Plus de 600 exposants. 40 pays représentés. Organisé tous les deux ans à Nantes par Fibois Pays de la Loire, le Carrefour International du Bois se revendique comme un baromètre de la santé de la filière du bois. Pour 2024, l’événement affiche des chiffres records avec 28 % de surface brute en plus, et 39 % d’internationaux. "Nous restons peu connus car ouverts seulement aux professionnels de la filière. Néanmoins, nous réussissons à capter toute la filière à l’échelle internationale", se félicite Jean Bureau, président de Fibois Pays de la Loire.
Le paradoxe des Pays de la Loire
Dans les allées, les coopératives forestières et les scieries côtoient les stands de parquets et les entreprises d’usinage. Pourtant, réunir ces acteurs à Nantes n’était pas une évidence, les Pays de la Loire représentant un véritable paradoxe dans le secteur du bois. En effet, le territoire n’est boisé qu’à hauteur de 12 %. Un chiffre en deçà des autres régions, puisque la moyenne nationale pointe à environ 30 %. Pour autant, la région possède de nombreuses industries, comme des scieries.
"Historiquement, le transport routier existait peu. Les bois issus du centre de la France étaient acheminés par la Loire, et étaient alors transformés à Nantes. De plus, la façade maritime et le port incitaient à la construction de bateaux, ce qui induisait un fort besoin en bois", raconte Jean Bureau.
40 % du bois importé
Ces aspects historiques ont fait perdurer des industries sur le territoire, même si le bois n’est pas forcément issu de forêts locales. "En France, les grandes forêts sont plutôt bien gérées. Mais les petites parcelles de moins de 20 hectares, provoquent un morcellement, et sont complexes à exploiter", analyse Jean Bureau. Aujourd’hui, 40 % du bois est importé de l’étranger, notamment d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la Pologne ou encore la Suède. Il faut dire que les Pays de la Loire sont un gros consommateur, avec un million de mètres cubes utilisés par an pour la construction.
"Nous sommes au-dessus des moyennes nationales. Depuis 10 ans, les nouveaux lycées de la région sont tous construits en bois"
Autre témoin de cette tendance, le projet de ZAC Pirmil Les Isles, entre Nantes et Rezé, mise sur des constructions écologiques avec à la fois du bois, de la paille et du chanvre. Le projet cumule 3 300 logements, avec une livraison prévue pour 2027.
Des barrières à surmonter
Malgré ces chiffres réjouissants pour la filière, des obstacles restent à lever. Tout d’abord, faire face à la crise immobilière actuelle. "Pour l’instant, nos parts de marché sont moins touchées que d’autres secteurs comme le béton par exemple. Les carnets de commandes ont réduit mais restent garnis", note Jean Bureau. Malgré la confiance affichée, il faudra rester vigilant des effets d’une crise immobilière amenée à durer sur le long terme. Des aspects réglementaires pourraient aussi ralentir la filière. Le Règlement contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) veille à ce que le bois importé ne soit pas issu de la déforestation. "C’est une bonne chose, mais les vérifications peuvent être complexes et longues", souligne Jean Bureau.
De plus, des contraintes liées à l’évacuation en cas d’incendie bloquent la construction en bois de hauts immeubles. "Pourtant, le bois va moins se déformer que d’autres matériaux, ce qui laisse le temps d’évacuer un immeuble", constate Jean Bureau. Le lobbying d’autres filières et l’imaginaire collectif des trois petits cochons en décident pour l’instant autrement.
