Ils sont 20 à avoir intégré la nouvelle promotion de Sud Accélérateur. Parmi eux, Jean-Pascal Decroix, fondateur de STME, au cœur du parc d’activités des Bois de Grasse. Experte des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation depuis une vingtaine d’années, l’entreprise est le "vaisseau amiral" de DX Groupe (70 salariés, CA : 9 M€), cumulant les activités de Sun and Go (photovoltaïque), STME Fire (solutions contre les feux de forêt) ou l’auberge Alpina à Gréolières, station du haut pays grassois, acquise en 2023 "pour créer du lien" au travers notamment de team buildings ou séminaires d’entreprises.
De la croissance pour le territoire
Pendant deux ans, avec 19 autres dirigeants de Paca, "dont 3 Grassois", Jean-Paul Decroix va suivre le programme concocté par Bpifrance et la Région Sud via son agence de développement économique Rising Sud, dédié aux PME prometteuses. "Mon but n’était pas de devenir une ETI, confie-t-il. Pour autant, quand je vois le nombre d’entreprises du BTP qui sont vendues et le nombre de dirigeants de mon âge (56 ans, NDLR) qui sont malheureux et veulent arrêter, je me dis qu’il faudra peut-être, à terme, passer par la case croissance externe. Non pas pour avoir de la croissance, mais bien pour garder des gens qui puissent construire notre territoire." Car pour le chef d’entreprise, RSE s’écrit avec deux S, celui de social et de sociétal, de ses salariés indissociables de ce territoire qu’il chérit.
Refuser certains chantiers
S’il ne rêve donc pas de faire de STME une Entreprise à Taille Intermédiaire, le dirigeant entend bien progresser encore dans cette vision qu’il a toujours eue pour sa PME, portée par la transition énergétique et la décarbonation. "C’était mon intuition au départ. C’est aussi une question de convictions. Alors que nous venons d’achever notre bilan carbone, la décarbonation devient le fil de notre développement. Le scope 3 (les émissions indirectes liées à la chaîne de valeur de l’entreprise, NDLR) nous fait agir sur notre stratégie, pour savoir sur quel métier ou quel détail de chaque métier nous devons agir, ce que nous devons proposer à nos clients et à nos prospects pour les faire décarboner et nous diriger vers le décret tertiaire."
Autre pilier de ce que le dirigeant définit comme du "bon sens paysan" : la proximité. Si une quarantaine de kilomètres seulement sépare les villes de Grasse et Nice, il faut souvent compter plus d’une heure pour parcourir la distance à cause des multiples embouteillages. Le chef d’entreprise n’hésite donc pas à refuser des chantiers en terres niçoises. "L’autoroute étant saturée, les gens d’ici doivent travailler ici, les gens de Nice à Nice, affirme-t-il. Cela permet de moins polluer, d’intervenir plus vite, d’être plus productifs. Notre chiffre d’affaires doit se faire à 80 % sur les communautés de Grasse, Cannes et Antibes, pas plus loin. C’est ainsi que l’on crée du lien avec les collectivités, que l’on se comprend mieux et que tout est plus simple pour travailler dans l’intérêt du territoire."
Indicateurs RSE
Perdre moins de temps et d’énergie dans les embouteillages joue par ailleurs sur le bien-être de ses équipes. Pour Jean-Paul Decroix, ce n’est pas une parole en l’air. Il en a fait la base de son développement. Ainsi a-t-il ajouté des indicateurs RSE aux bilans financiers pour en attester. "Ceux-ci peuvent être moins performants que certains, mais ils montrent que chez nous, il n’y a pas de turn-over, les gens évoluent dans le bien-être, on fait vivre le territoire dans une bonne ambiance et dans la durabilité… la finalité d’une entreprise n’est-elle pas là, plutôt que de réaliser une performance financière ?"
