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Législatives : ce que le RN, Nouveau Front Populaire, Ensemble, Horizons et LR proposent pour les entreprises
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Législatives : ce que le RN, Nouveau Front Populaire, Ensemble, Horizons et LR proposent pour les entreprises

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À la veille des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, les chefs de file des partis politiques et de coalition ont été auditionnés sur leurs propositions économiques par les organisations patronales (Medef, CPME et U2P). Voici leurs propositions pour les entreprises et sur le plan économique.

Assemblée nationale — Photo : Danielle Bonardelle

"Nous sommes là pour apprécier la solidité, la transparence et la cohérence des programmes et pour les confronter à nos priorités". Patrick Martin, président du Medef, a ouvert, aux côtés de ses homologues François Asselin de la CPME et Michel Picon de l’U2P, le bal des auditions des chefs de partis et de coalition, jeudi 20 juin salle Gaveau à Paris.

Après avoir alerté sur "plusieurs mesures proposées par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement National qui apparaissent inappropriées et même dangereuses pour l’économie française, la croissance et l’emploi", il s’est félicité de "la mobilisation totale de l’ensemble du monde entrepreneurial à la veille d’un moment démocratique charnière pour l’avenir de la France, l’avenir de son économie et l’avenir de ses entreprises", rappelant leur besoin de "compétitivité, de lisibilité et de stabilité".

RN, Nouveau Front Populaire, Ensemble, Horizons et LR sont venus ensuite présenter leurs programmes économiques devant un parterre de dirigeants d’entreprise.

Horizons : fixer un plafond de fiscalité

Leitmotiv de l’audition d’Édouard Philippe, le niveau d’endettement de la France. "On ne pourra pas être compétitif avec cette addiction à la dépense publique", s’est inquiété le président d’Horizons. "Le vrai moment dangereux, c’est quand on ne garantit plus à ses prêteurs et à ses partenaires que l’on est capable de tenir ses engagements".

L’ancien premier ministre appelle ainsi à un "programme de baisse réelle de la dépense publique", qui consiste à "contenir l’évolution de la dépense sociale" et à "trancher dans des politiques publiques qui coûtent cher et qui ne fonctionnent pas bien", citant notamment "le monde de la production et la politique du logement".

"L’État a besoin de se dégager de certaines actions"

Pour Édouard Philippe, "l’État a besoin de se dégager de certaines actions". Se rapprochant du gouvernement actuel, il a réaffirmé son souhait de maintenir en l’état la réforme des retraites et sa volonté de poursuivre une politique de l’offre, à l’image de celle mise en œuvre depuis 2014, "la plus pro-business que l’on a vu depuis longtemps". Partisan de ne pas augmenter la pression fiscale sur les entreprises au-delà d’un certain taux, il souhaite sur ce sujet établir une "règle ferme pour fixer un plafond assez bas". Plutôt que de relever le seuil du smic, il milite pour que les salariés soient associés à la valeur du capital créé dans l’entreprise "de façon plus systématique et incitative". Il appelle enfin à libérer du capital français pour investir dans les entreprises et en faire venir de l’étranger.

Nouveau Front Populaire : une relance keynésienne d’ampleur

Représentant le Nouveau Front Populaire, Eric Coquerel et Boris Vallaud veulent "retisser le modèle social" grâce au dialogue social. Et mettre en place une politique de la demande, soit "une relance keynésienne qui s’auto-finance avec le retour de la croissance". Cela passe par une abrogation de la réforme de l’assurance-chômage et par "une relance salariale massive". Boris Vallaud précisant à ce titre que le Nouveau Front Populaire "va compenser pour les PME le surcoût". Pointant la baisse de 2,5 % des salaires réels moyens depuis 2017, Éric Coquerel juge que "les entreprises ont tout intérêt à ce que les salaires augmentent". Il met en avant l’effet de levier immédiat sur la demande : "Migrer une partie des revenus vers les revenus du travail et les carnets de commande se rempliront".

"Les PME paient les impôts que les multinationales ne paient pas"

Parmi les mesures les plus emblématiques du Nouveau Front Populaire, le relèvement du smic à 1 600 euros, l’indexation des salaires sur l’inflation et l’expérimentation de la baisse du temps de travail pour les métiers pénibles. Boris Vallaud a appelé de ses voeux à plus de "justice fiscale" pour baisser l’impôt des PME. Il mise sur la création de "recette fiscales nouvelles", en faisant notamment payer aux milliardaires, aux grandes entreprises et aux multinationales. "Les PME paient les impôts que les multinationales ne paient pas", assure Boris Vallaud.

Rappelant que "223 milliards d’euros d’aide ou d’exonération aux entreprises quasiment sans conditions" ont été versés, il propose de "les réorienter différemment". "Nous prioriserons dans les aides de l’État les entreprises qui créent de l’emploi, qui augmentent les salaires, sous la forme d’un fonds, d’un crédit à taux nul".

