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La solution de réalité virtuelle sans casque d’Imagin-VR séduit les hôpitaux
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La solution de réalité virtuelle sans casque d’Imagin-VR séduit les hôpitaux

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L’entreprise créée en 2018 propose des solutions en réalité virtuelle sans casque, via un "cube", une pièce immersive où sont projetées des images. Un atout aux yeux des spécialistes de certains troubles psychiques notamment. Le monde médical est ainsi le marché le plus dynamique d’Imagin-VR, actuellement. Au point que l’entreprise lavalloise envisage de créer une marque spécifique.

Imagin-VR a conçu un cube de réalité virtuelle qui projette des images à 180° sans la contrainte du port d’un casque VR massif, voire sans lunettes VR. Une solution qui séduit le monde médical qui peut l’intégrer aux thérapies liées par exemple aux phobies ou encore l’addictologie — Photo : F Gérard

Pour Imagin-VR, la croissance s’accélère. Et si l’entreprise lavalloise qui conçoit des solutions de réalité virtuelle (VR) se porte bien, la santé y est pour beaucoup. Imagin-VR travaille de plus en plus avec les acteurs du monde médical dont plusieurs CHU en France. Son cube de réalité virtuelle, une cellule démontable où sont projetées des images à 180°, est de plus en plus utilisé pour immerger des patients dans des univers définis pour le traitement des phobies, addictologies ou encore de la schizophrénie.

Pas d’expérience oppressante de claustration sous casque VR

Au départ orienté vers l’industrie et le bâtiment pour anticiper des aménagements et constructions techniques, Imagin-VR a séduit dès ses premiers mois d’existence en 2018 le CHU de Tours (Indre-et-Loire). Cet hôpital dispose du service de référence en France pour les troubles autistiques. Produit phare d’Imagin-VR, le cube VR permet de dispenser l’utilisateur de casque imposant sur le visage ; et même dans certains cas de lunettes VR depuis le développement d’une option sans projection d’images en 3D. Ce qui évite les réactions négatives au sentiment de claustration chez les autistes et facilite le travail de thérapie en environnement immersif.

De nombreux champs possibles en thérapeutique

De ce premier partenariat avec un CHU, les deux dirigeants d’Imagin-VR, l’ingénieur Marc Douzon et le commercial Marc Travers, ont nourri une expérience et enrichi leurs solutions d’apports techniques. "Nous n’avons pas de compétences dans le domaine médical. Nous avons réalisé des tests avec des thérapeutes pendant deux ans et demi. Aujourd’hui, on voit de nombreux champs d’utilisation possible", explique Marc Travers.

Marc Travers, l’un des codirigeants et fondateurs d’Imagin-VR : "Le monde de la santé et les CHU viennent à nous sans que nous les ayons jusque-là démarchés" — Photo : Frédéric Gérard

Au-delà des patients, l’outil de réalité virtuelle est aussi utilisé pour préparer de futurs médecins. "Depuis 2020, le CHU de Rouen projette des images aux internes en médecine afin de les préparer en salle d’intervention aux électrodes, un moyen de traiter certains troubles psychiatriques", indique le dirigeant.

Imagin-VR compte aujourd’hui 150 clients et partenaires, et a commercialisé 26 cubes en six ans. Et 25 "valises VR", le modèle facilement transportable et beaucoup moins cher (30 000 euros contre 80 000 euros pour le cube). Cette valise se compose de plusieurs paires de lunettes VR, d’un projecteur adapté, d’un système de motion capture, d’un ordinateur avec logiciel Imagin-VR intégré et d’un kit connectique. Avec cette version, les images sont projetées sur un mur. La santé n’est pas le premier marché de l’entreprise, mais progresse fortement actuellement. Des cubes de réalité virtuelle sont aujourd’hui déployés dans sept hôpitaux. Un huitième établissement devrait bientôt s’ajouter à la liste.

Des récompenses après des tests cliniques

Au CHU d’Angers (Maine-et-Loire), des recherches sont menées depuis 2021 pour observer l’intérêt de la réalité virtuelle sur la maladie d’Alzheimer. L’entreprise lavalloise prévoit d’équiper l’hôpital courant juillet 2024 pour un programme de thérapie cognitive.

