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Le contexte géopolitique inquiète les producteurs de Cognac
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Le contexte géopolitique inquiète les producteurs de Cognac

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Ayant connu un important repli de ses ventes à l’export, la filière du Cognac s’inquiète des conséquences du contexte géopolitique chinois et américain sur son futur à court terme. En conséquence, l’interprofession du spiritueux charentais a revu le rendement annuel de production et son budget annuel à la baisse par rapport à l’an dernier. Elle reste en revanche optimiste à plus long terme.

Sur l’année 2023, les expéditions de Cognac sont en baisse de 22,2 % en volumes (165,3 millions de bouteilles) et de 15 % en valeur (3,35 milliards d’euros de CA) — Photo : DR

La situation internationale inquiète les producteurs et négociants de Cognac. Les 4 400 viticulteurs et 270 négociants sont en effet très sensibles à la conjoncture à l’export, 97 % du Cognac étant consommé à l’étranger, dans 150 pays. Premiers marchés du Cognac : les États-Unis et la Chine, dont les perspectives pourraient s’assombrir.

Incertitudes en Chine et aux États-Unis

Le spiritueux charentais redoute d'abord d’être pénalisé par les frictions commerciales entre l’Union européenne et la Chine. L’annonce le 12 juin par la Commission européenne d’une taxe sur les véhicules électriques chinois "nous fait redouter une contre-offensive dans les mois à venir", résume François Gaël Lataste, directeur du pôle développement économique territorial du Bureau National de l’Interprofession du Cognac (BNIC). L’enquête antidumping ouverte en janvier par les autorités chinoises sur les brandies européens pourrait aussi conduire à de nouvelles surtaxes.

Outre-Atlantique, la perspective de la victoire de Donald Trump à la présidentielle de novembre prochain fait craindre le retour de "taxe Trump" en 2021 ayant entraîné une surtaxe de 25 % sur le cognac entre janvier et mars.

Mais Florent Morillon, président du BNIC, prévient : pas question d’être une "variable d’ajustement dans le cadre de dossiers politiques et diplomatiques qui ne nous concernent pas".

Le Cognac fragilisé

Le contexte économique de la filière est déjà fragilisé : les niveaux records des expéditions sur 2020, 2021 et 2022 ont fait leur temps. Le surstock post-pandémie des distributeurs américains et le redémarrage lent de l’économie chinoise ont joué en la défaveur du Cognac, ces deux marchés représentant "plus de 50 % des exportations", précise le porte-parole.

Si la récolte représente "la vendange la plus importante des 30 dernières années" en 2023, les expéditions ont chuté de 22 % en volume (165 millions de bouteilles) et de 15 % en valeur (3,35 Md € de CA).

"La baisse des expéditions s’est stabilisée à la fin de l’année 2023", assure le BNIC, ne cachant pas son inquiétude à court terme.

Un rendement en baisse

Deux actes prouvent cette fébrilité. Le premier concerne le rendement, en alcool pur produit par hectare, de la campagne 2024-2025. Il a été fixé à 8,64 hectolitres par hectare, en repli par rapport à 2023 (10,5 hl) et aux années précédentes (14,74 hl en 2022, par exemple).

"La dernière fois que nous avions un niveau de rendement similaire, c’était entre 2009 et 2011. On a connu plus de 10 ans avec un rendement intérieur à celui de 2024", temporise François Gaël Lataste. "C’est lié à la dynamique des marchés de l’époque, ces derniers ayant connu une forte reprise depuis le début des années 2010, notamment aux États-Unis. La demande nous a amenés à étendre le vignoble et à augmenter les rendements".

La météo a aussi joué. "En 2022, le rendement était très haut mais c’était lié aux conditions climatiques, notamment aux épisodes de grêle, qui nous ont obligés à l’augmenter pour compenser les pertes de récolte", rappelle-t-il.

Un coup de mou "temporaire"

L’organisme interprofessionnel a également validé lors de l’assemblée plénière du 10 juin, une diminution de 14 % de son budget par rapport à l’exercice précédent, associée à "un plan d’économies et un recentrage sur les actions les plus prioritaires".

À l’en croire en revanche, le coup de mou n’est que temporaire. "La perspective de marché se base sur des indicateurs macroéconomiques extérieurs et mondiaux. Or ils restent optimistes et prévoient malgré tout de la croissance. Elle pourrait simplement être moins forte", termine François Gaël Lataste.

Enfin, le BNIC prévoit un "suivi renforcé de l’évolution des marchés dans les prochains mois" et compte activer "dès que possible" le droit de "réaffecter des surfaces de production vers d’autres débouchés rémunérateurs ou de rallonger le délai des droits de plantation".

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