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Le développement de l’aéroport de Bordeaux confronté aux exigences des élus
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Le développement de l’aéroport de Bordeaux confronté aux exigences des élus

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Après l’annonce de la fermeture de la base Ryanair, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac est au centre de l’attention des élus locaux, de plus en plus questionnés par des riverains excédés par les nuisances sonores que provoquent son développement. La maire d’Eysines et présidente de Bordeaux-Métropole, Christine Bost, a évoqué les différents dossiers prioritaires.

L’aéroport de Bordeaux-Mérignac va changer de visage dans les prochaines années notamment avec un nouveau bâtiment entre les halls A et B, et une nouvelle entrée pour le terminal Billi — Photo : ADBM

Le dossier brûle les doigts. Quelques jours après l’annonce du souhait de la compagnie Ryanair de fermer sa base bordelaise (une quarantaine de vols, une centaine d’emplois) après l’échec de négociations avec l’aéroport de Bordeaux Mérignac.

Incitations low cost

Si plus de 70 % des parts de marché de l’aéroport sont imputables aux compagnies low cost, le souhait d’un rééquilibrage a été exprimé au conseil de surveillance, au sein duquel siègent plusieurs collectivités dont Bordeaux Métropole. Un rapport de la Cour des comptes avait aussi assez largement remis en question cette logique "de court terme qui a privilégié à l’excès la rentabilité pour l’actionnaire, avec le recours à des contrats d’aides incitatives à destination des compagnies à bas coûts".

Pour Christine Bost, la présidente (socialiste) de Bordeaux Métropole, l’inquiétude sur le fait que d’autres compagnies puissent ou non reprendre les destinations de Ryanair n’est pas à l’ordre du jour. "C’est l’un des aéroports les plus compétitifs de France et les plus accessibles pour les compagnies. C’est aussi ce qui a fait son succès : des redevances très basses, aucune restriction. C’est facilitant. Cela dit, on pourrait imaginer que les lignes desservies par Ryanair en nombre puissent être récupérées y compris par des compagnies traditionnelles, pas uniquement low cost", glisse l’élue.

"Les riverains sont à cran"

Derrière cette conjoncture, c’est plutôt pour évoquer l’impact de cet aéroport sur les riverains que Christine Bost a convoqué la presse mardi 28 mai. S’il a connu une forte baisse de trafic pendant le Covid, il a depuis retrouvé des couleurs (6,6 millions de passagers en 2023, 7,7 millions en 2019).

Quid de la suite ? Le nouveau directeur de l’aéroport, Simon Dreschel, avait déclaré fin 2022 vouloir un développement "raisonné. Il passe par une diversification des compagnies. Nous souhaitons reconstruire le trafic pour atteindre en 2027 le niveau de 2019", avait-il alors affirmé.

Pour l’élue, "les riverains sont à cran. Ils ont goûté au calme pendant la période Covid et ça a renforcé le ras-le-bol qui a suivi. L’idée de multiplier, même par un et demie, les quelque 80 000 mouvements annuels de l’aéroport est pour eux inacceptable".

La piste secondaire pourrait fermer

L’un des principaux sujets de discorde porte notamment sur la disparition ou non de la piste secondaire, dite "sécante", qui supporte "10 à 15 % du trafic aérien" de l’aéroport. Dans le dernier schéma de composition générale de l’établissement, dont l’Etat reste l’actionnaire majoritaire (et sera donc le décisionnaire final), sa fermeture apparaît comme le scénario favori, d’ici à fin 2026. Un prolongement des taxiways et de nouvelles boutiques viendraient alors la remplacer.

"Même s’il y a des investissements à faire pour maintenir son fonctionnement, nous le demandons. C’est une bouffée d’oxygène pour les riverains situés dans le couloir de la piste principale. La conjonction de la suppression de cette piste sécante et de l’évolution du trafic est pour eux inacceptable", poursuit Christine Bost. D’autres maires, comme ceux de Pessac, Talence ou Martignas, souhaitent voir cette piste supprimée.

Il reviendra à l’État de trancher la question dans les prochains mois.

Le consensus des élus semble plus généralisé sur la disparition des vols de nuit (4 200 en 2018 selon Christine Bost). "Nous demandons à l’État d’actionner une restriction entre 22 heures et 6 heures du matin". Une étude d’impact, pilotée par le préfet de région et centrée sur le trafic aérien nocturne, doit rendre ses premières conclusions fin juin.

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