironde) et Ogeu-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), destinés au tertiaire. "Les salles de réunion sont souvent en second jour ou aveugles. Nous nous adressons aussi à ceux qui travaillent en horaires décalés, sachant qu’on différenciera ceux qui alternent horaires de jour et nuit de ceux qui font les 3x8 par exemple. Nous sommes aussi sollicités par les acteurs de la surveillance, qui passent la journée devant des murs d’écrans."
Libu leur promet - études à l’appui - moins de somnolence, un meilleur sommeil et 25 % de ressenti de stress en moins. Grâce à sa récente levée de fonds de 1 million d’euros, la start-up compte notamment ouvrir son spectre aux milieux plus complexes (entrepôts, grandes hauteurs sous plafond…).
La chronobiologie, une science récente
"La lumière est le premier facteur de synchronisation de l’horloge biologique. C’est par ce que l’œil perçoit que tout un tas de paramètres se calent, que des hormones se sécrètent, etc." Cette science du rythme biologique, la chronobiologie, "est un sujet récent à l’échelle de la science. Elle a une cinquantaine d’années." C’est ce qui explique qu''il y a encore beaucoup d’éducation à faire sur l’importance de la lumière au travail, là où l’acoustique, par exemple, est bien intégrée", explique Manon Loustaou.
Enedis, Suez, Colas…
Libu a déjà séduit de grands noms : Enedis, Suez, Colas, Capgemini… "Les grands comptes sont les entreprises qui s’engagent le plus pour la santé de leurs collaborateurs. Peut-être parce qu’ils ont eu davantage de pression." Le surcoût est estimé entre 15 et 30 % par rapport à un éclairage de qualité avec de la connectique. "Ce n’est donc pas tant une question de moyens que de sensibilisation", estime la dirigeante.
En France, Libu n’a "pas de concurrent". Dans le monde, "quelques entreprises travaillent sur le sujet aux États-Unis et dans les pays nordiques", assure Manon Loustaou.