RN : des hausses de salaires exonérées de cotisations patronales

Se référant aux 3 000 milliards d’euros de dettes de la France et aux déficits public et commercial "records", Jordan Bardella a insisté sur le souhait du Rassemblement National de "remettre de l’ordre dans le pays" et "dans les comptes publics", en baissant notamment les dépenses liées à l’immigration et la contribution française à l’UE. Ses premières actions ? Mener "un audit des comptes de la Nation" et des "états généraux de la simplification" et faire voter trois lois d’urgence sur la sécurité, l’immigration et le pouvoir d’achat. Cette dernière passe notamment par la baisse des factures d’énergie avec "une baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, le fioul, le carburant" et une négociation avec la Commission européenne "pour permettre à la France de retrouver un prix français de l’électricité".

"Jusqu’à 10 % de hausse exonérée de cotisations patronales"

Côté fiscalité, il entend poursuivre la baisse des impôts de production et s’engage à supprimer intégralement d’ici 2027 la CVAE, à "engager le chantier de la fin de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S)" et à "maintenir les heures supplémentaires défiscalisés". Il appelle également à la création d’un fonds souverain afin de flécher l’épargne vers l’économie réelle. Pour "répondre à l’impératif des salaires trop bas en France", il propose aux chefs d’entreprise de les augmenter librement "avec jusqu’à 10 % de hausse exonérée de cotisations patronales".

Sur la question des retraites, sans trancher réellement sur l’âge de départ, Jordan Bardella prône plus de justice sociale, avec notamment un départ à 60 ans pour les carrières longues.

Ensemble pour la République : disparition intégrale de la CVAE d’ici 2027

Alors que l’agence de notation S & P a dégradé la note de la France et que la Commission européenne a placé l’Hexagone en procédure de déficit public excessif, Bruno le Maire a rappelé s’être "engagé à redresser les comptes publics", tout en précisant que son gouvernement a dû faire face à des problèmes structurels majeurs – chômage de masse, fiscalité pénalisante, désindustrialisation, financement du modèle social…

Grâce à la politique de l’offre menée depuis sept ans, le ministre de l’Economie s’est néanmoins félicité d’avoir réussi à "maintenir et à augmenter l’attractivité de la France". Souhaitant aligner les impôts de production au niveau européen, voire au niveau mondial, il assure que "la CVAE doit avoir disparu d’ici 2027 pour soutenir l’industrie". "Il n’y aura pas de hausses d’impôt", a-t-il ajouté.

"Il faut rouvrir la négociation de contrats avec EDF car le prix de sortie n’est pas suffisamment compétitif pour les industries françaises"

Interrogé sur les tarifs de l’électricité, il appelle les Français à "ne pas tomber dans le panneau du RN" et consent qu’il faut "rouvrir la négociation de contrats avec EDF car le prix de sortie n’est pas suffisamment compétitif pour les industries françaises". Fustigeant un éventuel "retour en arrière" sur la réforme des retraites, il alerte sur le risque d’un appauvrissement du pays : "Là où le monde travaille plus, nous allons travailler moins, donc la conséquence sera l’appauvrissement des plus modestes". Il a enfin formulé un "mea culpa" sur le logement -"Soyons honnêtes, nous n’avons pas fait assez", a-t-il admis. Et indiqué qu’il en ferait "une grande cause nationale" dès le 8 juillet prochain "lorsque nous aurons gagné les élections législatives".

LR défend un changement radical de modèle

"Reconstruire une prospérité collective". Déplorant les "deux déficits siamois" – budgétaire et commercial –, Bruno Retailleau réclame d'"arrêter de mentir aux Français : la dépense publique ne fait pas la croissance". Le président du groupe Les Républicains au Sénat appelle au "social-étatisme", soit à plus de croissance, via une politique de l’offre et à moins de dépenses. Et de lister, pour relancer la compétitivité, l’énergie, les impôts, les normes, la recherche et développement, "sans toucher au crédit d’impôt recherche" et des actions sur l’offre de travail en termes de quantité et de qualité. "Il faut déverrouiller encore plus les 35 heures, la défiscalisation des heures sup', le rachat des RTT…" liste-t-il.

"Il nous manque trois semaines de travail par an par rapport à nos partenaires européens"

Reprochant le coût du travail "astronomique" en France, "associé à un manque de qualification de la population", il blâme l’école de la République et la formation professionnelle. "Il nous manque trois semaines de travail par an par rapport à nos partenaires européens", a-t-il fustigé, citant les "bonimenteurs" de la retraite à 60 ou 62 ans, des 35 heures et de la semaine de quatre jours. Il souhaite également réviser la réforme de l’assurance-chômage et créer une "allocation unique pour qu’il y ait un écart entre le revenu de l’assistance et le revenu du travail". Enfin, pour "dégager des marges de manœuvre" et freiner les dépenses publiques, il appelle à un "changement radical de modèle" et à deux réformes massives. Une réforme du modèle social et une réforme de l’État qu’il qualifie de "bureaucratisé", avec, dans le viseur, 100 milliards d’économies sur cinq ans.

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