Il ne sera pas écrit que l’histoire se répète dans la Meuse, après la fermeture définitive de la tréfilerie TréfilUnion il y a un peu plus d’un an. Le tribunal de commerce de Bar-le-Duc a validé ce 3 juillet la reprise de La Meusienne (CA : 23 M€) à Ancerville par un groupe de salariés sous la forme d’une société coopérative de production (Scop). Au total, sur les 90 employés du site, 36 vont poursuivre l’activité de fabrication de tubes soudés en acier inoxydable, tandis que les 54 ne pouvant être réembauchés seront licenciés.
L’ex responsable de la gestion industrielle, Roxanne Creutz, 28 ans, a monté le projet en l’espace de sept semaines, un record, alors que l’entreprise placée en redressement judiciaire le 22 mars dernier, marchait vers sa liquidation pure et simple suite au retrait de l’unique candidat à son rachat, le malaisien OAG Group of Companies.
Cette diplômée d’ICN Business School à Nancy, arrivée dans l’entreprise il y a trois ans, croit en l’avenir de l’usine. Propulsée gérante de la Scop, Roxanne Creutz regrette la "succession contreproductive de différentes directions" depuis la reprise par LiCap, une société financière basée au Lichtenstein, spécialiste de la reprise d’entreprises.
LiCap avait acheté trois sociétés au fonds de retournement allemand Mutares en août 2021. Dans son panier se trouvait La Meusienne, mais aussi Eupec à Grand-Synthe (Nord) et la tréfilerie TréfilUnion à Commercy (Meuse). Le bilan n’est pas flatteur. Eupec a été cédé en mai 2022 au malaisien OAG à la barre du tribunal, une opération qui a conduit à licencier la moitié de ses effectifs. Tréfilunion a été liquidé en avril 2023 conduisant à la suppression de 65 emplois.
Le modèle Eurofence
À Ancerville, les salariés veulent croire en l’avenir du site auquel ils apportent 10 à 15 % de leur prime de licenciement. Ils ont en tête l’exemple du fabricant de clôtures et portails métalliques Eurofence à une quarantaine de kilomètres : l’entreprise de Doulevant-le-Château (Haute-Marne) a été reprise en 2016 par 65 salariés sous la forme d’une Scop. Le dossier de La Meusienne bénéficie par ailleurs du soutien de banques, de l’Union régionale des Scop et de la Région Grand Est. La gérante a aussi activé son réseau au sein de l’association des anciens d’ICN Business School dont elle est vice-présidente.
Après avoir encaissé la saisie de ses stocks qui avaient été mis en gage il y a plusieurs années auprès de son fournisseur Aperam, par ailleurs ancien propriétaire de La Meusienne, la nouvelle équipe a repris la production mi-juin. Elle réoriente d’ores et déjà la stratégie commerciale très tournée ces dernières années vers l’industrie chimique allemande. La jeune Scop recentre ses ventes vers le périmètre hexagonal (transport de fluides, échangeurs de chaleur, évaporateurs de sucre, etc.) et mise sur des marchés de niche avec des diamètres particuliers et des nuances d’acier spécifiques.
Sa technologie de soudage au gaz inerte au tungstène (TIG) utilisée pour des applications de haute qualité devrait enfin l’aider à conquérir de nouveaux marchés. L’effectif total devrait atteindre 40 personnes avec la reprise d’un sous-traitant et ses trois salariés à la barre du tribunal et le recrutement d’un prestataire extérieur.
