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JO de Paris 2024 : quelles retombées économiques attendues en France ?
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JO de Paris 2024 : quelles retombées économiques attendues en France ?

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Quelles seront les retombées économiques des Jeux Olympiques de Paris 2024 en France ? Quelles régions, quels secteurs d’activité, quelles entreprises en profiteront le plus ? Gains de marché, notoriété, attractivité, comment évaluer les bénéfices ? À quelques semaines de l’événement, les estimations s’affinent, même si de nombreuses incertitudes persistent. On fait le point.

Les retombées économiques des prochains Jeux Olympiques pourraient aller de 6,7 milliards à plus de 11 milliards d'euros, selon le Centre de droit et d'économie du sport (CDES). Avec un scénario privilégié s'élevant à environ 9 milliards d'euros. Et en prenant l'Île-de-France pour territoire de référence — Photo : Paris 2024 / C.Mahoudeau / SIPA - Droits réservés

À la demande de Paris 2024, le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges a réactualisé mi-mai ses estimations sur l’impact économique des prochains jeux olympiques. L’institution, qui avait déjà publié des chiffres en 2016 en annexe du dossier de candidature de Paris, remet ainsi les pendules à l’heure après que la bataille du chiffrage a fait rage. Le Président Macron évoquant un montant de 6 milliards d’euros en avril, tandis que le cabinet Asteres tablait sur "une stimulation économique de 11,8 milliards d’euros".

Un impact estimé à 9 milliards d’euros

C’est désormais un scénario intermédiaire à 9 milliards d’euros qui est "privilégié" par le CDES (avec une fourchette basse à 6,7 milliards et une fourchette haute à 11,1 milliards d’euros). Encore faut-il s’entendre sur ce que recouvre cette évaluation. "Notre étude d’impact économique mesure le surcroît d’activité économique au sein de l’économie locale du fait de l’accueil de l’événement par rapport à une situation sans événement. Il ne s’agit par de mesurer la rentabilité de l’événement", tient à souligner Christophe Lepetit, responsable des études économiques au CDES.

Autres précisions utiles : la période concernée s’étend de 2018 à 2034, couvrant la phase préparatoire des JO, leur déroulement et la période d’héritage post-JO. Par ailleurs, le territoire de référence est l’Île-de-France, qui concentre l’essentiel des épreuves, et non l’ensemble des sites. Une étude d’impact sur les autres régions françaises sera effectuée après les JO. Sans attendre, le cabinet d’audit marseillais Approbans a cependant réalisé pour la Banque Populaire Méditerranée une étude selon laquelle, les JO 2024 pourraient générer 200 millions d’euros de retombées économiques pour le territoire Région sud. De l’arrivée de la flamme le 8 mai jusqu’aux épreuves sportives, l’événement attirerait un million de visiteurs, dont plus de la moitié serait des touristes ne résidant pas dans les Bouches-du-Rhône.

Tourisme, construction et organisation

En effet, les JO bénéficient principalement à trois secteurs : l’organisation de l’événement (42 %), la construction (28 %) et le tourisme (30 %). Des incertitudes demeurent sur la fréquentation effective, mais les retombées pourraient se prolonger dans les années à venir en mettant en avant la destination France.

L’essentiel de l’impact économique tient aux marchés générés par les Jeux pour les entreprises. Le budget du comité d’organisation de Paris 2024, financé à 96 % par le secteur privé, se monte à 4,4 milliards, auxquels il faut ajouter le budget de 4,5 milliards d’euros, dont dispose la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) pour construire les 70 ouvrages olympiques. "L’effet de levier est important : 1 euro investi génère 3 euros d’impact économique", souligne Tony Estanguet, président de Paris 2024.

Plus de 2 650 PME et TPE ont décroché des marchés

Plus que sur le PIB français, l’impact des JO se mesure auprès des entreprises bénéficiaires. En effet, 1 400 marchés ont été attribués à 3 000 fournisseurs, français à 90 %. Conformément aux engagements de Paris 2024, les PME et les entreprises de l’ESS (économie sociale et solidaire) ont été favorisées. Sur le volet construction, 35 % des marchés, en valeur, ont été attribués à des TPE-PME et à des acteurs de l’ESS. " 811 millions d’euros de marchés ont été engagés, à date, auprès de 2 655 PME et TPE, issues de 85 départements français, ainsi que de 135 structures de l’ESS", indique ainsi Antoine du Souich, directeur de la stratégie de Solideo. Sur le volet organisation, les 2,7 milliards d’euros de marchés publics lancés par Paris 2024 ont été remportés par 2 400 entreprises, dont 80 % de PME-TPE. "Il faut y ajouter 600 sous-traitants, et ce nombre va encore augmenter", indique Olivier Debargue, directeur délégué aux achats de Paris 2024. Côté emploi, l’organisation des JO mobilise 181 000 emplois.

Accélérateur de croissance

Outre les retombées financières, le gain de ces marchés représente également un formidable accélérateur pour les entreprises concernées. "Les JO ont constitué un vrai tremplin pour nous. Nous avons accompli en deux ans, ce que nous aurions mis dix ans à faire", témoigne Alain Ferrand, cofondateur et gérant de Hansen Marine. L’entreprise, installée en Seine-et-Marne, qui fabrique des pontons, passerelles et bâtiments flottants, a livré plusieurs ouvrages pour les JO. En deux ans, elle a doublé son chiffre d’affaires et ses effectifs sont passés de 12 à 40 salariés. "Avec les JO, nous sommes passés d’une organisation artisanale au stade industriel. Ils nous laisseront en héritage un nouvel atelier, un personnel intégré et monté en compétences rapidement, une ouverture sur le marché européen", énumère le dirigeant.

Visibilité, notoriété, crédibilité

D’autres entreprises ont misé sur l’achat d’une licence. C’est le cas de Kinomap. La PME (35 salariés, 5 M€ de CA) de Douai dans le Nord, qui édite des applications immersives et géolocalisées d’entraînement aux sports d’intérieur, est licenciée du CIO pour organiser les challenges sportifs connectés, incluant le Marathon pour tous. Kinomap est ainsi chargé de rendre les courses disponibles sur sa plateforme pour permettre aux participants de mettre leurs foulées dans celles des athlètes olympiques en s’immergeant dans les parcours réels (NDLR : parcours qu’on voit défiler sur son écran) depuis les quatre coins du globe. "Cela représente un investissement très important pour une entreprise comme la nôtre", indique Philippe Moity, son dirigeant, sans en préciser le montant, "mais cela nous donne de la visibilité et de la crédibilité". "Ce qui doit nous aider à dupliquer notre modèle à d’autres courses, d’autres territoires", ajoute l’entrepreneur. Ces retombées immatérielles restent toutefois difficiles à chiffrer.

Par ailleurs, certaines entreprises, en particulier celles situées dans les périmètres de sécurité des sites de compétition, craignent une perte d’activité et réclament un dispositif de compensation. C’est pourquoi, il faudra sans doute encore attendre pour évaluer les vraies retombées économiques des JO. L’État a ainsi prévu entre 2024 et 2025 une série de treize études d’impact, dont une sur l’économie.

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