Elle brille, on se voit dedans. Le design incontestablement réussi de l’usine HDF - signé de l’architecte bordelais Joël Maurice (cabinet Patriarche) - était de toutes les conversations entre les 800 participants à son inauguration le jeudi 30 mai 2024 à Blanquefort. Érigé en 14 mois en lieu et place de feu-Ford, le bâtiment de 7 000 m2 (d’un coût de 20 M€) est promis à un avenir grandiose. HDF y a déjà transféré son siège administratif et ses équipes R & D, soit environ 80 personnes sur les 150 du groupe. Il se prépare surtout à y assembler les premières piles à combustibles hydrogène de forte puissance au monde.
Elles se présenteront dans des conteneurs maritimes d’une trentaine de tonnes, et seront destinées à des centrales électriques nouvelle génération ainsi qu’aux transports maritimes et ferroviaires.
"Nous devenons un industriel de premier plan", se réjouit Damien Havard, le PDG et fondateur. "Nous avons d’abord cherché les clients puis les financements, avant de devenir industriel. Nous sommes dans la seconde phase. L’industrialisation va peser la majeure partie de notre chiffre d’affaires."
Préséries en 2025
"Nous finaliserons le process d’ici l’été 2024, nous démarrerons les préséries début 2025 et en 2026 la production en série, progressant étape par étape vers notre objectif d’1 GW par an à partir de 2030", détaille Hanane El Hamraoui, la directrice industrielle.
Soutenue par la Région depuis plus de 10 ans, l’usine naît en même temps que la filière. "Il faut être patient sur la mise en place des nouveaux marchés. Les premières usines qui fabriquent les électrolyseurs - indispensables dans le process, NDLR - débutent", rappelle Damien Havard. HDF peaufine notamment sa zone de test, sur site, qui devrait être opérationnelle en février. "Nous fabriquerons deux piles en 2024 mais elles ne pourront pas être validées avant l’an prochain."
À terme, le site emploiera 150 personnes. Une raison supplémentaire pour le président de Région Alain Rousset de "préférer HDF à Ford". HDF qu’il imagine comme "le cœur de la filière hydrogène en France", d’autant que le groupe assure vouloir "développer un tissu économique local, avec plus de 70 % de notre chaîne d’approvisionnement en local et en européen", explique Hanane El Hamraoui.
Un financement majeur attendu de l’Europe
L’inauguration a aussi été l’occasion pour le PDG d’annoncer la reconnaissance de l’usine comme Projet important d’intérêt européen commun (IPCEI), preuve que l’État a convaincu l’UE de soutenir HDF. Le montant n’est pas encore dévoilé mais pour HDF, outre la reconnaissance, c’est l’assurance de pouvoir adresser les marchés colossaux du transport maritime et du ferroviaire en finançant la R & D. Les piles HDF remplaceraient ainsi les moteurs diesel des locomotives de fret et de manœuvre. Soit un marché mondial à 100 milliards de dollars selon HDF, qui teste le retrofit avec Captrain (filiale de la SNCF) via son projet Hyshunt. Quant au maritime, le groupe imagine à la fois le retrofit des navires et l’alimentation des bateaux à quai, via le chantier naval Hynaval à Bordeaux qu’elle a lancé en septembre. Le groupe est aussi partie prenante du projet collaboratif Elementa qui planche sur la première barge à hydrogène au monde.
Ces marchés s’ajoutent aux centrales qu’HDF est déjà en train de déployer à travers le monde, notamment en Guyane. Au total, HDF Energy, qui sera le premier client d’HDF Industry, développe des projets pour 5 milliards d’investissement.