À Montauban (Tarn-et-Garonne), où il est basé, le groupe 3R Industries (83 salariés, CA : 20 M€) ouvre un nouveau chapitre d’une histoire écrite depuis 1976 par son fondateur Henri Rémy. Le groupe est un équipementier leader dans la conception, la fabrication et la distribution de machines à commandes numériques de tests de matériaux et de structures à destination des grands acteurs de l’industrie (aéronautique, génie civil, sciences des matériaux, énergie…). Il vient de passer sous le contrôle de la société de gestion Isatis Capital (lire par ailleurs), aux côtés de Bpifrance et d’un pool de 7 managers actionnaires, emmenés par Benjamin Bovo, ingénieur en mécanique de formation, présent depuis 2004 et promu directeur général, et Julien Manchon, directeur financier. À la fois cédant et investisseur, Jean-Baptiste Rémy, qui dirigeait le groupe depuis le départ à la retraite de son père en 2005, en conserve la présidence.
Origine France Garantie depuis 2012
Réunissant cinq sociétés (3R, RPP, RSP, USR et 3i), 3R industries conçoit intégralement ses machines avec l’appui de son bureau d’études, tout en assurant les prestations de montage, d’installation et de maintenance de son parc. Au fil des années, un pôle distribution et services a également été créé afin d’assister ses clients. Distinction notable : les équipements de 3R bénéficient du label Origine France Garantie depuis 2012. “Tous nos concurrents sont des revendeurs ou des agents de marques étrangères, appuie Benjamin Bovo. Nous, nous sommes concepteurs fabricants. Nous maîtrisons donc l’électronique, le software, la mécanique, et nous pouvons faire du sur-mesure.”
Le groupe se projette maintenant sur une nouvelle feuille de route dessinée pour les cinq prochaines années. “Nous voulons nous développer plus vite et mieux que les autres acteurs du marché”, synthétise le dirigeant. La priorité va être donnée à l’optimisation de son outil de production, afin de lui permettre de tenir la cadence d’une croissance raisonnée de son chiffre d’affaires de 10 % chaque année. “Recentrer notre gamme, travailler sur des produits innovants qui nous permettent de faire aussi bien en moins de temps, standardiser, faire migrer des systèmes automatisés vers des systèmes avec des logiciels… Le projet que nous sommes en train de dessiner se structure autour de ça”, poursuit-il. Fortement présent dans le génie civil, le groupe souhaiterait aussi poursuivre la diversification de ses activités dans la voirie (goudron, bitume…) et accélérer sur les solutions robotisées dans le génie industriel.
Développement à l’export
“Nous évoluons majoritairement sur un marché national parce que notre culture est de travailler directement avec le client final, ajoute le dirigeant. Mais nous allons lancer à partir de cet été une politique de développement à l’export, qui va nous permettre d’aller à la rencontre de professionnels qui revendent du matériel d’essai. Nous ciblons notamment l’Angleterre, le Danemark, la Turquie ou encore des pays d’Europe de l’Est. Notre gamme de machines est arrivée à maturité et nous avons la possibilité d’apporter une assistance technique en nous connectant à elles.” Jean-Baptiste Rémy, qui possède un gros réseau à l’international depuis son passage chez Thomson à Singapour à la fin des années 1980, sera amené à jouer le rôle d’ambassadeur du groupe à l’export. Pour appuyer son développement, 3R Industries recrute deux commerciaux et trois à quatre techniciens itinérants.
Une réserve de foncier à Caussade
Dans un deuxième temps, le groupe, qui dispose aujourd’hui d’une surface bâtie de 8 000 m2, n’exclut pas de construire un nouveau bâtiment sur son site de Caussade (Tarn-et-Garonne), où il possède une réserve de foncier. C’est ici qu’en septembre 2015, il avait repris l’entreprise Sem Automation pour créer sa filiale USR (Usinage et Soudure Rémy), spécialisée dans la fabrication de machines à bois et concessionnaire, depuis 2017, des machines à bois Uniforest. “D’autres opérations de croissance externe pourraient être envisagées à terme, confie par ailleurs Benjamin Bovo. Il existe des fondateurs d’entreprises industrielles familiales situées dans notre zone géographique qui souhaitent se désengager. Nous pourrions en bénéficier pour faire de l’intégration verticale, afin d’ajouter une brique technologique à notre offre globale ou d’accéder aux accréditations que telle ou telle entreprise aurait chez ses propres clients.”
Des pousseurs aux machines d’essais
Le chemin parcouru depuis 1976 est immense. À l’époque, Henri Rémy, de retour du Maroc où il était chimiste à l’OCP (office des phosphates) avait créé l’entreprise de négoce RPP (Rémy Paul Précontrainte), devenue agent exclusif français de la société allemande Paul Maschinenfabrik GmbH, leader mondial du matériel de précontrainte. Il conçoit alors aussi des machines, appelées “pousseurs”, permettant de dérouler et de couper les bobines d’acier. En 1987, avec son fils Jean-Baptiste, il lance 3R (Recherches et Réalisations Rémy), à l’origine spécialisée dans la fabrication de ces dérouleuses destinées aux usines de préfabrication, avant de s’orienter vers la fabrication de machines d’essais. En 2004, 3R commence à produire des machines d’essai universelles, destinées aux essais sur matériaux (métaux, composites, polymères…), pour des marchés aussi divers que l’aéronautique, l’automobile ou encore l’enseignement supérieur (matériels didactiques).
Benjamin Bovo prend la direction commerciale de ce département en 2014. “Nous avons développé des systèmes de pilotage électrique et électronique et du logiciel, rembobine-t-il. Aujourd’hui, cette activité représente à peu près les deux tiers de l’activité machine de laboratoire, là où, en 2010, elle faisait 0 %. Nous avons séduit des clients prestigieux comme Naval Group, Framatome, Bureau Veritas, Dekra ou encore ArcelorMittal.” Entretemps, en 2008, Jean-Baptiste Rémy crée 3i (Ingénierie et Innovation Industrielle), bureau d’étude spécialisé dans le secteur industriel, qui propose des services dans le domaine de la mécanique, l’électronique et l’informatique (12 personnes aujourd’hui), puis, en 2012, RSP (Rémy Schnell Production) qui vend des matériels pour l’armature et la préfabrication. Le cap est désormais mis sur une nouvelle aventure.
