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11 entreprises régionales avancent vers un contrat collectif d'achat d'électricité
Nouvelle-Aquitaine # Production et distribution d'énergie # Écosystème et Territoire

11 entreprises régionales avancent vers un contrat collectif d'achat d'électricité

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Onze entreprises de Nouvelle-Aquitaine se sont associées au Club des ETI et au Conseil régional pour imaginer un achat groupé d’électricité verte de gré à gré, dans le but de sécuriser leurs approvisionnements en énergie. Et d’éviter de voir flamber la facture. Elles espèrent aboutir sur un appel d’offres en septembre.

Les représentants des entreprises, du Club des ETI et de la région Nouvelle-Aquitaine lors de la signature en mai de la lettre d’intention pour la réalisation d’un groupement d’achat collectif d’électricité renouvelable — Photo : Région Nouvelle-Aquitaine

L’initiative est décrite comme "une première en France". 11 entreprises implantées en région Nouvelle-Aquitaine (Aqualande, Ceva Santé Animale, Avi Charente, Bernardaud, Delmon Group, Epsilon Composite, Garandeau, Hydrogène de France, Ridoret, Valade, Anett) se sont adossées au Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine et au Conseil régional pour imaginer un achat groupé d’électricité renouvelable de gré à gré avec un producteur local.

Contrer un "mur financier"

Le projet a pour origine la forte inflation énergétique. L’industriel de l’agroalimentaire Avi Charente (240 salariés, 63 M€ de CA), basé à Aytré (Charente-Maritime) et filiale du groupe Senoble, l’a subi au moment de renouveler ses contrats d’électricité et de gaz fin 2022.

"Notre facture d’électricité est passée de 700 000 euros en 2021 à 3,6 millions d’euros en 2023. En rajoutant le gaz, on a subi une augmentation de plus de 4 millions d’euros. Nous avons réussi à renégocier nos contrats mais nous cherchions une solution pour pérenniser notre fourniture en énergie et son prix", explique Jean-Christophe Pierrard, directeur général d’Avi Charente, qui fabrique environ 75 millions de desserts par an dans son usine de 11 000 m2.

Elle est entrée dans l'initiative par le biais de la région pour réfléchir à un type de contrat encore essentiellement cantonné aux grandes entreprises, pour des questions de volume d’achat et de complexités administratives et juridiques, "le groupement essuie les plâtres d’un outil qui n’est pas encore totalement adapté à leur taille".
"La France est globalement en retard sur le déploiement des PPA (Power Purchase Agreement), il n’existe pas de cadre réglementaire sur les pratiques des agrégateurs (intermédiaires entre le producteur et le marché) ni de couverture bancaire des risques pris sur ces contrats longs", abonde Grégoire Le Taillandier, délégué général du club des ETI.

Vers un appel d’offres commun

Les 11 entreprises possédant 5 fournisseurs différents, il a donc dû formaliser un cadre. Le groupement est donc en lien avec Bpifrance pour débloquer une couverture financière spécifique.

Il souhaite mettre en place un PPA adossé à une installation d’énergie renouvelable, solaire (solution privilégiée) ou éolienne, exploitée par un producteur d’électricité, avec qui la future entité formée par le collectif - qui ne s’est pas encore décidé sur sa forme juridique - passera ce contrat groupé.

Il choisira le site en Nouvelle-Aquitaine après avoir reçu les réponses d’un appel d’offres qu’il espère publier en septembre, après deux ans de travaux, pour une sélection en octobre. "Nous avons déjà réalisé un appel d’offres "à blanc" en 2023 pour tester l’intérêt des potentiels fournisseurs. Les réponses nous ont encouragé à poursuivre la démarche. Nous espérons signer le contrat final en fin d’année pour une livraison de l’énergie en janvier 2026", poursuit Grégoire Le Taillandier.

Fournir 25 % de la consommation

Ce projet a associé des chargés de mission du Conseil régional, le cabinet d’avocats LLC et la société de conseil en stratégie énergétique Greenbirdie, ainsi que plusieurs services (juridique et finance) des entreprises participantes dont Avi Charente, qui sera le quatrième plus gros bénéficiaire de ce contrat.

Il lui fournira annuellement 2,5 GWh sur les 10 GWh qu’il consomme chaque année. L’industriel espère faire des économies et levers quelques incertitudes, notamment concernant la fin de l’Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) et la nature du nouveau dispositif qui le remplacera.

Reste encore au groupement à structurer juridiquement cet été l’accord-cadre qui débouchera sur l’appel d’offres, mais l’objectif reste clair : produire 25 GWh par an pour alimenter environ 25 % de sa consommation. Si l’initiative est concluante, elle pourrait être dupliquée.

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