Que ce soit dans les manuels ou dans les discours des dirigeants, lorsqu’il s’agit de savoir d’où vient la performance, l’efficience est bien souvent mise en avant. Pour une entreprise donnée, la source de sa performance serait sa capacité, plus que ses concurrentes, à optimiser le rapport entre ses résultats et ses ressources ainsi qu’à exploiter de la meilleure façon possible ces dernières.
Frederic Taylor, au début du vingtième siècle avait théorisé l’idée de "one best way". Ce qui pourrait se traduire par "la meilleure manière possible d’organiser le travail". Herbert Simon avait ensuite, en s’intéressant aux processus de décision, proposé le concept de "second best choice". Il défendait alors l’idée que l’optimum n’était pas atteignable et qu’il fallait viser le meilleur choix possible parmi ceux dont nous avons les moyens (financiers, temporels, humains, etc.) d’atteindre.
Atteindre un optimum
Ces approches reposent sur l’idée qu’il y a effectivement un optimum, un meilleur choix possible, une meilleure solution ou encore un meilleur comportement dans une situation donnée. Le rôle du management serait alors de se rapprocher de cet idéal en optimisant le fonctionnement organisationnel et les comportements des individus. Cette vision est encore aujourd’hui très répandue. C’est elle qui sous-tend une bonne partie de la conception des outils de gestion et de pilotage de la performance : KPI, tableau de bord, contrôle de gestion, évaluation des compétences, etc.
Optimisation et pilotage par la mesure
Pourtant, une autre manière d’appréhender la question de la performance est de plutôt considérer qu’elle est à la fois relative et située. Elle est relative à ce dont l’entreprise a besoin pour survivre et se développer en fonction de ses objectifs. Elle dépend de la situation dans laquelle l’entreprise se trouve et des moyens et ressources dont elle dispose. L’enjeu est alors, plutôt que d’optimiser, de définir un fonctionnement organisationnel et des comportements qui conviennent, c’est-à-dire qui permettent de pérenniser la réalisation du travail et la place de l’entreprise sur son marché tout en permettant d’avancer de manière suffisante et raisonnable vers l’atteinte de ses objectifs.
La recherche de la meilleure performance possible à travers une gestion tournée vers l’optimisation et le pilotage par la mesure est peut-être la bonne solution. Mais une autre option consiste à se tourner vers un management pragmatique, centré sur la recherche d’un fonctionnement et de comportements au travail adaptés à la situation de l’entreprise et aux situations de travail des salariés.
