Smartskin veut prendre les vents porteurs du secteur vélique. Ce projet naissant travaille sur un revêtement, rempli de micro-capteurs contenant des poils microscopiques, qui analyse les écoulements de l’air à la surface d’un objet. La technologie délivre ainsi des données qui peuvent servir à optimiser l’efficacité d’une voile sur un bateau, ou encore le profil d’une pâle d’éolienne. "Ces paramètres sont évalués de deux façons aujourd’hui. Soit dans des bassins avec des souffleries, mais cela induit des maquettes à échelle réduite et donc des biais lors du passage à l’échelle. Soit par simulation numérique, mais cela reste des équations, ce qui diffère des conditions de terrain. L’atout de notre solution est de pouvoir mesurer ce qu’il se passe, en condition réelle et à taille réelle", explique Loïc Mazas, responsable R & D de l’entreprise nantaise l’Hydroptère 2.0. La naissance de ce projet vient justement de la rencontre entre les équipes de l’Hydroptère 2.0, et celles de l’Institut d’électronique et des technologies du numérique (IETR). "J’avais à cœur de sortir nos innovations du laboratoire pour les orienter vers le monde économique", témoigne Maxime Harnois, chercheur à l’origine de la technologie au sein de l’IETR.
Du laboratoire à une future entreprise deeptech
Ce projet vise aujourd’hui à devenir une entreprise. Si les statuts n’ont pas encore été officiellement déposés, cela devrait être fait dans les mois qui viennent. En attendant, Smartskin cherche des financeurs, car elle aura besoin d’investir plusieurs millions d’euros pour parvenir à une solution commercialisable entre 2026 et 2027. Les financements pourront venir de fonds, ou encore de potentiels futurs clients ou industriels qui souhaitent investir dans la structure.
"Notre marché est sans aucun doute mondial", appuie Gabriel Terrasse, fondateur de l’Hydroptère 2.0 et troisième personne impliquée dans ce projet. L’entrepreneur avait justement ramené ce trimaran mythique d’Hawaï à Chantenay en 2023, afin d’en faire un véritable laboratoire à ciel ouvert. Smartskin devrait ainsi devenir le premier spin-off de l’Hydroptère. "Nous avons vu que nous pouvions répondre à un vrai enjeu de captation des écoulements", note Maxime Harnois. Il n’y a actuellement sur le marché aucune solution multi-capteurs, déployable sur plusieurs mètres carrés comme celle de Smartskin. "De plus, nous pouvons nous adapter à la morphologie du revêtement à recouvrir", poursuit le chercheur. Afin de développer l’aspect business, le projet a fait partie de la dernière promotion d’Eco Innovation Factory, le programme d’incubation d’Atlanpole.
Le vélique avant les éoliennes
Après plusieurs entretiens et prospections, la future entreprise ambitionne de débuter par le secteur vélique, un domaine en plein essor à Nantes et dans la région. "Le marché est naissant est reste plus souple que le secteur éolien pour obtenir une première preuve de concept grandeur nature", détaille Gabriel Terrasse. Pour autant, des acteurs de l’éolien ont aussi montré leur intérêt. Mais au-delà d’un gain de rendement, le secteur est plutôt à la recherche de données afin d’optimiser les temps de maintenance des éoliennes, et ainsi induire des économies. Là encore, sans aucun doute, un marché avec une portée mondiale.
