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Le groupe Colart prévoit d’investir 8 millions d’euros au Mans dans son usine de production de peintures
Le Mans # Chimie # Investissement industriel

Le groupe Colart prévoit d’investir 8 millions d’euros au Mans dans son usine de production de peintures

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Le groupe anglais prévoit de décarboner fortement ses activités. Ces dernières années, le site sarthois est devenu le navire amiral du numéro un mondial pour les fournitures de beaux-arts, avec des marques de peinture comme Lefranc Bourgois ou encore Charbonnel.

Thierry Collot, directeur de l’usine Colart du Mans jusqu’en 2024 : "Nous voulons conditionner nos peintures dans des bouteilles de plastique recyclé." — Photo : Frédéric Gérard

Propriétaires des marques d’expression artistique Charbonnel, Conté à Paris ou encore Liquitex, le groupe Colart prévoit d’investir plus de 8 millions d’euros d’ici 2030 pour décarboner son activité dans son usine du Mans, qui fabrique de la peinture pour le marché des beaux-arts. "Les études sont en cours pour évaluer à la fois les coûts et l’intérêt de ce positionnement", indique le directeur Thierry Collot.

Ce montant va permettre d’installer des ombrières photovoltaïques ou encore un système de chauffage plus économe. Le groupe anglais veut atteindre 45 % d’énergies renouvelables utilisées d’ici 2030. L’objectif porte aussi sur une réduction des consommations d’eau, de 20 % d’ici l’an prochain. Mais pour l’image de ses marques phares, Lefranc Bourgeois en tête, c’est surtout à la composition de ses peintures que l’entreprise travaille.

Des matières d’origine végétale

Les laboratoires de l’usine Colart cherchent notamment des substituts aux matières dangereuses. Depuis 2017, le cadmium, un métal toxique pour la santé et l’environnement, est progressivement remplacé afin de répondre aux nouvelles réglementations. L’usine du Mans avance aussi sur l’utilisation de résines "retravaillées chimiquement avec des matières d’origine végétale", indique le directeur. Les résines, qui constituent "les trois quarts du contenu des pots de peinture", étant mélangées aux pigments pour élaborer la texture de peinture souhaitée. "On essaie de réduire la part des hydrocarbures", résume Thierry Collot. Ces recherches "coûtent très cher" au regard des 2 500 références de couleurs à recomposer tout en conservant les mêmes propriétés de viscosité et de temps de séchage.

L’usine du Mans, fabricant historique de la marque Lefranc Bourgeois créée en 1720, veut supprimer les matières dangereuses et polluantes des compositions de ses produits — Photo : Frédéric Gérard

Des bouteilles en plastique recyclé

Même démarche pour les contenants. "Nous voulons d’abord conditionner nos peintures dans des bouteilles en plastique recyclé. Après on verra. On ne peut pas se permettre de pénaliser notre compétitivité, même si nous faisons du haut de gamme, même si les ventes se sont développées depuis le Covid", insiste Thierry Collot. "Nous ne pouvons ignorer face à nous des chaînes de discount qui commercialisent des produits d’importation pour lesquels il n’y a aucune préoccupation sociale ou environnementale. Comme tout marché, les ventes de peintures sont soumises à l’inflation, et on ne peut ignorer ces segments, même de qualité inférieure", affirme le directeur.

Le Mans, usine centrale pour l’Europe

L’usine de 22 000 m2 a connu "une accélération des investissements ces dix dernières années", souligne Thierry Collot pour devenir le site central en Europe des couleurs de Colart, propriété du groupe suédois Linden. La hausse des volumes produits au Mans (6 millions de litres par an) a permis d’investir "entre un et deux millions d’euros sur cinq ans, de 2019 à 2024, dans de nouvelles lignes de conditionnement et un nouveau mélangeur de 7 500 litres qui est sans doute le plus grand du marché pour des couleurs produites de manière artisanale", retrace le directeur.

Le mélangeur de 7 500 litres, "sans doute le plus important du marché des peintures artisanales", représentait le dernier gros investissement de l’usine Colart du Mans — Photo : Frédéric Gérard

Pour accompagner cette croissance, et pallier les départs en retraite, "entre cinq et dix personnes ont été recrutées chaque année". Le site emploie aujourd’hui 340 personnes dont 215 à la production auxquelles s’ajoutent une cinquantaine d’intérimaires, plus ou moins nombreux en fonction des périodes de l’année.

La proximité des consommateurs compte

Cette hausse de production correspond en grande partie à la fermeture d’unités en Angleterre et à la relocalisation des acryliques basiques depuis l’usine chinoise du groupe. Ce qui offre un atout supplémentaire pour l’orientation écoresponsable de l’usine mancelle et sa marque Lefranc Bourgeois. "Des études économiques ont montré que la durabilité des produits était liée aussi à la proximité entre la production et les lieux de consommation", note Thierry Collot.

La marque précurseur dans la fabrication et le conditionnement des peintures pour beaux-arts en 1720, représente environ 20 % des achats du marché. "50 % des volumes sont vendus en France et 80 % en Europe" chiffre Thierry Collot. Colart Le Mans a réalisé 41 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022.

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