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Le Conseil économique, social et environnemental "s'interroge sur l'atterrissage" des dirigeables Flying Whales
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Le Conseil économique, social et environnemental "s'interroge sur l'atterrissage" des dirigeables Flying Whales

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Une commission du Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Aquitaine (Ceser) met en doute la faisabilité technologique et l’impact environnemental et social du projet d’usine de dirigeables de la société Flying Whales, qui doit s’implanter en Gironde en 2025. L'institution rappelle aussi le fort engagement financier régional dans le projet et attend des garanties supplémentaires, notamment de l’État.

Le dirigeable LCA60T pourrait porter jusqu'à 60 tonnes de charge lourde en opération, selon Flying Whales — Photo : Flying Whales

Les mots sont prudemment choisis, mais le doute clair. Dans son assemblée des 4 et 5 juin derniers, Le Conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Aquitaine (Ceser), assemblée consultative de 180 membres rattachée au Conseil régional, s'est réinterrogé sur la faisabilité du projet de production de dirigeables destinés au transport de charges lourdes porté par la société Flying Whales.

L’entreprise espère mener à bien en 2025 une opération de portage foncier et immobilier dans le but d’implanter une usine d’assemblage sur 75 hectares à Laruscade, en Gironde.

Doutes environnementaux

S'il affirme ne "pas se prononcer pour ou contre le projet", l'avis du Ceser admet volontiers que "des questions restent en suspens sur la faisabilité technologique et l’étude de marché, l’impact en termes d’emplois créés" (300 espérés pour la construction de l’usine), "le niveau de maturité technologique et l’intérêt environnemental".

Cet avis suit la publication en octobre 2023 d'un rapport critique de l’Autorité environnementale, qui enjoignait notamment l’entreprise d'établir un bilan complet des émissions de gaz à effet de serre émis par la fabrication des aéronefs. En novembre 2023, un porte-parole de Flying Whales avait alors déclaré qu'un nouveau dossier allait être déposé pour répondre aux recommandations.

Le Ceser, lui, "s’interroge notamment sur l’emprise au sol de l’usine", aujourd’hui non compensée car le territoire dédié est déjà utilisé en compensation du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO)".

Il remet aussi en question les études réalisées sur l’intérêt environnemental et la soutenabilité du projet, notamment en termes de disponibilité des ressources, l’appareil fonctionnant à l’hélium, gaz inflammable dont le prix a fortement augmenté ces dernières années.

Le volet financier pointé du doigt

Enfin, l’assemblée régionale revient brièvement sur le volet financier du projet, "faisant largement appel aux financements et soutiens publics".

Dans une enquête de Radio France publiée début mai, il est rappelé que la Région Nouvelle-Aquitaine a investi au capital de la société de dirigeables à hauteur de 10 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 15 millions d'euros de portage foncier, entre autres. Enfin, elle s’est portée garante en cas d’échec ou de départ de Flying Whales. François Poupard, directeur général des services de la région, avait alors révélé que la collectivité tentait de négocier avec l’État une co-garantie, lui permettant de n’assumer que 45 millions d'euros sur 150 millions prévus.

Avant tout engagement définitif, le Ceser invite instamment la Région à s'assurer que l’État se porte garant. "Sans cet accord, les finances régionales devraient supporter à elles seules 150 millions d’euros, en plus de la charge de trouver un repreneur de l’usine", ajoute l’assemblée, jugeant l’option "non envisageable", rappelant les contraintes budgétaires déjà subies par la collectivité.

L'avis émis par le Ceser a toutefois été rédigé en l'absence de délibération du conseil régional. Une délibération relative au portage foncier aura toutefois lieu lors de la prochaine séance plénière de la Région des 13 et 14 juin.

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