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Dissolution et législatives anticipées : quels impacts sur l’économie et les entreprises ?
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Dissolution et législatives anticipées : quels impacts sur l’économie et les entreprises ?

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Dans l'attente des élections législatives, les conséquences économiques de la période sont difficiles à mesurer. Mais quelques indicateurs financiers sont déjà chahutés et une forme d'attentisme est anticipée. Décryptage avec Marc Lhermitte, associé chez EY et Radouane Abdoune, professeur de finance pour Kedge Business School.

Les investissements internationaux risquent d’être mis sur pause en attendant de retrouver une certaine stabilité politique — Photo : Microsoft

Un CAC 40 qui fait sa pire semaine en deux ans (-6,23 %), un écart de taux entre les obligations françaises et allemandes en hausse… Certains indicateurs ont révélé que les marchés financiers ont réagi immédiatement après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, dimanche 9 juin. Côté dirigeants, les organisations patronales et d’autres associations ont d’abord joué la prudence. Mais qu’en est-il de l’impact sur l’activité des entreprises ?

"La soudaineté de la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections législatives ont pris tout le monde de court, y compris les marchés financiers", estime Radouane Abdoune, professeur de finance pour Kedge Business School. Après ces annonces, Marc Lhermitte, associé chez EY, anticipe même une "période chahutée d’au moins trois mois avec des chefs d’entreprises préoccupés".

La fiscalité et les orientations budgétaires dans l'incertitude

Avec le lancement officiel de la campagne et les diverses propositions des partis politiques, certains sujets deviennent incertains comme la fiscalité et les orientations budgétaires. Radouane Abdoune relève que "les entreprises ont investi dans la transition écologique car il y a une volonté politique de l’encourager, ce qui est une question de majorité et de bord politique".

Autre niveau d’inquiétude pour les dirigeants : les dépenses additionnelles que pourrait représenter l’application des programmes. "Les grands corps comme le Medef et l’Afep ont alerté sur le peu de moyens qu’ont la France et les entreprises d’absorber ces dépenses et cette fiscalité additionnelles", rappelle Marc Lhermitte.

Une conséquence sur les investissements internationaux

La stabilité des décisions économiques des dix dernières années a "favorisé les investissements et la confiance pour recruter - deux millions d’emplois ont été créés - et les entreprises étrangères sont revenues", indique Marc Lhermitte.

Les programmes des partis candidats aux législatives, notamment sur les sujets fiscaux, les salaires, les marchés internationaux ou encore la capacité à faire venir des sous-traitants non européens, provoquent un attentisme. "Il n’est pas possible de confirmer un business plan dans une période où cette stabilité pourrait être remise en cause", ajoute Marc Lhermitte.

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Les dirigeants mettraient donc leurs décisions d’investissements structurant sur pause, en attendant septembre prochain. "Ce n’est pas anodin quand on sait qu’il y a 6 000 décisions d’investissements étrangers en Europe chaque année, qui sont adossées à la perspective de soutien d’un pays à telle ou telle politique. La France est confrontée à la concurrence des autres pays européens et des projets vont nous échapper", ajoute l'expert. En 2023, la France a bénéficié de 1 200 décisions d’investissements étrangers.

Quelles incidences sur les PME ?

Les entreprises, et notamment les PME, vont-elles se retrouver pénalisées par cette situation politique ? "Cet épisode vient aggraver la situation, avec la hausse des taux d’intérêt notamment, alors qu’il y avait déjà des signaux négatifs avec une baisse de la demande et une croissance faible", selon Radouane Abdoune.

Marc Lhermitte anticipe "un effet sur la sous-traitance dans une économie qui ralentirait encore plus, après avoir déjà décéléré". Les enjeux autour de la fiscalité et du déficit s’appliquent aussi aux PME qui sont cependant moins exposées au risque d’une image dégradée de la France.

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