CBM accélère sa diversification avec deux récentes acquisitions
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CBM accélère sa diversification avec deux récentes acquisitions

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En moins d’un an, le groupe manceau CBM a réalisé deux acquisitions et opéré une prise de participation majoritaire dans une start-up savoyarde. L’occasion pour le spécialiste de la fourniture de pièces de rechange pour les véhicules de transports en commun de se diversifier et d’appréhender les changements à venir dans un secteur en pleine mutation.

CBM vise un objectif de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 — Photo : CBM

Le groupe manceau CBM, pour Cars et Bus Maintenance, est l’un des principaux acteurs de la fourniture de pièces de rechange pour les bus, autocars, tramways et métros. Avec plusieurs filiales en Europe, au Canada, aux États-Unis et en Australie, il entame une diversification de ses activités depuis un an avec deux croissances externes : l’intégration de la start-up nantaise Stimio, la reprise du groupe de carrosserie Besset, à Villeurbanne (Rhône), et plus récemment une prise de participation majoritaire dans Retrofleet, en Savoie, une start-up qui a mis au point un procédé de rétrofit pour les autobus. CBM a également fait l’acquisition en juillet 2023 de Stimio, à Nantes (Loire-Atlantique), qui propose une solution de maintenance prédictive.

55 % à l’international

Avec 120 000 références en catalogue et plus de 30 000 en stock, pour un montant avoisinant les 45 millions d’euros, CBM est le plus important acteur mondial de la fourniture de pièces de rechange pour les réseaux urbains et interurbains. Basé au Mans, le groupe compte pour clients les principaux exploitants de réseaux de transports français, Keolis, Transdev ou RATP Dev, qui sont aussi les plus grands opérateurs mondiaux. Naturellement, CBM les a accompagnés à l’international et a développé du même coup une clientèle dans d’autres pays. L’export compte aujourd’hui pour 55 % dans le chiffre d’affaires du groupe qui s’établissait à 176 millions d’euros en 2023.

Trois continents

Présent au Canada, aux États-Unis, en Australie, le groupe manceau compte aussi des filiales en Espagne, Italie, Allemagne, Pologne et République tchèque. Ses concurrents sont les services après-vente des constructeurs de véhicules eux-mêmes, et des distributeurs indépendants. "Dans chaque pays nous avons des concurrents locaux, explique Robert Khanoyan, directeur achats et marketing de CBM, mais ils sont souvent spécialisés sur un type de véhicule. Nous sommes quasiment les seuls à travailler aussi bien pour les autocars et les bus que pour les tramways et les métros, avec des pièces pour toutes les marques de véhicules. Notre métier historique est d’acheter des pièces chez les équipementiers, de les stocker et les livrer aux utilisateurs."

Robert Khanoyan, directeur des achats et du marketing du groupe CBM — Photo : CBM

70 salariés au Mans

Ces utilisateurs sont tout aussi bien les grands opérateurs de transports urbains et périurbains que les groupes ou PME spécialistes du transport de voyageurs, opérant sur des lignes régulières ou pour le transport scolaire. Au total, CBM travaille pour environ 4 000 clients dans le monde dont 1 500 en France. Le groupe manceau exerce cette activité de négoce de pièces pour bus et autocars depuis 1986 et le volume augmente régulièrement. De 45 salariés en 2009, il est passé quinze ans plus tard à un effectif d’environ 150 collaborateurs sous la bannière CBM, dont 70 au Mans. Et depuis quelques années, le groupe se diversifie, en développant les services.

Ouverture au rail

Cette diversification, CBM l’a entamée en 2016, avec la reprise de Tramobus, à Moirans (Isère). Aujourd’hui, cette filiale, rebaptisée CBM Rail, emploie une quinzaine de personnes et approvisionne en pièces de rechange les réseaux d’exploitants de tramways et de métro - ce que ne proposait pas CBM jusqu’alors - et propose aussi une activité de services. Avec des partenaires spécialisés dans la maintenance, elle a par exemple remporté à Dublin, en Irlande, le marché de la maintenance des bougies des tramways, sur l’un des plus importants réseaux du monde exploité par le français Transdev. "Dans ce type de partenariat, explique Robert Khanoyan, nous apportons le leadership de la négociation, l’ingénierie, le pilotage du projet et nous fournissons les pièces, notre partenaire assurant quant à lui la maintenance sur le site. Nous voulons accroître cette activité de services car dans le rail comme dans les bus et autocars, il y a beaucoup de synergie entre la fourniture de pièces et les services." CBM Rail a aussi ouvert un atelier de reconditionnement des pantographes, ces dispositifs articulés installés sur les trains et tramways permettant de capter le courant en frottant sur la caténaire.

Start-up nantaise

Ce souhait de la diversification s’inscrit dans un plan stratégique défini par CBM il y a trois ans. "Même s’il est toujours en croissance, le marché est en pleine évolution et on ne produira plus de véhicules thermiques en 2035, poursuit Robert Khanoyan. Nous voulons accompagner nos clients dans ce contexte de mutation tout en élargissant notre activité." Ainsi, en juillet 2023, le groupe CBM a fait l’acquisition de la start-up nantaise Stimio. Forte d’une dizaine de personnes, elle propose des solutions de maintenance prédictive aux opérateurs dans le domaine ferroviaire. "Les solutions de Stimio récupèrent des données et les enrichissent continuellement, les analysent et fournissent des prévisions de maintenance, explique Robert Khanoyan. Nous y avons vu la possibilité de les appliquer aussi aux bus et autocars, ce que nous allons maintenant développer."

Rétrofit

Toujours dans le domaine des cars et autobus, CBM a également repris, en décembre 2023, le groupe de carrosserie Besset, basé à Villeurbanne (Rhône), qui possède aussi un atelier à Goussainville (Val-d’Oise). Avec 80 salariés pour un chiffre d’affaires de près de 15 millions d’euros, il est un acteur important de la réparation de bus et autocars. Quelques mois après cette reprise, fin avril dernier, le groupe manceau a également opéré une prise de participation majoritaire, à hauteur de 70 %, dans le capital de Retrofleet, à Sainte-Hélène-du-Lac, en Savoie. "Cette start-up d’une dizaine de personnes est la première en Europe à avoir obtenu l’homologation pour convertir les moteurs thermiques du modèle d’autocars Crossway d’Iveco, qui est le plus répandu en Europe, en moteurs électriques, précise Robert Khanoyan. L’objectif est de proposer à nos clients cette solution de transformation. Elle présente un réel intérêt, avec une forte connotation environnementale. Elle est moins coûteuse et plus rapide que l’achat d’un véhicule neuf. Nous allons ouvrir dès cette année deux premiers sites d’assemblage, l’un à Nantes et l’autre probablement dans la région de Grenoble."

Objectif : 200 millions d’euros de chiffre d’affaires

Outre le rétrofit, dans lequel il voit un véritable levier de développement, le groupe manceau s’oriente aussi dans d’autres directions en lien avec la transition environnementale. Il travaille sur le développement de gammes de pièces réparées et a déjà lancé un partenariat avec une société rennaise pour réparer les cartes électroniques des véhicules de ses clients, avec le souhait de proposer de plus en plus, en parallèle de sa vaste gamme, des pièces reconditionnées. Mais pour l’heure, il s’agit pour CBM d’absorber les récentes opérations de croissances externes réalisées récemment. Avec deux acquisitions et une prise de participation majoritaire en neuf mois, il a fortement accéléré sa diversification, est passé de 150 à près de 250 collaborateurs, et ambitionne d’approcher les 200 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, avec une prévision établie à 19 millions d'euros.

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