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Le nantais Enerdigit lève 40 millions d’euros pour raccorder des batteries XXL au réseau électrique
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Le nantais Enerdigit lève 40 millions d’euros pour raccorder des batteries XXL au réseau électrique

Spécialiste de l’effacement électrique, Enerdigit vient de lever 40 millions d’euros pour développer une seconde activité en parallèle : piloter des batteries XXL raccordées au réseau électrique. Elles stockeront de l’énergie lors des creux de consommation, et libéreront cette électricité lors des pics de consommation. Une première batterie est déjà en fonctionnement sous le pont de Cheviré à Nantes.

Bénédicte Pléau, dirigeante d'Enerdigit, Pierre Champeix, ingénieur projet stockage, et Matthias Moreau, ingénieur commercial, se réjouissent de la mise en place de la première batterie d'Enerdigit, sous le pont nantais de Cheviré — Photo : Enerdigit

Avec une telle somme, Enerdigit devrait avoir assez d’énergie dans ses caisses pour concrétiser ses ambitions. L’entreprise nantaise vient de lever 40 millions d’euros, avec d'une part 20 millions d'euros auprès de fonds, tels que Ring Capital, un fonds français spécialisé dans les entreprises à impact, de Bpifrance, et d’Océan Participations (Crédit Mutuel), qui était déjà au capital. Le tour de table est complété par 20 millions d'euros en dette. Aucun fonds ne devient majoritaire. L’entreprise ambitionne d’installer une vingtaine de grosses batteries sur le territoire national et de les raccorder au réseau électrique d’ici deux ans. "L’objectif est de stocker de l’électricité lors des périodes de creux de consommation, puis de restituer cette énergie lors des pics de consommation", établit Bénédicte Pléau, fondatrice et dirigeante d’Enerdigit.

"L’avantage des batteries est de passer de zéro à pleine puissance en quelques millisecondes"

En effet, le réseau est soumis à des pics entre 8 heures et 9 heures le matin, et vers 18 heures le soir. Ces batteries, qui devraient ensemble compter pour 40 MW de puissance, viseront à réguler le réseau. "Nous vendrons ces services de stockage à RTE (Réseau de Transport d’Électricité, filiale à 100 % d’EDF, NDLR), souligne Bénédicte Pléau. L’avantage des batteries est d’être très réactives, et de pouvoir passer de zéro à pleine puissance en quelques millisecondes".

La batterie sous le pont de Cheviré est équipée de 8 racks de batteries d’une capacité unitaire de 372,7 kWh — Photo : Enerdigit

Une expertise dans le pilotage des batteries

Une première batterie d’une puissance de 2 MW a déjà été installée à Nantes, sous le pont de Cheviré sur une dalle d’environ 200 m². Elle fonctionne depuis quelques semaines. C’est la société quimpéroise Entech (175 salariés, 45,5 M€ de CA en 2024), qui a fourni ce premier modèle de 2 MW. Cette dernière affiche son ambition sur le marché du stockage d’énergie par batteries. De son côté, Enerdigit apporte son savoir-faire en termes de logiciels et d’algorithmes pour piloter la charge et la décharge des batteries. Il faut dire qu’Enerdigit ne débute pas dans ce type de solutions, puisqu’elles seront similaires à celles que l’entreprise développe dans son activité historique qu’est l’effacement électrique. Il s’agit de proposer aux industriels une rémunération, avec une part fixe et variable, et en échange ils aident le réseau en coupant leurs machines en cas de pics de consommation trop importants.

Une montée en puissance avec les énergies renouvelables

Le modèle économique d’Enerdigit repose en partie sur un appel d’offres annuel émis par RTE, qui finance les forces d’effacement en France. Avec aujourd’hui 22 salariés, Enerdigit prévoit un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros en 2024. "Nous avons des recrutements prévus pour développer notre activité de stockage, mais aussi pour l’effacement qui tourne à plein régime. Si aujourd’hui l’effacement représente quasi-100 % du chiffre d’affaires, les deux activités devraient représenter, à terme, chacune un chiffre d’affaires d’un ordre de grandeur similaire", prévoit Bénédicte Pléau. Il faut dire que le sujet de l’équilibre du réseau électrique devrait monter en puissance dans les années à venir. Surtout avec l’arrivée des énergies renouvelables qui sont intermittentes. "Leur intégration induira à l’avenir des besoins de stockage supplémentaires", prédit Bénédicte Pléau.

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