Il n’y a aucun rapport entre le départ annoncé de Ryanair à l’automne prochain et les nouvelles lignes desservies par Easyjet à partir de cet hiver. Pour autant, le hasard du calendrier confère au discours du président du directoire de l’aéroport de Bordeaux une résonance singulière. "Easyjet est un partenaire solide, dynamique, qui contribue au développement du territoire par des lignes qui ont du sens", insiste ainsi Simon Dreschel. "Nous avons besoin de vous", a-t-il même lancé lors d’un point presse commun aux côtés du directeur adjoint France de la compagnie.
Retour à l’offre d’avant Covid
Présente à l’aéroport depuis 18 ans et dotée d’une base depuis 2018 (une de ses sept en France et une des quatre bases proposées par l’aéroport), Easyjet est en effet la première compagnie aérienne de Bordeaux-Mérignac en parts de marché (31 %). En 2023 elle a transporté 2,2 millions de passagers et emploie plus de 200 salariés sur place, sur ses 1 800 en France.
Alors pourquoi ne pas récupérer les créneaux vacants de Ryanair ? "On verra", répond son directeur adjoint France, Réginald Otten. "Notre objectif premier était de retrouver notre offre d’avant Covid. En 2024, nous pouvons affirmer qu’elle est équivalente à celle de 2019." A Bordeaux, en plus des nouveautés de l’été - Funchal (Madère) et Athènes (Grèce) - deux destinations supplémentaires sont annoncées pour l’hiver : Zurich (Suisse) et Rome (Italie), portant à 33 le nombre de dessertes Easyjet à Bordeaux. Berlin et Bristol sont par ailleurs prolongées sur l’année.
Easyjet ne récupère-t-elle pas ainsi une partie des créneaux de Ryanair ? "Non", répond Simon Dreschel. "À l’inverse de plateformes parisiennes, il n’est pas question de créneaux à Bordeaux." En revanche, il est question de destinations. Sur la vingtaine opérée par Ryanair, une dizaine l’était en exclusivité. Rome a effectivement été assurée par la compagnie irlandaise ponctuellement et Easyjet teste la destination. "Nous proposerons des allers-retours pour le Tournoi des VI Nations, du 21 au 24 février", détaille Réginald Otten.
"Nous attirons l'oeil de toutes les compagnies"
Quant aux annonces fermes sur l’ère post Ryanair, "il est encore trop tôt", affirme l’aéroport. Mais "oui, le téléphone sonne beaucoup et on y travaille activement", confirme la responsable du développement des lignes à l’aéroport, Cyrielle Clément. ''Nous attirons l’œil de toutes les compagnies, qu’elles soient déjà présentes ou non sur la plateforme.''
Dans tous les cas, l’aéroport n’est pas décisionnaire. "C’est un marché assez libre", rappelle Simon Dreschel. "L’aéroport ne dit pas oui ou non aux compagnies. C’est un facilitateur qui peut donner son avis." Et s'entendre ou non sur les prix, point d'achoppement avec la compagnie Irlandaise qui plie bagage et abandonne sa base fin octobre. Passé le fracas de la porte claquée, la direction de l’aéroport voit dans ce départ l’occasion de redistribuer les cartes. "Nous ne recouvrirons pas le trafic passager. Nous sommes dans une logique de développement du trafic modéré et qui fait sens. Recouvrir 1,7 million de passagers (l’équivalent de Ryanair en 2023) en un an serait énorme."
