C’est un rachat plein de promesses qu’a annoncé début février la société F2A (24,7 M€ de chiffre d’affaires en 2021 ; 200 salariés), basée à Dagneux dans l’Ain : celui de la start-up grenobloise Enerbee, développeur de microgénérateurs utilisant les mouvements de l’air pour alimenter en énergie des objets connectés, et co-concepteur de l’e.VAV, une gamme de régulateurs d’air à débit variable autonomes et sans fil.
De nouveaux marchés
F2A, qui conçoit et fabrique des composants aérauliques et acoustiques pour les professionnels de la ventilation et du traitement de l’air, voit dans cette acquisition de nouvelles opportunités de croissance. Actif depuis 2018, le partenariat entre les deux sociétés correspondait à un besoin de F2A : celui d’investir le marché prometteur des "bâtiments intelligents" (ou smart building). "Enerbee avait la brique technologique permettant de générer, par le mouvement d’une turbine sans câblage, l’énergie récupérée pour alimenter des régulateurs connectés, une technologie dont nous ne disposions pas", explique ainsi Julien Musset, directeur marketing de F2A.
Le premier objectif concret de ce rapprochement reste la perspective de nouveaux marchés potentiels pour l’équipementier. S’il est présent dans des secteurs spécifiques comme le nucléaire, le maritime ou le pétrole et le gaz, l’essentiel (environ 65 %) de son activité est située dans le secteur tertiaire (bureaux, bâtiments publics, boutiques…). "Nous pourrions, grâce à l’e.VAV, nous développer d’avantage sur le tertiaire résidentiel. Il y a de la demande et un intérêt", assure Julien Musset, confirmant avoir récemment livré un premier bâtiment résidentiel en Hollande.
Développer l’export
F2A, qui a investi plus d’un million d’euros en recherche et développement, compte faire des locaux d’Enerbee un "centre d’excellence" partagé pour "faire évoluer cette technologie, notamment en essayant de récupérer plus d’énergie. Nous souhaitons élargir la gamme de nos produits de ventilation connectée", continue Julien Musset. Pour faire de l’e.VAV, assemblé au sein de son usine de Saint-Ouen-sur-Iton (Orne), une "réussite commerciale visible", F2A mise notamment sur l’export, qui représente entre 15 et 20 % de son chiffre d’affaires sur le tertiaire.
Essentiellement situé en Suisse, au Luxembourg, en Belgique et dans les pays du Maghreb francophone, son marché pourrait s’étendre et "intéresser des pays qui développent des systèmes de ventilation haut de gamme", justifie le responsable, en citant notamment le Danemark ou la Suède, plus avancés sur le sujet. "Pour nous, atteindre un objectif de 25 à 30 % d’export sur le tertiaire serait une réussite importante."
Pour s’en donner les moyens, F2A travaille à lever les obstacles et à mettre en place la supply chain de l’e.VAV. "Nous sommes toujours face à une pénurie de semi-conducteurs et le milieu de la ventilation n’est pas très ouvert à l’innovation, faire adopter un nouveau produit prend du temps". L’objectif commun des deux entreprises est d’en vendre au moins 10 000 pièces par an à horizon 2025.
