Vous dîtes que le RN et le NFP sont dangereux pour l’économie. Pourquoi ?
Le Rassemblement National (RN) et le Nouveau Front Populaire (NFP) parlent des dépenses mais n’évoquent jamais les dépenses publiques. Pourtant, le déficit public de la France s’élève à plus de 5 % du produit intérieur brut. Et je rappelle que les dépenses des administrations publiques françaises représentent 58 % du PIB. La moyenne européenne est près de 10 points en dessous. Cela veut dire que nous avons déjà entre 200 et 300 milliards d’euros de dépenses publiques en trop. L’État est mal géré. S’il était géré comme une entreprise, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
Quelles mesures précises représentent un risque économique ?
L’augmentation des salaires et l’abrogation de la réforme des retraites. Ces dernières années, avec l’inflation, le Smic a été revalorisé de 15 %. Beaucoup d’entreprises ne pourront pas faire face à une nouvelle hausse des salaires. Au Medef, nous avons fait une estimation : une entreprise avec 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires et 34 salariés, si elle doit faire face à une hausse de salaire de 10 %, elle perd immédiatement 70 000 €. Avec l’inflation, les entreprises ne peuvent pas reporter cette hausse sur le client. Cela veut dire réduction des marges et, pour certaines d’entre elles, la mort. Avec à la clé une montée en flèche du chômage. Les programmes du Rassemblement National et du Nouveau Front Populaire sont idéologiques et non pragmatiques. Ils sont déconnectés de la réalité.
Quelles conséquences leur victoire pourrait avoir ?
Ce serait gravissime pour la France. Les taux d’intérêt des emprunts vont augmenter de 3-4 % à 9-10 %. Plus aucun citoyen ne pourra s’acheter une maison. L’autre vrai danger, c’est de faire fuir les investisseurs. Dans la région Hauts-de-France, il est légitime de se demander si les gigafactories vont continuer à investir si elles sont massivement taxées et si elles ne peuvent pas compter sur la rentabilité estimée. 20 000 emplois sont en jeu. Ce n’est pas crédible et sérieux sur le plan international. Le manque de visibilité et de lisibilité de ces partis politiques sur le plan économique a atteint un degré que je n’ai jamais connu en 20 ans de Medef. Cela crée une véritable inquiétude chez les dirigeants d’entreprise.
