Pays de la Loire
"Le contexte politique actuel pourrait freiner le développement des énergies marines renouvelables"
Interview Pays de la Loire # Industrie # Transition énergétique

Claire Hugues vice-présidente de la Région Pays de la Loire "Le contexte politique actuel pourrait freiner le développement des énergies marines renouvelables"

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Le salon Seanergy rassemble actuellement à Nantes les acteurs des technologies des énergies marines renouvelables. Les entreprises de la région Pays de la Loire sont leaders sur ce marché en France. Mais le contexte politique inquiète, explique Claire Hugues, vice-présidente de la Région Pays de la Loire, en charge de l’économie Blue

Claire Hugues, vice-présidente de la Région Pays de la Loire, en charge de l’économie bleue, présente au salon des énergies marines renouvelables, à Nantes, Seanergy — Photo : David Pouilloux

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’économie bleue dont vous avez la responsabilité au sein du conseil régional des Pays de la Loire ?

L’économie bleue englobe nos filières traditionnelles telles que la pêche, l’aquaculture, la construction maritime et le nautisme, ainsi que des filières plus innovantes comme les énergies marines renouvelables. Mon rôle en tant que vice-présidente de la Région est de soutenir et de développer ces secteurs pour garantir leur pérennité et leur croissance.

L’Observatoire des énergies de la Mer vient de publier son rapport annuel, qui montre la montée en puissance des énergies marines renouvelables en France. Comment se situe la région Pays de la Loire sur ce marché naissant, au moment où elle accueille le salon Seanergy ?

La région Pays de la Loire est la première région française en matière d’énergies marines renouvelables, avec environ 2 500 emplois dans cette filière, sur les 8 300 que compte cette filière en France. Il est important d’avoir conscience que cette filière a généré 3,8 milliards d’euros d’investissements en 2023 dans notre pays et un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros.

Pour la France et les Pays de la Loire, c’est une filière en pleine émergence, et nous travaillons activement pour qu’elle se développe à la fois sur le marché français et européen. Nous avons des entreprises leaders comme Les Chantiers de l’Atlantique, qui sont des acteurs majeurs dans la construction des sous-stations électriques pour les parcs éoliens offshore. Nous avons aussi des clusters comme Neopolia et des instituts de recherche qui sont à la pointe de l’innovation. Par exemple, WEAMEC (West Atlantic Marine Energy Community) joue un rôle crucial dans la fédération des acteurs et le développement de projets innovants.

Quel impact le contexte politique actuel pourrait-il avoir sur cette filière, après les déclarations du Rassemblement National qui veut stopper les projets éoliens ?

Le contexte politique actuel est une source d’inquiétude. Il pourrait freiner le développement de la planification française des énergies marines renouvelables. Nous attendons les décisions qui seront prises après les élections. Actuellement, nous ne pouvons pas rassurer complètement les acteurs du secteur, car beaucoup de choses sont en suspens. La planification des 45 gigawatts de capacité de production d’électricité offshore d’ici à 2050 est incertaine, ce qui pourrait mettre en péril les projets à venir et créer un climat d’incertitude parmi les entreprises, les investisseurs et les salariés.

Comment gérez-vous cette période d’incertitude ?

Nous continuons à avancer sur la planification en espérant que les décisions futures nous permettront de poursuivre nos projets. Nous mettons également un accent fort sur l’accompagnement de nos entreprises à l’international pour compenser les éventuelles périodes de creux dans l’installation des parcs français, entre 2027 et 2030. Nous avons mené plusieurs missions à l’étranger, notamment en Scandinavie, en Écosse, au Portugal, en Espagne, à New York et à Boston, pour identifier des opportunités et des marchés potentiels pour nos entreprises. Nous les aidons à comprendre les marchés locaux, à établir des partenariats et à se positionner pour capter des contrats à l’international.

Comment aidez-vous le monde académique, les chercheurs ?

Nous soutenons des structures comme WEAMEC et le Pôle Mer Bretagne Atlantique, qui fédèrent les acteurs de l’innovation. Nous lançons des appels à projets pour financer les infrastructures d’innovation et les plateformes d’essai. Par exemple, nous sommes partenaires de la Fondation OPEN-C, qui gère des tests en mer. Notre soutien est à la fois financier et structurel pour favoriser l’innovation dans les énergies marines renouvelables. Nous investissons également dans la recherche et le développement en collaboration avec les universités et les centres de recherche pour créer des synergies et stimuler l’innovation dans notre région.

Quels sont les axes de développement prioritaires pour la Région dans l’économie bleue ?

Nous croyons fermement que la transition environnementale et énergétique est une source de développement économique. Nous nous concentrons sur le développement des énergies marines renouvelables et la décarbonation des transports maritimes. Nous sommes partenaires de projets comme le projet ZIBAC pour une zone industrielle bas carbone au Grand Port de Nantes Saint-Nazaire. Notre objectif est de créer des emplois et de la valeur ajoutée tout en soutenant la transition environnementale.

Le projet Eole. Ici, une vue prospective non contractuelle — Photo : NSNP

Le projet Eole représente un investissement considérable et un enjeu d’avenir pour le grand port maritime Nantes Saint-Nazaire ?

La présidente de la Région, Christelle Morançais, l’a rappelé lors de Seanergy. Notre région a des atouts exceptionnels pour faire la course en tête, grâce notamment au Grand Port Nantes/Saint-Nazaire. Il a vocation à devenir un hub d’assemblage des éoliennes et de production d’énergie décarbonée unique en France. Nous portons, aux côtés des industriels et du monde académique, la volonté de développer des parcs offshore, qui répondent aux meilleurs standards d’innovation, en particulier à la technologie des éoliennes flottantes. Cette dernière permet un éloignement maximal des côtés, avec des retombées fortes et positives pour les territoires littoraux, et dans le respect de nos pêcheurs.

Pays de la Loire # Industrie # Production et distribution d'énergie # Transition énergétique # Politique économique # Collectivités territoriales