Aixam muscle son offre de véhicules électriques pour surfer sur le boom des voitures sans permis
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Aixam muscle son offre de véhicules électriques pour surfer sur le boom des voitures sans permis

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Aixam, entreprise savoyarde de voitures sans permis dont les ventes de véhicules ont progressé de 50 % en volume depuis le Covid grâce à leur essor auprès des adolescents, va inaugurer deux unités de production dans la Drôme. Un projet à 30 millions d’euros qui devrait lui permettre de répondre à l’accélération de la demande. Objectif : 350 millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2028.

Olivier Pelletier a pris les rênes d’Aixam à l’automne 2023. Il espère atteindre 350 millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2028, grâce au développement de l’électrique et en gagnant de nouvelles parts de marché — Photo : Franck PETIT

Depuis la fin du mois d’août, deux nouvelles unités de production de 6 000 m² chacune, destinées à fabriquer les châssis et pièces de carrosserie des voitures sans permis du constructeur savoyard Aixam (350 salariés ; 220 M€ de CA en 2023) sont entrées en fonction. Situées à Andancette, sur les rives du Rhône drômois, ces unités sont venues compléter une première usine inaugurée au printemps 2023 et destinée à transférer les opérations de montage et d’assemblage du siège de l’entreprise à Aix-les-Bains, en Savoie.

Un projet à 30 millions

Montant total de ce projet, soutenu par France Relance : 30 millions d’euros, soit le plus gros investissement que la société ait réalisé depuis vingt ans. Un agrandissement destiné à accompagner la forte croissance d’Aixam et qui devrait lui permettre de doubler ses capacités de production annuelles. Trente personnes ont été embauchées l’an dernier pour s’occuper de la mise en route de ces nouvelles unités.

"À Aix-les-Bains, et Chanaz (Isère) nous avions atteint le maximum de nos capacités de production. Avec le développement du marché des jeunes et le potentiel que ce secteur représente, nous devrions être en mesure de faire des volumes beaucoup plus importants ces prochaines années", explique Olivier Pelletier, directeur général de l’entreprise.

Le nouveau site de production drômois d’Aixam devrait lui permettre de doubler ses capacités de production — Photo : Aixam

Hausse de 50 % des ventes de véhicules

Le constructeur, passé dans le giron de l’Américain Polaris en 2013 connaît ainsi une forte croissance depuis quatre ans, avec un chiffre d’affaires passé de 150 millions d’euros en 2021 à 220 millions en 2023. "Nous avons vendu 19 300 véhicules en 2023, contre 13 000 en 2019, soit une hausse de 50 % environ. Nous avons doublé notre activité depuis notre rachat il y a dix ans", poursuit Olivier Pelletier. Ce dernier, qui a pris les rênes de l’entreprise en octobre 2023 après avoir dirigé le fabricant d’utilitaires électriques Goupil, autre filiale du groupe Polaris, possède de grandes ambitions pour Aixam. "Nous devrions continuer d’avoir une croissance de 5 % à 10 % tous les ans et espérons dépasser les 350 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2028", avance Olivier Pelletier.

Essor du marché des jeunes

Une progression notamment soutenue par l’engouement des collégiens et lycéens pour les voitures sans permis, considérées comme un moyen de transport plus sûr que le scooter traditionnel. "Il est difficile d’estimer le volume exact de nos ventes auprès des jeunes puisque les voitures achetées sont immatriculées au nom des parents", tempère le président. "Mais nous avons l’ambition de faire croître cette part de marché afin d’être un bon second, derrière le leader Stellantis avec sa Citroën AMI", explique encore le dirigeant. Pour se distinguer des voitures sans permis de la marque au double chevron, largement majoritaire auprès des jeunes, avec 70 % du marché, Aixam a décidé de miser sur sa marque de fabrique : le haut de gamme, made in France.

Très attachés au savoir-faire français

Ainsi, à la différence des véhicules électriques AMI, fabriqués au Maroc et dont le prix d’entrée est de 6 500 euros, les premiers prix chez Aixam tournent plutôt autour de 10 500 euros pour les modèles thermiques et 11 999 pour les versions électriques. "Toutes nos pièces de carrosserie et nos châssis sont produits en France et nos fournisseurs sont à 80 % des Européens. Nous sommes très attachés à ce savoir-faire français", avance le dirigeant. "Nous ne pourrons pas concurrencer Stellantis. Mais ce n’est pas notre objectif", poursuit-il.

