C’est pour purifier les salles d’hôpitaux que Maurice Berger, préparateur en pharmacie, met au point, en 1898, la première lampe à catalyse. Une véritable innovation à une époque où les épidémies sont encore présentes. Le système de diffusion par catalyse breveté ne se contente plus de masquer les odeurs mais permet aussi de les détruire.
En 1905, Maurice Berger passe un premier cap dans le développement de sa lampe en parfumant l’alcool qui compose le produit pour la catalyse, permettant ainsi de donner à sa lampe un usage domestique. Les années 30 vont contribuer à la démocratisation de la lampe Berger avec son utilisation par de grands artistes comme Cocteau, Sartre, ou encore Picasso qui s’affichent avec elle. C'est aussi le début des collaborations de la marque avec des manufactures renommées comme les cristalleries Baccarat et Saint-Louis, porcelaine de Limoges, et avec de grands créateurs tels Émile Gallé ou René Lallique. La marque développe sa gamme de parfums et la lampe investit les foyers dans l’entre-deux-guerres.
Objet de collection
Depuis, la lampe Berger est passée de simple outil de purification d’air et d’élimination des odeurs, à objet de parfumage et de décoration de la maison, pour devenir objet de collection (plus de 5 000 modèles produits depuis ses débuts). Les lampes en céramique font leur apparition dans les années 50 et la production s’industrialise dans les années 60. La marque ne cesse ensuite d’élargir sa gamme. Dans les années 2000, Lampe Berger reprend ses collaborations avec de grands designers. Dernièrement, Maison Berger a collaboré autour d'une gamme complète avec le designer Français star Philippe Starck.
Reprise par le fonds Argos Wityu
Après le retrait de ses précédents actionnaires (quatre fonds d’investissement), Lampe Berger est rachetée par le fonds en capital investissement Argos Wityu (1,8 Md€ d’actifs sous gestion) en 2017. La direction du fonds d’investissement est alors séduite par "la grande légitimité de la marque, son savoir-faire, son image de marque", autant que par "les nombreux projets à mettre en œuvre pour poursuivre l’accélération de la croissance". "Argos n’est pas un fonds d’investissement spécialisé dans un domaine, sa vocation est d’accélérer et de transformer les entreprises, et ils ont estimé que c’était possible avec Lampes Berger ", explique Olivier Sillion, directeur général de Maison Berger (groupe Emosia), nouvelle appellation de Lampe Berger, et premier signal du changement pour l’entreprise basée à Bourgtheroulde (Eure) : "Ce nom offrait plus de possibilités d’aller sur d’autres territoires que la lampe", précise Olivier Sillion. Le plan de développement prévoit notamment un renforcement à l’international de la marque Lampes Berger et la commercialisation d’une gamme de bougies sous la marque Parfum Berger créée en 2015. La première étape d’une stratégie de diversification vers des produits complémentaires de l’univers du parfumage, ADN de l’entreprise (80 % du chiffre d’affaires à l’export ; 7 000 points de vente dans le monde), qui cherche à s’ouvrir à d’autres segments de marché, comme les bouquets parfumés, ou les diffuseurs pour voitures.
Une stratégie de rachats
À partir de 2018, Maison Berger déploie une stratégie de rachats pour mettre en œuvre son projet de diversification produit, et devenir un acteur majeur du parfumage d’intérieur à l’international, avec la création du groupe Emosia. Sa première reprise significative intervient avec le groupe nantais Devineau (150 salariés, 50 M€ de CA) en septembre 2019, premier fabricant français de bougies qui appartenait depuis sa création en 1803 à la famille Devineau. C’est alors la seconde acquisition nantaise en moins de six mois pour Maison Berger, après la reprise de la start-up Bescent à l’origine de réveil olfactifs. "Un pas de géant pour l’entreprise et une caractéristique du groupe d’être d’abord des fabricants, avec la volonté de détenir un savoir-faire et mettre en place des innovations", souligne Olivier Sillion.
La création du groupe Emosia permet de doubler le chiffre d’affaires du groupe en un an, pour atteindre 80 millions d’euros en 2019 (110 millions d’euros en 2023). En 2021, le groupe fait l’acquisition de Carmin Créations, spécialisée dans les bougies haut de gamme. "Cette start-up fabrique des produits uniques faits à la main et correspond à la palette des qualités qu’une entreprise du patrimoine vivant se doit d’avoir", explique Olivier Sillion, fier de l’obtention du prestigieux label, depuis 2015, qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.
Rajeunir l’image
Avec le rachat en 2022 de My Jolie Candle, marque française de bougies bijoux, Emosia vise cette fois à rajeunir sa clientèle et revitaliser ses marques patrimoniales comme Maison Berger "qui ne touchaient pas forcément le public jeune, estime Olivier Sillion. "Les bougies bijoux de My Jolie Candle plaisent beaucoup à une cible jeune, celle des millenials. Cette acquisition était aussi l’opportunité pour Emosia de renforcer ses compétences en digital puisque My Jolie Candle est née et s’est développée à l’origine sur Internet".
Ouvertures de trois magasins
Une synergie qui donne naissance en 2023 à un nouveau concept de magasin ouvert à Lyon sous la marque Not only candle. "Pour présenter les Lampes Berger et l’univers de la bougie en même temps", se félicite le dirigeant. Un magasin pilote qui obtient "un franc succès" et amène la direction d’Emosia à décider de développer le concept avec l’ouverture d’une seconde boutique à Lille, et de remplacer les boutiques Maison Berger et My Jolie Candle. Un changement qui s’accélère puisque l’ouverture d’un troisième magasin est déjà programmée pour la fin de l’année.
