En 2024, le carnet de commandes de Jigé International, le fabricant d’équipements de remorquages basé à Revigny-sur-Ornain, dans la Meuse, a atteint les "2 ans et demi", dévoile Nicolas Georges, le dirigeant de l’industriel, filiale à 100 % du groupe américain Miller. Depuis la sortie de la crise du Covid, Jigé International fait face à une demande très soutenue. "Nous sommes passés de 34 millions d’euros de chiffre d’affaires avant-Covid à 48 millions d’euros", résume Nicolas Georges.
70 % de part de marché en France sur les grosses dépanneuses
L’entreprise, qui emploie 200 personnes, s’appuie sur un total de 18 000 m2 de bâtiments couverts, entre Revigny-sur-Ornain, Longeville et Saint-Mihiel, pour mettre sur le marché environ 450 véhicules de dépannages par an, du petit 4x4 jusqu’au camion capable de tracter un semi-remorque. En France, Jigé International revendique une part de marché de 70 % sur les engins de dépannage de poids lourds : une position de leader que Nicolas Georges veut conforter, sans subir l’explosion des commandes. "Avoir un carnet de deux ans et demi c’est problématique. Le bon niveau, c’est plutôt autour d’un an. Au-delà, se pose la question des délais de livraison", détaille le dirigeant de Jigé International.
En négociations autour d’une croissance externe
Pour augmenter sa capacité de production, le dirigeant meusien explore actuellement deux pistes : la croissance externe et la construction d’une nouvelle usine. En pleine négociation sur la première option, Nicolas Georges préfère rester discret sur le nom de l’entreprise ciblée. "On parle d’une acquisition qui ferait un big bang sur le marché. Jusqu’à présent, nous avons fait de très belles croissances, du 10 à 15 % par an, mais là, l’idée est de changer de braquet", consent à dévoiler le dirigeant meusien.
Fort de ses bons résultats, revendiquant un positionnement haut de gamme et des tarifs alignés au niveau de qualité atteint, l’entreprise dispose des fonds pour boucler l’acquisition rapidement. En prenant le contrôle d’un de ses concurrents, au-delà de récupérer le portefeuille client, Nicolas Georges veut surtout aller très vite pour répondre à la demande grâce aux nouvelles capacités d’une société qui serait "un tout petit peu plus petite que Jigé".
Vers une construction à Longeville ?
Et c’est cette option qui a les faveurs de Nicolas Georges, qui travaille main dans la main avec son actionnaire américain pour la faire aboutir. Sans pour autant négliger la construction d’une nouvelle usine. "Si nous retenons cette piste, la construction se fera probablement à Longeville", révèle Nicolas Georges. Le bâtiment, d’une surface de 6 000 m2, nécessiterait un investissement total de 5 millions d’euros.
En 2023, Jigé International a déjà commencé à étendre ses ateliers, à Saint-Mihiel, pour augmenter sa capacité de production. "Nous avons investi une première tranche de 200 000 € pour réhabiliter, sur 700 m2, un bâtiment qui nous appartenait mais qui était utilisé uniquement pour du stockage", détaille Nicolas Georges. En 2024, le dirigeant va lancer la deuxième phase de ce projet, pour 300 000 €. "Nous disposerons alors d’un nouvel atelier de 1 000 m2", se félicite Nicolas Georges.
Une nouvelle façon de répondre au marché
À Saint-Mihiel, le dirigeant entend répondre à ses clients d’une manière un peu différente. "Il y a deux façons de livrer une dépanneuse", explique Nicolas Georges. "Dans le cas de 90 % de nos véhicules, c’est le client qui fait livrer son camion par un transporteur et nous l’équipons. La deuxième façon de faire, c’est de proposer une dépanneuse clé en main, en achetant nous-même le châssis et en l’équipant."
Jusqu’à présent, cette activité ne représentait que quelques véhicules par an. "Maintenant, l’objectif est de monter jusqu’à une centaine de véhicules. Actuellement, nous sommes sur une tranche de 60 à 70 véhicules vendus dans ce cadre", précise le dirigeant de Jigé International. Cette manière de travailler doit permettre à l’entreprise de faire des "gains de compétitivité", notamment en formant le personnel à la fabrication de pièces bien définies. Car une des clés de la croissance de Jigé International réside dans sa capacité à embaucher : arrivée en 2016 dans l’entreprise, Nadège Massé a embauché pas moins de 70 personnes, accompagnant la croissance de l’effectif de 130 à 200 personnes.
Anticiper les besoins en recrutements
La responsable des ressources humaines a commencé son travail en travaillant l’image de l’entreprise dans son bassin d’emploi. "J’ai constaté que l’entreprise rayonnait sur son marché, mais était encore inconnue chez les jeunes de la région", précise Nadège Massé. Un travail de terrain, mené au contact des lycéens, des collégiens et même des classes de primaires : "Mon cheval de bataille, c’est de donner envie aux jeunes de se former aux métiers de l’industrie", insiste Nadège Massé.
Les actions menées ont porté, pour le bénéfice de Jigé International : la responsable des ressources humaines croule sous les demandes d’apprentissage et prépare déjà les recrutements à horizon six mois, voire un an. "Il faut maintenant anticiper en fonction de nos projets de développement. Sachant que nous avons des temps de formation en interne très longs, qui reposent sur un système de tutorat", précise la responsable des ressources humaines.
