Connue comme solution d’intelligence commerciale passant au crible des milliers d’appels d’offres quotidiens dans le secteur l’énergie, la start-up montpelliéraine Deepbloo (11 salariés) veut aller plus loin en misant sur l’intelligence artificielle (IA) générative. Elle lève 500 000 euros auprès de business angels et de Bpifrance pour financer un programme de R & D de 12 à 18 mois, avec l’ambition de décupler la puissance de sa plateforme en intégrant cette technologie.
Une veille plus exhaustive
Jusqu’ici, Deepbloo développait ses propres modèles d’IA, qu’elle entraînait pour collecter et qualifier des millions de données hétérogènes issues des appels d’offres de l’énergie (type de travaux, niveaux de puissance, départements, montants…). Avec un service R & D comptant bientôt trois ingénieurs, elle veut utiliser l’IA générative créée par la société parisienne Mistral AI pour détecter des critères hyperprécis dans cette masse de données non agrégées. L’exhaustivité de sa plateforme, qui traite 6 000 appels d’offres par jour, sera ainsi notablement renforcée. "Nos modèles actuels gèrent des millions de données en plusieurs langues, principalement le Français, l’Allemand, l’Espagnol et l’Anglais. Avec l’IA générative, nous allons donner une dimension universelle à notre solution, en lui permettant de traiter des appels d’offres rédigés en Mandarin (pour les Chinois, NDLR) et en Hindi (pour les Indiens, NDLR), ou des appels d’offres en plusieurs langues pour les marchés multisites", illustre Alexandre Guillemot, PDG de Deepbloo.
Une deuxième offre généraliste
Par ailleurs, Deepbloo s’apprête à lancer une nouvelle plateforme, destinée au marché français, profitant de l’expérience accumulée en couvrant, à travers le prisme énergétique, des milliers de marchés publics ouverts par les donneurs d’ordres. Cette offre exploitera les plateformes d’appels d’offres publics et d’avis d’attribution (Bulletin officiel des annonces des marchés publics, Journal Officiel européen, sites des collectivités territoriales…) pour aider les contractants ou sous-traitants à cibler tout type de marché : espaces verts, restauration collective, transport de personnes, etc. "Notre cœur de métier consiste à agréger de la donnée. Cette expertise a d’abord été largement reconnue dans le secteur de l’énergie par de grands clients référents tels qu’Engie, General Electric ou MK Solar. Nous disposons désormais d’une maturité plus élevée pour proposer une offre sur tous secteurs", commente Alexandre Guillemot.
Activer l’internationalisation
Le lancement commercial de ces nouvelles offres se doublera d’une réorganisation de la stratégie marketing : en approfondissant ses marchés, la start-up sera en capacité de traiter, au total, entre 200 000 et 300 000 appels d’offres quotidiens de façon automatisée. "Au lieu d’aller vers les gens, cela nous permettra de laisser les prospects venir à nous", précise le dirigeant, qui prévoit un doublement de l’activité en 12 mois.
Si le premier marché de Deepbloo est la France, elle se développe en Europe avec des partenariats commerciaux, et se tourne désormais résolument vers la Chine. "Les plus grands fabricants de panneaux photovoltaïques sont chinois. Ils cherchent à faire du business à l’international en se positionnant sur les appels d’offres lancés en Afrique et en Europe de l’est, et nous disposons précisément de ces données", se projette Alexandre Guillemot, qui veut porter son portefeuille de clients étrangers de 3 à une vingtaine dès 2024.