"On a recréé des univers visuels et sonores représentatifs de chaque décennie pour observer les marqueurs de souvenirs en fonction des réactions des patients, afin de pouvoir travailler la mémoire", indique Marc Travers.

Sa valise VR a aussi été testée auprès d’un panel d’enfants sujets à des troubles psychiques en parallèle d’un panel traité sous médicaments pour évaluer l’impact de la thérapie en réalité virtuelle. La solution permet de réhabituer des personnes angoissées à l’environnement dans lequel elles vont devoir retourner : comme le collège pour des jeunes. Pour des adultes, cela peut aussi être le lieu de travail, pour des personnes qui y ont subi une agression par exemple.

La valise d’Imagin-VR a été primée dans la catégorie des innovations par la Fédération des hôpitaux de France. Pour son apport en thérapie cognitive mais aussi en ergothérapie pour les personnes en situation de handicap.

L’entreprise lavalloise développe actuellement un nouvel outil avec la filiale innovation du groupe mutualiste VYV. "L’outil TélErgo-VR permet de scanner une salle de bains, par exemple, afin de prévoir de nouveaux aménagements des lieux en fonction des besoins d’une personne en fauteuil roulant par exemple ; après un long séjour d’hospitalisation ou pour un déménagement", présente Marc Travers. "Cela permet aussi un gain de temps aux professionnels qui n’ont souvent pas le temps d’aller plus d’une fois chez les personnes concernées pour observer l’espace et prendre les mesures."

L’offre d’Imagin-VR a par ailleurs été évaluée "à fort potentiel clinique" par l’évaluation de l’Ines, l’Institut national de la e-santé. Et a aussi reçu l’estimation niveau CML 9 (le maximum) qui détermine la maturité d’une innovation clinique. "Ces évaluations et récompenses valident la pertinence de ce qu’on propose", appuie Marc Travers. Elles ouvrent aussi des portes.

Une marque pour coller à la French touch ?

Certaines solutions pourraient être développées sous licence avec les CHU. D’autres commercialisées en propre. La création d’une marque Imagin-Care est par ailleurs en réflexion. L’idée est d’être mieux identifié des acteurs de la santé, y compris au sein de la "French Care" - ce mouvement veut rassembler l’ensemble des acteurs du secteur médical (start-up, hôpitaux privés et publics, grands groupes, etc.) mais aussi toute organisation qui peut contribuer à améliorer la santé de la population, dans l’habitat, l’alimentation ou encore l’éducation.

"Le milieu de la santé représente un marché considérable. Nous avons recensé 3 000 établissements publics et cliniques privées en France" souligne Marc Travers.

L’entreprise mayennaise pourrait répartir ensuite ses activités en quatre marques : celle dédiée au monde médical donc, ainsi qu’Imagin-Factory pour les métiers de l’industrie, Imagin-Learning pour la formation et Imagin-Building pour la construction.

Au départ, la société Imagin-VR a conçu son cube de réalité virtuelle à 180° pour répondre aux besoins de l’industrie et de la construction — Photo : Imagin-VR

Des premières embauches et des recrutements à suivre

Avec des solutions qui s’adaptent à une large palette de clients, Imagin-VR a pu réaliser ses premiers recrutements. "Ces18 derniers mois, nous avons réalisé nos trois premières embauches, annonce Marc Travers. Nous recherchons actuellement un développeur informatique. Et nous aurons encore sans doute d’autres recrutements d’ici à l’an prochain, pour le marketing, le commercial et l’atelier." L’atelier servant de lieu de montage des cubes VR conçus par l’entreprise.

"Nous assemblons nous-mêmes nos solutions. Nous ajustons nos panneaux de projection et nos capteurs reliés à notre logiciel maison, détaille Marc Travers. Notre objectif sera de constituer une équipe d’une quinzaine de personnes aux différents postes d’ici trois à quatre ans."

Les fondateurs seuls aux commandes

Marc Travers et Marc Douzon sont aujourd’hui seuls au capital. Et pour l’heure "pas besoin de réaliser de levée de fonds", glisse le premier, qui confie être régulièrement sollicité par des investisseurs. "Cela arrivera peut-être si un client commande 200 solutions d’un coup…" souffle-t-il. L’entreprise, qui a réalisé 800 000 euros de chiffre d’affaires en 2023, maîtrise sa technologie et sa croissance. Elle possède deux brevets, d’autres sont en cours de dépôt.

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