Ce n’est pas un "remake" de Toys Story, mais pas loin. Dans ce hangar de Retiers, en Ille-et-Vilaine, des milliers de jouets s’apprêtent à reprendre vie. La société Copains des jouets, fondée en mai 2023 par Fabrice Delalande, a imaginé une solution particulière pour récupérer les jouets dont les familles ne veulent plus ou qui encombrent leurs greniers, et leur donner une seconde vie. Son dirigeant a en effet choisi non pas le statut associatif, mais bien de créer sa SAS pour "créer une solution industrielle et réfléchir à une nouvelle organisation, car aucune filière n’existait jusqu’alors", raconte le fondateur, qui bénéficie du soutien de six associés dont des business angels.
100 000 tonnes de jouets jetés par an
Ancien batteur dans un groupe de Rock, chargé de projets dans le monde du roller, puis responsable périscolaire à la Ville de Rennes, Fabrice Delalande a eu son idée en partant d’un constat. "100 000 tonnes de jouets sont jetées chaque année en France, soit environ 1 000 tonnes pour l’Ille-et-Vilaine, expose d’abord ce passionné de jouets. À cela s’ajoutent 3 400 tonnes qui dorment dans les greniers." Copains des jouets est donc né pour collecter, trier et valoriser tous les jouets et leurs déchets (y compris des petites pièces de plastique ou morceaux égarés), dans une démarche d’Économie sociale et solidaire. Reconnue Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS), la jeune structure emploie pour l’instant deux personnes, mais a pour objectif d’embaucher des personnes autistes dès que les ventes s’accéléreront. Son concept lui a ainsi permis de remporter un Trophée de l’entreprise inclusive par le Medef 35.
Un marché potentiel de 3 millions d’euros
Pour l’instant, il dispose de 9 tonnes de jouets récoltés à 50 km à la ronde, auprès de centres de loisirs, écoles, collectivités, entreprises… "Si nous arrivons à atteindre les 200 tonnes d’ici à cinq ans, nous serons 30 collaborateurs et réaliserons 3 millions d’euros de chiffre d’affaires". Mais pour cela, Copains des jouets cherche d’autres partenaires, dont des entreprises industrielles qui lui permettraient de mieux valoriser sa matière, notamment le plastique qui peut être recyclé. Actuellement, 50 % des jouets récoltés sont nettoyés et revendus, via un site e-commerce. Le reste est en partie transformé. "Nous les détournons pour leur redonner une autre vie, explique Fabrice Delalande. Un jeu de cartes peut être transformé en boucles d’oreilles, des échecs en horloge, des têtes à coiffer en cache-pots…" L’équipe, un brin artiste, fait preuve de créativité. Enfin, le reste des jouets peut être broyé pour repartir dans la production. Copains des jouets voudrait investir dans sa propre ligne de broyage et une imprimante 3D industrielle pour créer des objets artistiques avec ses salariés autistes. L’investissement nécessaire est de 200 000 euros, que Copains des jouets cherche à financer.
Adresser les marchés publics
En attendant, pour accélérer, Fabrice Delalande a élargi ses marchés. De la vente en B to C, il s’ouvre davantage au B to B et aux marchés publics, afin de proposer ses jouets aux professionnels et collectivités marchés publics (crèches, structures de loisirs…).
