Agena 3000 accélère : 10 ans après sa reprise par Sébastien Trichet, la société choletaise regarde vers les dix années à venir. Avec un objectif à long terme d’atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2034. Pour cela, l’éditeur de logiciels et intégrateur, spécialisé dans la digitalisation des échanges de données entre acteurs de la grande distribution, industriels et distributeurs (commandes, facturation, données de produits ou logistique…), mise sur une croissance tant organique qu’externe et sur l’accélération de sa présence à l’international.
Deux acquisitions à Paris et aux Pays Bas au printemps
Depuis 2014, Agena 3000 a enregistré une croissance organique moyenne de 10 % chaque année. À celle-ci se sont ajoutées dix acquisitions, qui ont permis d’ajouter des briques à ses compétences ou de renforcer son portefeuille de clients. Dernières en date, le rachat de deux sociétés en avril et mai dernier : SRC tout d’abord, une entreprise néerlandaise d’une trentaine de collaborateurs spécialisée dans le PDM, la gestion des données produits, et ConsoTrust, start-up parisienne d’une dizaine de personnes qui utilise l’intelligence artificielle pour vérifier les informations sur les produits et en faciliter la gestion.
"Auparavant nous transportions les données, explique Sébastien Trichet, président d’Agena 3000. Avec ConsoTrust, nous vérifions aussi la qualité de ces données, avec la possibilité de les compléter ou de les corriger si elles sont erronées." Ainsi, chez un acteur de la grande distribution, seront désormais passées au crible les centaines de milliers d’informations que comportent tous les produits mis en vente. "Chez l’un de nos clients, qui compte environ 400 000 articles avec chacun 300 attributs, nous pouvons croiser et vérifier les données", indique le patron d’Agena 3000. Pour ConsoTrust, la croissance envisagée est de 47 % cette année, afin d’atteindre un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros.
Opérations horizontales et verticales
Faire entrer l’intelligence artificielle dans ses solutions était l’un des souhaits de l’éditeur de logiciels choletais. Le réaliser en faisant entrer dans son giron une entreprise spécialisée dans ce domaine lui permet d’aller plus vite. "Avec cette acquisition, explique Sébastien Trichet, nous allons pouvoir amener aussi l’intelligence artificielle dans l’EDI, l’échange de données informatisées, qui est une de nos activités, et dans la facturation électronique."
Pour Agena 3000, les acquisitions de SRC aux Pays-Bas et de ConsoTrust à Paris s’inscrivent dans deux types de stratégies de croissance externe : " Nous réalisons des opérations horizontales pour renforcer notre portefeuille de clients, explique Sébastien Trichet, comme nous le faisons avec SRC aux Pays-Bas, où nous allons remplacer leur logiciel par le nôtre. Avec Consotrust, il s’agit d’une croissance verticale, qui nous permet d’intégrer une nouvelle technologie."
Essor à l’international notamment au Canada
C’est ainsi que s’est renforcée l’entreprise Agena 3000 au fil des ans, les 10 acquisitions réalisées depuis 2014 ayant permis d’élargir son volume de clients, même si elle en a conquis aussi elle-même, et d’ajouter de nouvelles briques technologiques à ses compétences. "Nous avions un peu plus de 900 clients en 2014 et nous en avons aujourd’hui 5 000, se réjouit Sébastien Trichet." Il s’agit d’une clientèle française, que l’entreprise a aussi accompagnée à l’international, mais aussi de clients étrangers, comme au Canada où le dirigeant a lui-même posé ses valises en 2017.
À Toronto tout d’abord, puis en 2019 à Montréal, où Agena 3000 a fait l’acquisition d’un acteur local, Connectivia. "Sans cette acquisition, assure le dirigeant, nous serions rentrés en France. Agena 3000 n’y avait aucune référence et nous avions besoin d’être identifiés. Nous sommes passés au Canada d’un chiffre d’affaires de 1,5 million de dollars à 2,7 millions de dollars aujourd’hui. Nous voulons encore nous y renforcer et avons identifié quelques cibles." Sébastien Trichet pilote toujours l’entreprise depuis Montréal, en effectuant des allers-retours ponctuels à Cholet.
D’autres croissances externes envisagées en Europe
Mais le Canada n’est pas le seul pays que le dirigeant tient dans son viseur. L’objectif d’Agena 3000 est en effet de se développer aussi en Europe, grâce à des opérations de croissance externe et en allant chercher de nouveaux clients. "Nous avons des contacts avec une dizaine de cibles en Europe, indique Sébastien Trichet. Ce sera long, c’est pourquoi nous fixons cet objectif à 10 ans, avec une croissance raisonnée."
Il se donne 10 ans pour atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 22 millions d’euros cette année, avec un palier intermédiaire attendu à 50 millions d’euros en 2029 et une présence dans au moins trois nouveaux pays. "L’internalisation permet aussi la stabilité, complète Sébastien Trichet, en répartissant les zones de risques face aux éventuelles crises."
Passer de 185 à 250 salariés d’ici 2026
Ces ambitions passeront aussi par un renforcement des effectifs. Agena 300 emploie actuellement 185 personnes, dont 110 en France, 30 au Pays-Bas, 20 au Canada et 25 en Tunisie où elle a aussi créé une entité et ambitionne de devenir une ETI de 250 salariés en 2026. Elle compte environ 80 personnes dans la région Pays de la Loire et a fortement développé le télétravail, bien avant la crise du Covid. "Nous avons beaucoup réfléchi sur la question de la souplesse au travail et nous faisons beaucoup confiance aux collaborateurs, ajoute Sébastien Trichet, tout en imposant des temps de présence dans l’année pour garder la cohésion. Nous avons peu de turn-over et une forte adhésion au projet d’entreprise, d’environ 92 %."
Agena 3000 a également ouvert 23 % de son capital aux cadres et à des salariés et a élaboré un programme de mobilité interne à l’international, permettant par exemple à un collaborateur français d’aller travailler au Canada, et inversement. Des cours d’anglais sont dispensés pour tout le monde, et la langue de Shakespeare commence à être pratiquée au sein de l’entreprise.
