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Dans la Manche, Lis By Lesaffre intègre une unité de séchage industriel "à 95 % décarboné"
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Dans la Manche, Lis By Lesaffre intègre une unité de séchage industriel "à 95 % décarboné"

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Idex, acteur de l’énergie bas-carbone, fournit à Lis By Lesaffre une énergie "décarbonée à 95 %" pour alimenter sa centrale de production de vapeur à Cérences (Manche). Et ce, grâce à une centrale biomasse permettant de réduire drastiquement la consommation de gaz. Un atout pour la filiale du groupe Lesaffre, expert de la fermentation et des levures pour l’alimentation, dont certains clients visent le zéro carbone.

À Cérences, Lis by Lesaffre regroupe trois activités différentes : le séchage industriel, la mise en sachet de levure et la fabrication de produits de panification — Photo : Lesaffre

Le groupe nordiste Lesaffre est un acteur mondial majeur de la fermentation depuis plus d’un siècle. Notamment connu pour ses levures destinées à l’alimentation. Il génère trois milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, et est implanté sur tous les continents, avec 11 000 collaborateurs et plus de 85 nationalités. Lis basée à Cérences est sa première filiale depuis 1975.

Lis By Lesaffre a fait le choix d’une chaudière biomasse en remplacement de sa chaudière à gaz devenue obsolète. Pour adopter cette nouvelle énergie, elle a souhaité déléguer la production d’énergie à Idex pour 15 ans de façon contractuelle. "Nous avons attribué un espace pour la construction de la chaudière à Idex, et avons élaboré un cahier de charges qui l’oblige à nous fournir une énergie décarbonée à 95 %"explique Franck Auger, directeur général de Lis By Lesaffre.

Réduction drastique de l’utilisation de gaz

Soutenu par l’Ademe à hauteur de 2,9 millions d’euros dans le cadre de l’appel à projets BCIAT (Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire), le projet a fait l’objet d’un investissement complémentaire du Groupe d’Idex de près de 8 millions d’euros. La chaufferie est alimentée à 70 % par des plaquettes forestières prélevées à moins de 150 km du site industriel et à 30 % par du bois d’emballage en fin de vie.

"Aujourd’hui, le bois nous permet d’avoir une stabilité au niveau de nos prix et d’assurer des prix compétitifs pour nos clients", décrypte le directeur Franck Auger — Photo : Ingrid Godard

Franck Auger, ingénieur de formation qui a fait toute sa carrière dans le groupe Lesaffre, a une parfaite connaissance des enjeux. "Nous transformons des produits liquides en poudres. Nous sommes les seuls en Normandie à le faire. Le liquide est pulvérisé en fines gouttelettes et grâce à un courant d’air chaud, l’eau est évaporée", explique-t-il. L’activité de séchage industriel de liquide est dédiée à 30 % du volume au groupe Lesaffre.

Et pour 70 % de son activité, elle intervient comme prestataire pour des grands groupes. Extraits naturels, fruits et légumes, arômes, mais aussi produits laitiers ou matières premières à usage pharmaceutique sont ainsi modifiés. Ils sont ensuite utilisés par les clients de Lis dans l’élaboration de plats cuisinés, sirops, médicaments. "On a vraiment senti le besoin de la décarbonation chez nos clients. Certaines entreprises se projettent au zéro carbone dès 2030, assure Franck Auger. Cette tendance est aussi liée à une hausse du prix des quotas de CO2."

Grâce à cette centrale biomasse de production de vapeur, en service depuis le mois de février, l’entreprise a drastiquement réduit son utilisation de gaz. "Il est désormais utilisé en appoint et en secours uniquement. Nous pouvons ainsi décarboner notre production de vapeur à hauteur de 95 %", résume Franck Auger. Il permettra, selon l’entreprise, "d’éviter l’émission de 13 500 tonnes de CO2 par an".

Une seconde vie pour les eaux usées

"En outre, nous avons un projet imminent, permettant de potabiliser l’eau en sortie de notre station d’épuration, indique Franck Auger. Elle pourra être réutilisée dans notre système industriel pour assurer le traitement des poussières des cheminées, ce qui représentera une baisse de 30 % de notre consommation annuelle." L’équivalent de 36 000 m³ d'eau économisés chaque année.

Les équipes s’intéressent également au moulin Saint-Nicolas, situé à proximité de l’usine. "Nous aimerions remettre en service la centrale hydroélectrique qui s’y trouve, et qui nous permettrait de produire environ 400 mégawatts d’électricité verte par an." Ce projet est encore à l’étude.

70 millions de chiffre d’affaires

D’autres activités sont aussi réalisées à Cérences comme le conditionnement des levures ménagères qui est le cœur de métier du groupe Lesaffre. Chaque année, 100 millions de sachets sont emballés dans l’usine. Lis est aussi fabricateur d’ingrédients pour la panification, et en produit 14 000 tonnes. "Un pain sur trois dans le monde utilise nos compositions" se réjouit Franck Auger.

Avec 270 salaries titulaires sur ce site de 20 000 m² , la masse salariale est complétée par une cinquantaine d’intérimaires selon les besoins. L’an dernier, la filiale a réalisé 70 millions d’euros de chiffre d’affaires.

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