Le montant est sans précédent, et il illustre l’ambition française en matière de développement de ses parcs éoliens en mer. RTE, le consortium Chantiers de l’Atlantique & Hitachi Energy viennent de signer, à Saint-Nazaire, un contrat de 4,5 milliards d’euros pour la construction de trois plateformes électriques à courant continu en mer et de trois stations de conversion terrestres des parcs éoliens en mer de Normandie & Oléron.
C’est un "accord historique", d’une "ampleur inédite" pour RTE, qui "marque le changement d’échelle dans le développement des parcs en mer et positionne la France dans le paysage des quelques nations européennes capables de construire des grands postes électriques et des stations de conversion à courant continu (HVDC) en mer."
Bruno le Maire, ministre de l’Économie, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, avaient fait le déplacement à Saint-Nazaire, signifiant là l’importance de cette signature pour le gouvernement. Ce dernier souhaite en effet accélérer pour voir la France construire 50 parcs éoliens maritimes d’ici à 2050, représentant 45 GW installés afin de produire environ 20 % de son électricité à partir de l’océan.
Dans les faits, la signature de ce contrat énorme fait suite à un appel d’offres international, lancé par RTE, maître d’ouvrage du raccordement des parcs éoliens en mer. Le géant français des réseaux électriques a sélectionné le consortium Chantiers de l’Atlantique et Hitachi Energy pour la réalisation des postes électriques en mer et des stations de conversion terrestres des 3 futurs parcs éoliens en mer de Normandie et Oléron.
Nouvelle capacité d’énergie renouvelable
Les parties prenantes de cet accord étaient représentées par Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, Laurent Castaing, directeur général de Chantiers de l’Atlantique et Niklas Persson, directeur général de la division Grid Integration chez Hitachi Energy. Dans un communiqué, ce dernier déclarait : "Nous sommes très fiers de poursuivre notre collaboration de longue date avec RTE afin de connecter au réseau français une nouvelle capacité d’énergie renouvelable. Nos modèles de partenariats ainsi que cette dimension multi-projets nous permettent de nous concentrer sur notre technologie historique et reflètent notre stratégie visant à assurer la visibilité nécessaire aux investissements, à la création d’emplois et à poursuivre l’accroissement de notre capacité d’exécution mondiale."
Du côté des Chantiers de l’Atlantique, Laurent Castaing, directeur général du groupe, rappelait que son "cœur de métier, la construction des grands ouvrages maritimes, et notre savoir-faire sans cesse consolidé par la recherche de progrès, nous permet de relever les défis industriels. Nous sommes aujourd’hui au rendez-vous pour la construction et l’installation des plateformes à courant continu. Ce projet d’une ampleur sans précédent est un virage majeur dans la longue histoire de notre chantier naval."
"Ce contrat est une étape majeure, synonyme d'un véritable changement d'échelle, notamment pour l'éolien en mer"
En plus de la construction de navires, les Chantiers sont un expert mondial de la construction de sous-station électrique, des plateformes centralisant la production d'électricité des éoliennes et, après transformation (augmentation de la tension), la renvoyant au continent.
"Le réseau de transport d’électricité est la colonne vertébrale de la transition énergétique, souligne Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE. Sur le chemin de la neutralité carbone, il va faire l’objet d’importants investissements dans les années à venir. Ce contrat est une étape majeure, synonyme d’un véritable changement d’échelle, notamment pour l’éolien en mer. Je suis particulièrement satisfait que cela se traduise par le développement de l’industrie manufacturière en France et en Europe."
Des plateformes plus puissantes et plus grandes
L’innovation essentielle tient à la puissance des plateformes et à leur taille. Dans ce contrat, les plateformes sont d’une plus forte puissance (1250 MW) et d’une plus grande dimension que celles à courant alternatif équipant les premiers parcs éoliens en mer français, comme celui de Saint-Nazaire, opérationnel, ou celui d'Yeu Noirmoutier, en cours de construction.
La nouvelle génération de parcs éoliens en mer est en effet plus puissante et se situe plus loin des côtes : généralement au-delà de 50 km, contre 10 à 15 km pour la première génération. Avantage : elle bénéficie ainsi de vents plus importants et plus réguliers. Mais afin de connecter ces parcs en mer lointaine au réseau électrique terrestre, il est nécessaire d’avoir recours au courant continu. Cette technologie est capable de transporter l’électricité en mer sur de très longues distances.
En Normandie et à Oléron, les plateformes en mer et les stations de conversion à terre, conçues et construites par Chantiers de l’Atlantique et Hitachi Energy, permettront l’intégration sur le réseau de RTE de plus de 3,5 GW de capacité de production d’électricité renouvelable.
100 millions d’euros d’investissement pour les Chantiers de l’atlantique
Pour la construction des trois plateformes en mer, qui seront fabriquées à Saint-Nazaire, Les Chantiers de l’Atlantique vont doubler sa capacité de production de plateformes électriques, en réalisant près de 100 millions d'euros d’investissements industriels dans cette extension. En particulier, l’entreprise s’équipera de la plus grande alvéole de peinture d’Europe et capitalisera sur ses installations industrielles de pointe dont sa cale dotée de portiques soulevant jusqu’à 1 400 tonnes.
Les prochaines annoncent du gouvernement, sur le même sujet, concerneront les parcs de Bretagne Sud.