Aixam emploie 350 personnes et a embauché 30 nouveaux salariés l’an dernier — Photo : Aixam

Continuer à se développer sur le marché des personnes âgées

Autre marché sur lequel Aixam souhaite continuer de progresser et qui représente sa clientèle historique : celui des personnes âgées et handicapées. "Historiquement, nous partageons 50 % des parts du marché des personnes âgées avec notre concurrent Ligier. Mais nous sommes récemment parvenus à prendre des parts et pesons désormais plus gros que lui sur ce secteur", explique encore Olivier Pelletier. Implanté à Abrest (Allier), Ligier, qui compte 570 salariés, a réalisé l’an dernier 178 millions d'euros de chiffres d’affaires.

Selon le dirigeant, d’Aixam, la bonne gestion de l’approvisionnement de son entreprise pendant le Covid lui a notamment permis de devancer les autres fabricants. "Nous n’avons pas connu de problèmes de disponibilités des pièces pendant l’épidémie, contrairement à certains de nos concurrents. Ce qui nous a amenés de nouveaux clients", poursuit Olivier Pelletier.

Accroître le segment du leasing

Soucieux de garantir un service après-vente de qualité et des conseils aux acheteurs, le fabricant savoyard a fait le choix de commercialiser ses véhicules via un réseau de concessionnaires sur toute la France. "Nous sommes distribués dans 230 points de vente, via 150 concessionnaires, ce qui nous donne une proximité avec le client", explique le dirigeant. Ces distributeurs peuvent proposer les véhicules à la vente ou en leasing, une offre en plein développement et qui a représenté l’an dernier 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. "Nous devrions atteindre 30 % de notre activité sur le segment leasing cette année", estime Olivier Pelletier.

Afin de simplifier le financement de ses véhicules, notamment auprès des plus jeunes, l’entreprise a créé Aixam Finance à l’automne 2022, en partenariat avec Sofinco Auto, filiale du Crédit Agricole. Les offres de financement proposées par les deux acteurs s’accompagnent de l’assurance des emprunteurs, de l’assurance garantie Valeur d’Achat et de la garantie Perte financière en cas de vol ou de destruction du véhicule. "Ces programmes permettent aux revenus plus modestes de s’équiper avec nos modèles. 50 % des personnes qui possèdent une voiture sans permis appartiennent à un foyer dont les revenus sont inférieurs à 5 000 euros", termine le dirigeant.

ENCADRE

Miser sur l'électrique

Si le constructeur français propose des véhicules électriques depuis 2008, il vient de renforcer son offre avec trois nouvelles variantes, l'e-Minauto Access, l'e-City Pack et l'e-Scouty Evo. "Les véhicules électriques, qui possèdent 60 kilomètres d'autonomie pour les premiers modèles, sont particulièrement adaptés aux besoins des jeunes, qui font généralement des trajets relativement courts entre leur domicile et leur collège lycée ou pour se rendre à leurs activités", explique Olivier Pelletier. L'an dernier, Aixam a commercialisé 2 500 voitures électriques, soit environ 13 % de ses ventes et ce type de véhicules devrait atteindre 30 % de sa production d'ici 2025. "Nous ne nous sommes pas fixés d'objectif en termes de production pour l'électrique. Notre stratégie est d'offrir un produit compatible dans les deux gammes et de nous adapter à la demande du client", poursuit le dirigeant, qui rappelle que sa clientèle plus âgée et périurbaine a besoin de plus d'autonomie sur son véhicule. L'évolution naturelle du marché devrait néanmoins acheminer le constructeur vers une production équitablement répartie entre le thermique et l'électrique, puis vers une répartition 80 %/20 % d'ici 2030. "Le 100 % de voitures électriques à horizon 2030 exigé par la législation ne concerne pas notre segment de véhicules sans permis. Néanmoins, les normes d'émissions, de plus en plus contraignantes et l'accélération de la production de l'électrique devraient entraîner une inversion des prix entre le thermique et l'électrique", estime Olivier Pelletier. La seule différence entre deux modèles sera donc l'autonomie du véhicule. "Les voitures sans permis sont majoritairement utilisées pour de petites distances et le marché devrait donc naturellement passer à l'électrique", termine Olivier Pelletier.

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