Grand Est
"La Nef a été précurseur pour financer les projets de transition dans le Grand Est"
Interview Grand Est # Finance # RSE

Olivier Guillembet banquier itinérant de La Nef "La Nef a été précurseur pour financer les projets de transition dans le Grand Est"

S'abonner

Olivier Guillembet est depuis 8 ans banquier itinérant de La Nef (capital : 73 M€, 44 000 sociétaires) en Alsace et en Lorraine. Alors que la coopérative bancaire s’est lancée il y a quelques mois dans une importante levée de fonds, il revient sur la complexité du financement des entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS).

Olivier Guillembet est banquier itinérant pour Le Nef en Alsace et en Lorraine — Photo : CAROLINE BLEUX

Quelles sont les spécificités de La Nef par rapport à une institution bancaire classique ?

La Nef est une coopérative de finance solidaire. Cela signifie que les sociétaires peuvent intervenir de façon active, lors de salons ou de conférences mais aussi dans les rencontres réalisées avec les porteurs de projets. Cela nous permet de tenir un double discours, à la fois sur l’analyse économique du dossier mais également sur les valeurs qu’il porte, ce qui renforce la pertinence de notre accompagnement. On réunit des particuliers et des professionnels qui veulent donner du sens à leur épargne et réfléchissent davantage en termes d’impact que de rémunération. Enfin, nous fonctionnons en circuit court puisque l’argent que nous collectons est directement prêté, dans une totale transparence.

Quels sont les projets financés ?

La Nef finance tout type de structure privée, ainsi que les collectivités, sur des projets en matière de transition écologique, sociale ou culturelle. On a été précurseur dans certaines filières, comme le bio - qui représente encore plus de la moitié des investissements -, l’économie circulaire et les énergies renouvelables. Se rajoutent aujourd’hui des projets liés à la mobilité douce ou au maintien de filières industrielles locales, comme le textile ou l’emballage. On intervient à tout stade de maturité, de la création d’entreprise aux besoins en trésorerie ou à la réalisation d’investissements, pour des enveloppes allant de 15 000 à 4 millions d’euros.

Dans le Grand Est, ce sont ainsi plus de 51 millions d’euros de prêts qui ont été débloqués entre 2017 et 2022, dont 20 millions d’euros en 2022. Parmi les projets financés, on retrouve les centrales photovoltaïques d’Énergies Partagées en Alsace, la SCIC Kèpos, qui accompagne les entreprises du bassin nancéen dans leur transition écologique, le distributeur de produits bios et équitables Ecoidée ou encore le fabricant d’emballages haut de gamme Siegwald.

Le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) a-t-il aujourd’hui du mal à se financer ?

Les projets liés au secteur de l’ESS entre encore difficilement dans les grilles de lecture des banques traditionnelles. Mais les choses évoluent et de plus en plus d’acteurs s’intéressent au secteur. Certaines banques ont même créé des branches dédiées à l’entrepreneuriat social. C’est de bon augure, parce qu’à elle seule, La Nef ne peut financer tous les projets !

Sur certains dossiers complexes ou d’un montant financier important, nous ne pouvons intervenir qu’en tant que co-financeurs. Et il n’est pas toujours évident de trouver une banque partenaire, soit que le secteur concerné ne l’intéresse pas, que le projet soit trop novateur ou son modèle économique insuffisamment compris. Dans ce cas-là, le dossier doit être recalibré.

De manière générale, nous sommes de plus en plus sollicités. D’où le lancement, en début d’année, d’une campagne de collecte d’envergure nationale. La Nef, qui est aujourd’hui adossée au Crédit Coopératif, a par ailleurs fait une demande d’agrément pour gagner son autonomie et ainsi devenir la première banque éthique de France. Plus on collectera de fonds et plus on pourra en prêter, pour ainsi soutenir toute forme de transition.

Grand Est # Finance # RSE # Écosystème et Territoire