Reconnu discipline olympique depuis seulement les JO de Sydney en 2000, le triathlon (où s'enchaînent natation, cyclisme et course à pied) est un sport encore méconnu qui mise énormément sur chaque olympiade en termes d'exposition médiatique. Pour un fournisseur tel que ZeroD (8 salariés, CA 2023 : 2,5 M€), fabricant de tenues et produits pour triathlètes basé à Castries (Hérault), l'enjeu consiste à signer des partenariats couvrant les quatre années qui séparent chaque édition. "Pour un tennisman, l'objectif immédiat est toujours le tournoi du Grand Chelem suivant, Roland Garros ou Wimbledon. Pour un triathlète, l'objectif est déjà fixé aux J.O. de Los Angeles en 2028. C'est une finalité en soi d'être champion olympique. Et toutes les fédérations, qui ont pour priorité d'être performantes aux J.O., veulent choisir les tenues les plus performantes pour cela", souligne Frédéric Dorez, cofondateur de ZeroD avec son frère Pierre.
Une démarche innovante
Fils d'ingénieur, ces mordus de triathlon ont créé la marque en 2007 alors qu'il n'en existait quasiment pas. Leur ambition : apporter plus de technicité aux tenues utilisées dans la discipline. Produisant jusqu'alors des tenues pour pendant et après la course, ils ont par exemple lancé en 2012 la première combinaison en néoprène pour le triathlon (40 % des ventes en 2023). "Nos produits sont d'une extrême légèreté par rapport au lycra standard, et respirent plus. Ils reçoivent aussi un traitement avec des propriétés déperlantes qui permettent de nager plus vite", décrit Pierre Dorez.
Une forte exigence technique
Les tenues sont confectionnées en Lituanie mais tissées en France. ZeroD réalise des tests en soufflerie afin de valider ses choix techniques. Cela lui permet de proposer des tenues spéciales aux fédérations partenaires pour chaque olympiade, comme c'est le cas à Paris. "Nous avons opté pour un tissu aérodynamique, et pas seulement hydrodynamique, qui améliore le coefficient global de mobilité dans l'eau. Nous avons aussi prévu des tenues différentes selon la météo du jour, car il y a une différence entre concourir sous 19° ou 32°", poursuit Pierre Dorez.
La reconnaissance du haut niveau
ZeroD est fournisseur d'une vingtaine de fédérations nationales (deux tiers des triathlètes s'alignant à Paris), mais seule la moitié d'entre elles arborera son logo. "Nous fabriquons aussi en marque blanche, souvent parce que les athlètes eux-mêmes le demandent alors que la fédération est engagée avec un autre équipementier pour la saison régulière", justifie Frédéric Dorez. Pour Paris 2024, la marque a aussi signé un partenariat avec la Fédération internationale de triathlon et le Comité d'organisation des Jeux Olympiques pour la fourniture de bonnets de bains, soit 55 athlètes hommes et femmes. Elle animera aussi un magasin temporaire sur le village olympique le temps de la compétition.
L'impact médiatique des J.O.
Naturellement, ZeroD mise sur l'édition 2024 pour nourrir sa croissance. Elle avait décroché ses 2 premières médailles dès les J.O. de Pékin en 2008 et cette médiatisation lui a ensuite permis de signer des contrats majeurs, comme le partenariat symbolique avec l'Equipe de France de triathlon en 2017 (remis en jeu en 2024). Mais si elle réalise 50% de son activité à l'export, le marché national (70% des ventes en e-commerce) demeure riche en opportunités. "La Fédération française comprend un millier de clubs, avec une croissance annuelle de 8% du nombre de licenciés. Chaque année, des clubs viennent nous voir pour nous passer des commandes sur mesure, comme récemment celui de Toulouse", se félicite Frédéric Dorez.
