Yann Daniel est le nouveau directeur de la corderie Lancelin, basée d'Ernée (Mayenne). Diplômé en Management de business units et en mécanique et automatisation industriel, le dirigeant de 45 ans a travaillé vingt ans dans l'industrie automobile puis maritime. En Vendée, il a dirigé l'usine Bénéteau de Noirmoutier, fermée après le Covid, avant de rejoindre l'entreprise allemande HanseYachts AG pour la marque Privilège Marine aux Sables-d'Olonne (revendue depuis).
Doubler la production en trois ans
Son recrutement intervient après le rachat de l'entreprise familiale Lancelin, sans ses filiales en Océanie, par le groupe Samson Rope Technologies en février dernier. Les objectifs du nouveau directeur sont en phase avec les projets du groupe américain : développer ses différents marchés sur le sol européen.
"L'objectif est de doubler la capacité de production du site Lancelin en trois ans, annonce Yann Daniel. Cela signifie que nous allons embaucher 25 à 30 personnes, essentiellement sur le savoir-être : nous développerons les compétences en interne."
Lancelin emploie actuellement 43 personnes à Ernée pour un chiffre d'affaires de 7,7 millions d'euros en 2023. Sa production de cordage est essentiellement orientée dans la fibre nautique. "Or avec 90 % de l'activité pour les bateaux de plaisance, cela représente des commandes très saisonnières et très cycliques. Face à l'inflation, la diversification est une manière de sécuriser la production et le site", insiste Yann Daniel.
Viser les marchés de la défense et des bateaux de travail
Lancelin va donc déployer sous sa marque les technologies du groupe Samson Rope Technologies pour différents marchés. Des négociations sont en cours avec des acteurs du secteur de la défense. Il s'agit d'un marché que l'entreprise cherche à pénétrer depuis longtemps du fait de la proximité des bases de la marine militaire à Brest, Lorient ou encore Cherbourg. "On parle ici de cordages techniques et très gros, donc à forte valeur ajoutée", indique le directeur.
Comme le fait son nouvel actionnaire américain, Lancelin va aussi chercher des commandes du côté des grands ports européens. À Amsterdam ou Le Havre, l'idée est d'équiper les bateaux de travail tels que les remorqueurs. Les bateaux de pêche font aussi partie des cibles.
Des commandes seront également recherchées auprès des gestionnaires de forêts pour sécuriser les découpes d'arbres. "Il y a surtout un gros marché en Allemagne", indique Yves Daniel.
Des technologies pour remplacer l'acier
Au carrefour des ports de l'ouest de la France, de la Manche et de l'Atlantique, l'entreprise d'Ernée profite d'une solution idéale, remarque le nouveau directeur : "Nous sommes capables d'envoyer par camions des bobines de 100 ou 1 000 mètres de cordage en camions. La spécificité du site, c'est aussi de pouvoir fabriquer des cordages à l'infini, sans limite de distance, grâce à des microsoudures des fibres."
Dans un deuxième temps, "d'ici deux ans", Lancelin devrait accélérer sur les marchés des éoliennes, des énergies en mer et des plateformes maritimes. "Nous voulons nous développer dans tout ce qui est activité de levage, et pour tous métiers et structures où nous pourrons remplacer les câbles en acier par nos cordages", explique Yann Daniel. L'entreprise mayennaise devrait d'ici là profiter aussi des innovations en cours de conception chez Samson Rope.
Une présence à Paris 2024
Avant d'entrer dans le vif du sujet, le nouveau directeur et ses équipes pourront profiter des événements de leurs clients. Tel que le parc de loisirs vendéen Puits du Fou et ses spectacles vivants à grande échelle. Ou encore les Jeux Olympiques : Lancelin va déployer des cordages avec fibre intégrée, comme la PME l'avait fait lors de la Coupe du Monde de Rugby en 2023. Mais cette fois-ci "sur plusieurs kilomètres". Pour Paris 2024, Lancelin va aussi "équiper des plateformes sur la Seine".