Le vendéen Interplume se pare des trackers solaires du breton Okwind
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Le vendéen Interplume se pare des trackers solaires du breton Okwind

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La société vendéenne Interplume a investi 1,2 million d’euros pour installer 17 trackers solaires et alimenter en énergie ses installations, où elle valorise les plumes et duvets de canard issus de l’industrie agroalimentaire. Ces trackers, fabriqués par la société bretonne Okwind, revendiquent des rendements 70 % plus élevés que des panneaux photovoltaïques fixes.

Jean-Philippe Catusse, président d’Interplume, a investi plus d’un million d’euros pour installer 17 trackers solaires — Photo : Benjamin Robert

Vu la météo de ce mois de mai, ce n’était pas gagné. Mais Interplume a tout de même eu le droit à du soleil pour inaugurer son nouveau parc de trackers solaires. Basée à Sainte-Hermine en Vendée, la société (30 salariés, 11 M€ de CA) est spécialisée dans le traitement des plumes et duvets de canard issus de l’industrie agroalimentaire. En fonction de leur calibre, ceux-ci sont utilisés dans les secteurs de la chimie fine, de l’industrie pharmaceutique, de l’ameublement, ou encore du textile. Et pour mieux répondre à ses besoins énergétiques, Interplume se pare de 17 trackers solaires, provenant de la société bretillienne Okwind (230 salariés, 83 M€ de CA) et qui ont nécessité un investissement total de 1,2 million d’euros. "Nous travaillons à 85 % à l’export. Nous devons montrer patte blanche sur la manière dont nous travaillons pour nos clients étrangers, et cela inclut une manière de produire respectueuse de l’environnement, avec une énergie décarbonée", justifie Jean-Philippe Catusse, président d’Interplume.

Le site d’Interplume possède des trackers solaires qui suivent la courbe du soleil, et alimente les infrastructures en énergie — Photo : Benjamin Robert

70 % de rendement supplémentaire

Plusieurs dossiers ont été étudiés avant qu’Interplume ne fasse le choix de sa compatriote de l’Ouest. Par rapport à une installation fixe, les trackers solaires ont l’avantage de suivre le mouvement du soleil afin de maximiser leur efficacité. De plus, les panneaux d’Okwind sont équipés d’une technologie biface, qui récupère l’énergie des rayons du soleil reflétés par le sol et qui augmente le rendement énergétique des trackers. La société bretonne revendique ainsi 70 % de rendement supplémentaire par rapport à une installation photovoltaïque fixe. Hauts de 7 mètres, ces trackers aux allures de grands tournesols ont aussi l’avantage de laisser la surface foncière libre pour y mettre d’autres installations, comme des tables de pique-nique pour les salariés, ou des plantations. Petit bémol, le choix des trackers, à la place d’installations solaires classiques ou même de technologies éoliennes, limite les possibilités de subventions.

"Nous n’avons eu aucune aide de l’État français"

En cause un point de réglementation, qui impose d’être positionné et rattaché à un bâtiment statique.

Interplume produit environ 1 250 tonnes de plumes et duvets à l’année, pour un chiffre d’affaires de 10 à 12 millions d’euros — Photo : Benjamin Robert

Des panneaux dédiés à la station d’épuration

Au total, 11 trackers alimentent l’usine d’Interplume, et 6 autres fournissent la station d’épuration de l’entreprise, qui récupère la totalité des eaux de l’usine nécessaires au lavage des plumes. Il faut dire que le site est très consommateur avec un volume journalier d’environ 1 000 m3 d’eau. Grâce à cette station d’épuration, plus de la moitié de ce volume d’eau est récupérée pour servir à nouveau au processus de lavage des plumes, le reste allant irriguer les champs des agriculteurs autour du site. À ce jour, les trackers solaires fournissent à l’entreprise près de 3 millions de kWh, ce qui permet de couvrir 20 % des besoins de l’usine et 34 % des besoins de la station d’épuration. "Nous n’avons pas vocation à devenir un producteur d’énergie. L’électricité produite sert uniquement à nos besoins", affirme le président.

Un pilotage par intelligence artificielle

Okwind et Interplume souhaitent aller plus loin ensemble. Les deux sociétés ont établi un contrat de pilotage des trackers solaires par intelligence artificielle (IA). Une phase d’instrumentation a débuté pour récupérer des données de fonctionnement des trackers durant 6 mois. "Après avoir étudié les données, l’IA pourrait permettre de décaler les processus industriels, pour que la consommation d’énergie du site soit en phase avec la production", explique Sylvain Girard, chef de marché chez Okwind. Voici pour la théorie.

Dans la pratique, l’IA s’appliquera bien à la station d’épuration, dont 50 % des besoins pourraient être couverts. Mais pas à l’usine d’Interplume. "Nous travaillons en 3x8, et en décalage par rapport aux abattoirs, pointe Jean-Philippe Catusse. Notre pic de production est la nuit, et nous ne pourrons pas modifier notre manière de travailler".

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