Adaptable fait du "re-neuf", comme aime à le dire son cofondateur Aurélien Pasquier, associé dans l’aventure à Béatrice Le Clanche. Tous deux sont des entrepreneurs rennais aguerris, lui fondateur du cabinet de conseil Scenarii et Stratégies, elle, dirigeante de la société de design d’espaces professionnels Awen. Ils ont fondé Adaptable début 2024, avec pour idée de récupérer les tables de bureau usagées dans les entreprises de la région, afin de les reconditionner. C’est-à-dire de les transformer en tables plus modernes et adaptées aux nouveaux modes de travail pour les revendre.
Allier nouveaux modes de travail et écologie
"Nous sommes partis du constat que plus de 3,21 millions de tonnes de mobiliers sont jetées chaque année en France (source Ademe, NDLR), explique Béatrice Le Clanche. J’aménage des espaces tertiaires depuis trente ans, et en tant que prescriptrice de mobilier, j’ai un problème de conscience à préconiser du mobilier neuf, alors que la planète fait face à la raréfaction de certaines ressources." Pourtant, les entreprises continuent de vouloir modifier leurs espaces de bureaux, car les modes de travail changent : finies les grosses unités centrales et écrans à tube cathodique qui nécessitaient de grands bureaux ; avènement de modes de travail hybrides et raréfaction du foncier obligeant à réaménager les mètres carrés, etc.
Fabricant de bureaux écoconçus
"Au mieux, les déchets de bureau sont recyclés, avec les pieds qui partent dans une filière métal et les plateaux dans une filière bois. Au pire, ils partent en déchetterie. Nous voulons développer l’upcycling, beaucoup moins gourmand en carbone", explique Aurélien Pasquier. Adaptable, entreprise à mission bientôt labellisée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale), se définit donc comme un fabricant de bureaux professionnels. "Notre spécificité, c’est que nos bureaux sont écoconçus car "upcyclés", nous les modifions pour le même usage", définit Aurélien Pasquier. Pour cela, Adaptable a signé des partenariats. D’abord, pour récupérer son gisement (les vieux bureaux), elle travaille avec des éco-organismes payés pour les récupérer localement et qui s’occupent de la logistique. Ils livrent les bureaux à l’ESAT (Etablissement ou services d’aide par le travail) Les Ateliers de La Mabilais, à Noyal-sur-Vilaine. Là-bas, une dizaine de salariés en menuiserie vont les reconditionner.
"L’objectif est de faire le moins d’actions possibles pour consommer le moins d’énergie. Nous ne les repeignons pas, par exemple", souligne Aurélien Pasquier. Les plateaux sont donc découpés (les anciens modèles, très grands, avaient souvent des angles de retour), les pieds nettoyés et refixés, puis l’ensemble peut être resurfacé. Pour les chutes, l’entreprise a des idées, qu’elle mettra en œuvre dans un second temps, en 2025, comme de fabriquer des tablettes, des rangements, etc.
Un modèle unique à dupliquer en France
"Pour que cela fonctionne, nos bureaux doivent être désirables pour les vendeurs de bureaux, et au même prix qu’un neuf". Un bureau Adaptable coûte donc 390 euros HT. "Notre objectif est de produire 1 000 bureaux cette année, pour atteindre 500 000 euros de chiffre d’affaires", indique Aurélien Pasquier. L’activité, qui rassemble une trentaine de personnes en direct ou indirect, pourrait être dupliquée à partir de 2027 dans d’autres régions, toujours avec des ESAT, pour répondre à la demande d’entreprises et de collectivités. En 2027, Adaptable vise 2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires.
