En partenariat avec Le Journal des Entreprises, Entreprise du Futur vient de récompenser, ce mercredi 3 juillet 2024 à Lyon, six entreprises françaises qui ont réussi se réinventer, renaître ou révolutionner leur marché. Parmi elles, Chamatex, lauréat du trophée Transformation collaborative.
En 2004, Chamatex semblait vouée au triste sort des entreprises textiles françaises, laminées par la concurrence asiatique. En redressement judiciaire, la PME ardéchoise était passée de 800 à 125 salariés, au fil des restructurations. Elle n’en comptait plus que 50, en 2011, lors de sa reprise par l’un de ses managers, Gilles Réguillon, qui en devient le PDG. Sa première décision : rompre la spirale du low cost. "Nous avons abandonné le textile standard et nous sommes positionnés sur des activités innovantes, à forte valeur ajoutée, comme le textile technique, le sport et l’ameublement", explique-t-il.
Made in France
Mais où trouver les ressources nécessaires à une telle montée en gamme ? "Dans le collaboratif", répond la nouvelle version de Chamatex. L’entreprise s’associe notamment au groupe lyonnais Zebra, expert en stratégie et financement de l’innovation. De cette coopération naît Matryx®, un textile ultraléger, respirant et très résistant, aussitôt plébiscité par les plus grandes marques de chaussures de sport, et devenu un best-seller mondial.
Chamatex et Zebra élargissent bientôt leur partenariat à trois géants du footwear (Babolat, Millet, Salomon) et à deux fabricants de machines-outils (Siemens et Bosch) pour mener à bien un projet XXL : la construction à Ardoix, dans le fief ardéchois de Chamatex, d’un site robotisé de production de chaussures de sport, apte à rivaliser avec les coûts chinois, philippins ou vietnamiens.
La nouvelle usine, Advanced Shoe Factory 4.0, est inaugurée en 2021, visitée en 2023 par Emmanuel Macron, et affiche déjà le plein de commandes, offrant aux marques une solution de moindre dépendance à l’égard du "Made in Asia".
Le pari de l’innovation
En dix ans, Chamatex a ainsi conçu et lancé des textiles innovants sur six marchés principaux, depuis les uniformes de travail - militaires, pompiers, policiers… - jusqu’aux tissus médicaux et d’hygiène, en passant par la maroquinerie de luxe et la course automobile. La PME équipe notamment 80 % des pilotes de Formule 1… dont Romain Grosjean, coincé dans sa voiture en flammes, en 2020, et ressorti sans brûlure grâce au savoir-faire ardéchois.
Tout au long de sa renaissance, le Phoenix Chamatex a su nouer les bons partenariats au bon moment. En 2022, par exemple, il crée - toujours avec Zebra - l’accélérateur de projets TexInn Lab, dédié au textile hexagonal, qui contribue à l’élaboration d’une marque de vêtements éco-conçus, réparables à vie.
Atteindre une taille critique
"Nous avons également investi beaucoup dans la croissance externe, afin de compléter et d’élargir notre offre", précise Gilles Réguillon. Les acquisitions récentes de Rocle et de Moondream, entre autres, ont fait de Chamatex un leader du textile technique pour l’ameublement, tandis que le rachat d’Insoft, fabricant isérois de sneakers, renforce l’intégration du groupe sur le marché de la chaussure made in France.
Chamatex emploie aujourd’hui 350 salariés pour un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros - multiplié par 8 en 12 ans. Prochaine étape de son développement : les textiles intelligents, thermorégulateurs. Toujours en partant d’une trame finement serrée de partenaires.
